Publié le 19.08.19 - Temps de lecture : 4 minutes

Qualité de l’air intérieur, un enjeu majeur pour la qualité de vie

Alors que l’on cherche avant tout à diminuer les gaz à effets de serre et les micro-particules nocives à l’extérieur, prendre en compte la qualité de l’air intérieur (QAI) est aussi un enjeu fondamental de santé publique. Aujourd’hui, il est ainsi prouvé que les milieux clos (habitations, travail, lieux publics fermés, transports, etc.), où l’on passe 80 à 90 % du temps en moyenne, sont davantage pollués que les milieux ouverts, même s’ils sont aérés. Pour quelles raisons ? Et quelles sont les solutions et les initiatives pour améliorer l’air intérieur ?

Que représente la qualité de l’air intérieure ?

Une bonne qualité de l’air intérieur répond à deux critères simples : un taux suffisant d’oxygène régulièrement renouvelé, et l’absence, ou au moins un faible taux, de particules nocives pour la santé, à court et à long terme. Pourtant, dans la plupart des intérieurs privés ou publics, cette qualité optimale n’est pas encore atteinte. 

Les raisons d’un air intérieur médiocre

Nous savons désormais qu’il faut aérer les pièces au moins 10 minutes par jour, été comme hiver pour évacuer l’air vicié. Dans les habitations privées comme dans les lieux publics, l’air est en effet chargé en composés organiques volatiles et en particules. 

Les peintures sont les premières incriminées quant à leurs micro-particules et émanations toxiques (de toluène, xylène, trichloréthylène). Mais elles sont loin d’être les seules à créer des environnements malsains du sol au plafond. D’autant plus que ces émissions sont renouvelées et pérennisées par nos propres comportements ou installations : produits ménagers, sprays (désodorisants, produits de beauté, insecticides), bougies, tabac, chauffage au bois (cheminée à foyer ouvert), bricolage, meubles, ordinateurs, qui émettent des particules nocives. Autre polluant, mais indirect : l’humidité qui génère des moisissures, elles aussi mauvaises pour la santé. 

L’ADEME estime ainsi que l’air intérieur est 5 fois plus dégradé qu’à l’extérieur, puisqu’il contient une plus grande variété de particules chimiques et de poussières qui représentent un risque important de maladies. 

Comment agir pour améliorer la qualité de l’air intérieur ?

Pour améliorer la qualité de l’air intérieur, l’aération est le premier des gestes à effectuer quotidiennement. Il ne suffit pas à lui seul mais il permet de renouveler l’air, et ce, même en ville malgré la pollution extérieure. Une partie de l’aération doit aussi se faire de manière automatique avec la VMC (ventilation mécanique contrôlée) qui sert particulièrement aux pièces humides que sont la salle de bain et la cuisine, mais pas seulement. Les aérations doivent par ailleurs être régulièrement entretenues, nettoyées et vérifiées. 

S’agissant des travaux de rénovation, notamment des bâtiments accueillant du public, les choix doivent bien sûr se porter sur des matériaux moins nocifs. L’Ecolabel européen est un excellent marqueur pour cela, entre autres pour les peintures et leur taux de COV. Les industriels mettent également au point des produits « dépolluants » mais dont l’efficacité n’a pas encore été prouvée. Les plantes vertes peuvent, quant à elles, améliorer un peu la qualité de l’air, par un échange gazeux avec les composés volatiles, mais elles sont seulement complémentaires. 

L’entretien et le ménage des structures et des équipements publics (mairies, écoles, centres de loisirs, salles de spectacle, musée, etc.) peut aussi reposer sur des choix de produits moins nocifs. À la fois pour la santé des utilisateurs et pour celle des personnes effectuant ces tâches, lesquelles sont souvent les premières victimes des émanations de produits sanitaires. 

Les initiatives et plans d’actions en cours en France

Depuis 2013, la question de l’air intérieur dans les habitations et les lieux clos d’une manière générale, est un enjeu à la fois pour le ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, ainsi que pour le ministère des Affaires sociales et de la Santé. Cette même année, ils avaient conjointement lancé un « Plan d’actions sur la qualité de l’air intérieur ». Le principal engagement était avant tout la transmission de l’information à tous, habitants de maisons individuelles, d’appartements, collectivités, et utilisateurs des bâtiments publics et privés. 

En septembre 2015 a par ailleurs eu lieu la première journée nationale de la qualité de l’air, un événement reconduit depuis tous les ans. Le prochain aura lieu le 18 septembre 2019. Cette journée permet aux différents acteurs de se réunir et de s’informer sur les meilleures pratiques à mettre en œuvre. 

La loi Grenelle II a, de son côté, rendu obligatoire, dès le 1er juillet 2018, la surveillance de la qualité de l’air intérieur dans les établissements recevant un public sensible. Cela concerne notamment les crèches, les écoles maternelles et élémentaires. Les collèges et lycées seront soumis à ces règles dès le 1er janvier 2020. La surveillance se fait en deux temps, tous les 7 ans : 

  1. un diagnostic obligatoire des aérations des bâtiments concernés ; 
  2. une mesure des polluants par un organisme certifié OU la mise en place d’un plan d’action de la qualité de l’air intérieur, basé sur les recommandations du ministère de la Transition écologique et solidaire. 

En 2019, la loi Elan (évolution du logement, de l’aménagement et du numérique) entraînera par ailleurs, dans le code de la construction et de l’habitation, la prise en compte globale de la santé des occupants. La qualité de l’air intérieur en est bien sûr un des enjeux les plus importants. 

Fin 2019, le gouvernement lancera en outre un nouveau plan d’action, le 4ème plan national « Mon environnement, ma santé ». Lequel sera particulièrement attentif aux perturbateurs endocriniens présents, entre autres, dans l’air ambiant. 

Certains acteurs de l’immobilier ont déjà compris que la qualité de l’air était une préoccupation majeure de santé publique. Parmi eux, plusieurs groupes ont même déjà entrepris une démarche volontaire en vue de jouer un rôle en faveur d’un habitat plus sain, au service du bien-être de ses occupants. Il peut par exemple s’agir d’élaborer un protocole de suivi de la qualité de l’air intérieur des logements. L’objectif : améliorer la qualité de l’air intérieur des logements, en tenant compte dès la phase conception, des sources internes et externes de pollution, et des modalités ultérieures d’entretien et de maintenance.

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