Agences d'attractivité :deux jeunes touristes, plan de la ville en main.
Publié le 21.10.25 - Temps de lecture : 3 minutes

Agences d’attractivité : l’outil devenu incontournable pour les collectivités

En France, chaque territoire veut désormaisson agence d’attractivité. De l’emploi à la santé, du logement aumarketing territorial, ces structures sont devenues desleviers essentielspour les collectivités qui souhaitent séduire talents, habitants et investisseurs. Jalil Benabdillah, président du CNER, vice-président de l’agence AD’OCC et vice-président de la région Occitanie, chargé de l’économie, de l’emploi, de l’innovation et de la réindustrialisation décrypte ce mouvement. 

À RETENIR  

  • Les agences d’attractivité sont devenues des outils stratégiques pour les collectivités, permettant d’attirer habitants, talents et investisseurs face à une concurrence accrue entre territoires. 
  • Leur essor s’explique par la loi NOTRe de 2015, qui a redéfini les compétences économiques locales, puis par les crises successives (Covid, énergie, logement) qui ont renforcé le besoin d’intervention ciblée. 
  • Ces agences mènent des actions concrètes et variées : campagnes de retour au territoire, intégration de professionnels de santé, valorisation de marques territoriales, accompagnement résidentiel et économique. 
  • Le CNER fédère ces structures à l’échelle nationale, les accompagne et défend leur rôle stratégique, les considérant comme un investissement essentiel pour l’avenir des territoires. 

Pourquoi les agences d’attractivité se multiplient-elles partout en France depuis quelques années ?

Jalil Benabdillah : Parce que les territoires sont désormais en concurrence permanente. Pour attirer des entreprises, des habitants, des médecins ou des talents, il faut savoir se rendre lisible, visible, crédible. Or, les élus seuls ne peuvent plus tout porter. Ils ont besoin d’outils opérationnels.
Une agence d’attractivité, c’est justement ce bras armé, ce tiers de confiance capable de décliner une stratégie territoriale. Ce sont des structures souples, techniques, expertes, qui répondent à des besoins très concrets.  Comment accueillir une famille ? Comment encourager l’arrivée d’un médecin ? Comment accompagner une entreprise dans son implantation ?  Aujourd’hui, ces problématiques nécessitent des réponses professionnelles, sur-mesure, et les agences sont les mieux placées pour cela.
 

À quand remonte ce mouvement ? Est-ce un phénomène post-Covid ?

Jalil Benabdillah : Pas uniquement. Le mouvement a vraiment accéléré à partir de la loi NOTRe du 7 août 2015, qui a redéfini les rôles entre collectivités. Cette loi a confié aux régions la responsabilité du développement économique et rendu cette compétence obligatoire pour les intercommunalités. Du coup, les départements ont dû se repositionner, et beaucoup ont créé ou transformé des structures existantes pour répondre à ces nouvelles responsabilités. Ensuite, les crises successives Covid, énergie, inflation, logement ont ajouté de l’urgence. On a vu alors se créer des agences mixtes, fusionnant tourisme, économie, marketing territorial, santé ou résidentiel. Aujourd’hui, chaque collectivité cherche à avoir son agence d’attractivité pour répondre à ses enjeux propres. C’est devenu une quasi nécessité. 

Concrètement, quels types d’actions mènent ces agences sur le terrain ?

Jalil Benabdillah : Leur champ d’action est devenu très large. Certaines travaillent sur l’attractivité résidentielle, comme Attitude Manche qui a lancé une campagne pour inciter les jeunes partis étudier à revenir travailler dans leur département. D’autres facilitent l’intégration des talents, comme Laval Économie avec son “Welcome Pack” pour les nouveaux salariés. En santé, Be LC dans le Loir-et-Cher déploie une box d’accueil pour les médecins et organise des soirées avec les étudiants en médecine. Vaucluse Provence Attractivité a même lancé un programme complet d’installation de médecins avec l’agence régionale de santé. À cela s’ajoute l’attractivité touristique, qui glisse de plus en plus vers une logique résidentielle. Enfin, beaucoup valorisent la marque territoriale, comme Moselle Attractivité avec son réseau d’ambassadeurs. Ces exemples montrent une grande diversité, mais un objectif commun : rendre un territoire désirable et accessible. 


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Toutes ces agences sont-elles efficaces ? Ou bien y a-t-il des écarts de performance ?

Jalil Benabdillah : Évidemment, il existe des différences. On ne peut pas comparer une agence régionale avec 25 millions d’euros de budget et 185 collaborateurs, comme celle d’Occitanie, avec une petite structure intercommunale. Mais ce qui compte, c’est la cohérence avec les moyens du territoire. Une petite agence peut être très agile et efficace si elle est bien organisée. Ce qui est certain, c’est qu’elles sont devenues indispensables. Elles répondent à des besoins très concrets : trouver un logement, accompagner l’emploi du conjoint, faciliter un parcours santé, mobiliser des acteurs économiques. Certaines vont jusqu’à organiser la scolarisation des enfants ou les démarches administratives pour les familles qui arrivent. Elles travaillent en mode “guichet unique”, en lien direct avec les maires, les préfets, les investisseurs. On ne passe plus d’abord par un élu : on passe par l’agence. 

Quel est le rôle du CNER dans cette galaxie d’agences ? 

Jalil Benabdillah : Le CNER, que je préside depuis mars dernier, est la fédération nationale des agences d’attractivité, de développement et d’innovation. Nous avons 73 ans d’existence.
Notre rôle, c’est d’accompagner, former, structurer et représenter l’ensemble du réseau. Et nous portons aussi un message fort auprès des pouvoirs publics: ne coupez pas dans ces structures sous prétexte qu’elles sont discrètes. Ce serait une erreur stratégique. Comme en entreprise, quand on traverse une crise, ce n’est pas le moment de couper dans le marketing, dans l’innovation ou l’international. C’est pareil pour les territoires. Les agences sont un investissement d’avenir.
 

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