Un guide pour aider les collectivités à s’adapter au changement climatique

Face à la multiplication des canicules, des inondations et des épisodes de sécheresse, l’adaptation au changement climatique n’est plus une option, mais une nécessité pour les territoires. Comment passer à l’action ?

C’est autour de cet enjeu qu’est né le « Guide de l’adaptation au changement climatique », conçu par les Ateliers de l’Adaptation au Changement Climatique (AdACC). A la fois pédagogique et concret, cet ouvrage vise à aider les acteurs territoriaux à comprendre les enjeux de l’adaptation et à les mettre en capacité de prendre pas à pas des mesures concrètes.

Pensé comme un outil de sensibilisation et de mobilisation, le guide propose une approche simple, illustrée et collective. Il invite notamment les collectivités à identifier leurs vulnérabilités, à éviter les erreurs de « mal-adaptation » et à rechercher les co-bénéfices en matière de gestion de l’eau, d’urbanisme, d’espaces verts, de santé, d’énergie, de mobilités… L’adaptation est non seulement un sujet scientifique, technique, mais aussi un sujet social et politique, qui doit être pensé et construit collectivement. En favorisant le dialogue entre services, élus et habitants, comment cet ouvrage peut-il permettre de bâtir des territoires plus résilients ? A quel point est-il urgent de commencer à agir ?

La nécessité de s’adapter au changement climatique

Selon le volet Environnement du sondage « Ma commune, mon maire et moi« , réalisé par Odoxa en septembre dernier, 3 Français sur 10 seraient prêts à déménager pour fuir les impacts du changement climatique, quand 73% déclarent ne pas faire confiance aux élus nationaux pour engager les changements qui s’imposent.

De fait, les collectivités sont en première ligne pour agir face aux conséquences de la crise environnementale majeure que nous traversons, non seulement parce qu’elles doivent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, mais surtout parce qu’elles doivent adapter leurs territoires pour protéger leurs administrés des impacts physiques du changement climatique.

Pour enfoncer le clou, en mars 2025, le PNACC 3, (Plan national d’adaptation au changement climatique), insistait sur la nécessité de créer une culture commune du risque dans tous les pans de la société pour créer un « réflexe adaptation », et notamment à l’échelon communal.

« Par ailleurs, les collectivités doivent intégrer la TRACC (Trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique) dans leurs documents de planification avant 2030, ce qui les contraint encore un peu plus à l’action » explique Juliette Nouel, créatrice des Ateliers de l’adaptation au changement climatique et co-autrice du guide.

Pour autant, les élus et les acteurs territoriaux manquent encore trop souvent de repères pour pouvoir agir efficacement.

Une boussole pour guider l’action des collectivités

 Pour leur apporter une aide concrète, le guide a été pensé pour être un support méthodologique qui explique la marche à suivre pas à pas. L’objectif est de leur fournir les bons outils de réflexion, afin qu’elles ne fassent pas de la mal-adaptation, aggravant ainsi le problème sans le résoudre.

Pour être sûr de prendre des mesures efficaces, il faut en effet commencer par s’assurer qu’elles ne vont pas être néfastes pour le climat et l’environnement, et qu’elles sont justes et équitables pour les administrés. Pour guider les collectivités dans cette direction, l’ouvrage est constitué de quatre parties qui permettent d’identifier les leviers et de réduire le risque, d’évaluer les mesures avant de les mettre en place, de rechercher les co-bénéfices et de décider collectivement.

À lire aussi

• Climat : les maires face aux difficultés d’assurance des collectivités locales
• Ces villes qui anticipent le changement climatique grâce aux données satellites

Lever les freins à l’adaptation

A Narbonne, la municipalité a établi un Plan Climat avec un axe dédié à l’adaptation, incluant la préservation des zones humides et l’adaptation des usages de l’eau pour faire face aux épisodes de sécheresse. A Cahors, les risques d’inondations ont été limités en orientant l’urbanisation hors des zones à risques.

Pour parvenir à ces résultats, l’un des principaux freins à lever est celui de l’acceptabilité des mesures par les administrés. C’est pour cette raison que le guide a également été conçu pour être un outil de sensibilisation accessible et ludique à destination du grand public. « Nous avons fait une série de webinaires sur les solutions d’adaptation fondées sur la nature ou nous demandions à des collectivités de témoigner des actions qui avaient été mises en place. Sur 14 intervenants, 13 ont répondu que le premier blocage était le facteur humain. Il faut pouvoir expliquer et convaincre.  » précise Juliette Nouel.

Pour contourner cet écueil, la participation citoyenne est indispensable. La décision d’une mesure d’adaptation doit recevoir l’adhésion de tous les habitants, et plus largement de toutes les parties prenantes, pour pouvoir être mise en œuvre efficacement. Le premier levier à actionner est donc celui de la pédagogie et de la concertation.

Pour aller dans cette direction, un atelier, complémentaire au guide, permet de réfléchir collectivement aux meilleurs choix possibles. L’objectif est de travailler sur l’exposition et la vulnérabilité, en prenant un enjeu propre à une collectivité et en y appliquant un cas pratique pour définir une stratégie d’adaptation.

Le guide contient toutes les clés pour commencer à s’adapter au changement climatique. « Le coût de l’action sera toujours moindre que le celui de l’inaction. Pour 1 euro investi, c’est 8 euros de dommages évités. » conclut Juliette Nouel. A l’approche des élections municipales, protéger les administrés devrait faire consensus.