
La Défense comme vous ne l’avez jamais lue (ni vue)
Tour à tour lieu de pouvoir, décor de fiction et territoire d’innovation sociale, le quartier de La Défense inspire autant qu’il intrigue. Quatre œuvres film, livre, podcast, article proposent d’explorer ses multiples visages.
À RETENIR
- L’Inconnu de la Grande Arche retrace la genèse tourmentée de la Grande Arche de La Défense, entre ambition architecturale et pressions politiques, à travers le destin de son architecte danois.
- La Cathédrale des Ombres met en scène une enquête policière au cœur de La Défense, révélant les fractures sociales et les zones d’ombre d’un quartier symbole du pouvoir économique.
- Le podcast du Journal du Grand Paris propose une réflexion sur l’avenir du quartier.
- La Salle à Manger incarne un projet de restauration solidaire et inclusif au sein de La Défense, mêlant mixité sociale, accompagnement vers l’emploi et réponse aux inégalités.
L’Inconnu de la Grande Arche : dans les coulisses d’un monument politique
Au cinéma depuis le mois de novembre, le film de Stéphane Demoustier s’empare d’une histoire méconnue mais fondatrice : celle de la construction de la Grande Arche, au cœur du quartier de La Défense, sous l’impulsion de François Mitterrand en 1983. Adapté du roman éponyme de Laurence Cossé, le film raconte la trajectoire de Johan Otto von Spreckelsen, architecte danois inconnu en France, qui remporte le concours international d’architecture lancé par l’Élysée. Du jour au lendemain, le voilà propulsé à la tête d’un chantier titanesque. Mais très vite, l’idéal s’effondre. D’un côté, l’ambition esthétique. De l’autre, la réalité politique, les contraintes techniques, les jeux d’influence. Le film réunit Claes Bang, dans le rôle de l’architecte, Xavier Dolan, Swann Arlaud et Sidse Babett Knudsen célèbre notamment pour son rôle de Birgitte Nyborg dans la série Borgen.
La Cathédrale des Ombres : deux mondes, une enquête
Sous la dalle monumentale de La Défense, il y a deux mondes. En surface, les tours des grandes entreprises affichent puissance et certitudes. En dessous, un réseau invisible, presque souterrain, où se joue une autre réalité : celle des oubliés de la modernité. C’est entre ces deux strates qu’évolue la commissaire Murat, héroïne du livre de Marie-Célie Guillaume, ancienne directrice de l’aménagement du quartier. Tout commence lorsqu’un proche de l’Élysée, aux relations troubles avec Moscou, est retrouvé pendu sous la dalle. Suicide ? La jeune commissaire n’y croit pas. L’enquête la mène à gratter le vernis du pouvoir, jusqu’à risquer de mettre au jour un scandale d’État. Fiction haletante, La Cathédrale des Ombres fait de La Défense un décor de thriller politique où se joue la lutte entre ombre et lumière, richesse et abandon, façade et secret. Le quartier devient le théâtre d’une tension sociale et symbolique, au cœur même de l’appareil d’État.
À lire aussi
- Le renouveau de La Défense : oui mais comment ?
- La Salle à Manger : un restaurant solidaire au cœur de La Défense
Podcast du Journal du Grand Paris : repenser le modèle de La Défense
Dans le tout nouveau podcast du Journal du Grand Paris, Pierre-Yves Guice, directeur général de Paris La Défense, revient sur les grands défis à venir. Modèle économique à bout de souffle, urgence écologique, réinvention des usages : les chantiers ne manquent pas. « Ce qu’il faut faire maintenant, c’est arrêter de faire des études. Les grandes directions, on les connaît. Il faut passer aux choses concrètes », martèle le dirigeant, renouvelé récemment dans ses fonctions. Il y détaille les enjeux de financement, les limites du modèle fondé sur la vente de droits à construire, et défend une stratégie d’adaptation : valoriser le « déjà-là », reconvertir, verdir, et surtout transformer La Défense en un quartier vivant et mixte, loin de l’image d’un centre d’affaires figé. Un entretien dense et instructif, qui donne à entendre la complexité de la gestion de ce territoire exceptionnel de 200 000 salariés, 50 000 habitants et 70 000 étudiants.
À La Défense, un restaurant pas comme les autres
Au pied des tours de La Défense, La Salle à Manger n’est pas un restaurant comme les autres. Ouvert en 2021, il accueille chaque jour salariés du quartier et personnes en grande précarité, réunis autour d’une cuisine maison, simple et accessible. Ici, le menu est à 12 ou 15 euros pour les uns, à seulement 1 euro pour les autres grâce à un partenariat avec les associations locales. Imaginé par Antoine De Tilly, directeur de la Maison de l’Amitié, le projet répond à un vide criant : le manque d’espaces de restauration inclusifs pour les personnes isolées, alors même que beaucoup d’initiatives sociales ferment à l’heure du déjeuner. Soutenue par le diocèse de Nanterre et animée par une équipe de professionnels et de bénévoles, La Salle à Manger mise sur la mixité sociale et la rencontre. Le lieu est aussi un atelier chantier d’insertion (ACI) : il accompagne des personnes éloignées de l’emploi vers une reprise d’activité, en les formant aux métiers de la restauration.



