Hauts-de-France : vue du port de À Dunkerque, où le groupe Verkor a ouvert une gigafactory de 16 GWh.
Publié le 05.05.25 - Temps de lecture : 3 minutes

Logement, mobilités, emploi : que vont changer les gigafactories dans les Hauts-de France ?

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Les Hauts-de-France sont en train de devenir un hub stratégique de la transition énergétique avec l’implantation de plusieurs gigafactories dédiées à la production de batteries pour véhicules électriques. Explications d’un bouleversement pour le territoire.

Près de Lens, sur le site de Douvrin, ACC (Automotive Cells Company) a ouvert une méga-usine en 2023, afin de produire des batteries lithium-ion pour véhicules électriques. À Douai, AESC (Automotive Energy Supply Corporation) va fabriquer des batteries pour le compte de Renault afin d’équiper 400 000 véhicules par an, avec une capacité de production qui atteindra 24 GWh d’ici 2030. À Dunkerque, le groupe Verkor a ouvert une gigafactory de 16 GWh, qui passera à 50 GWh en 2030, dédiée aux batteries bas-carbone, avec une production attendue d’un million d’unités à la fin de la décennie. Toujours à Dunkerque, l’entreprise Taïwanaise ProLogium va fabriquer des batteries pour 500 000 à 700 000 véhicules par an.

Après le déclin de l’industrie lourde dans les années 80, ces projets marquent une étape importante dans la réindustrialisation de la région. Peuvent-ils redessiner l’avenir économique et écologique de la région, et plus largement celui de la France ? Quels sont les gains attendus ? Que nous apprennent-ils des bonnes pratiques en matière de relocalisation ?

Une région propice à l’implantation des gigafactories

Afin de renforcer la souveraineté nationale et de répondre à l’urgence climatique, les Hauts-de-France ambitionnent de devenir la « vallée européenne de la batterie », en étant capable de couvrir l’ensemble de la chaîne de valeur de ce type d’équipement, depuis la production jusqu’au recyclage. L’objectif est à la fois de répondre à l’augmentation de la demande en véhicules électriques et de positionner la France comme un acteur incontournable sur ce marché.

Et la région coche toutes les cases pour y parvenir. En effet, les Hauts de France bénéficient d’un solide ancrage industriel dans le secteur de l’automobile, avec la présence historique de Renault, Stellantis et Toyota, ainsi que de 550 fournisseurs, sous-traitants et prestataires.  Au total, 700 000 véhicules sont fabriqués tous les ans dans la région. C’est un atout pour faciliter la reconversion industrielle des équipements, des outils et des compétences vers l’électromobilité.

La petite ville de Bourbourg, près de Dunkerque, vit une profonde transformation avec l’arrivée des gigafactories de batteries électriques Verkor et ProLogium. La commune mise sur la réhabilitation des friches industrielles pour construire rapidement des centaines de nouveaux logements, anticipant l’arrivée de 1 500 à 2 000 habitants d’ici 2026.

Pour cela, des terrains occupés par l’entreprise Vaesken seront convertis en appartements, commerces, espaces de coworking et services à la personne. Face au défi de la zéro artificialisation nette, la commune privilégie la reconversion urbaine pour préserver ses terres agricoles.

Les nouvelles gigafactories devraient générer plus de 5 000 emplois d’ici à 2030, obligeant les collectivités à repenser les transports, notamment par la création de lignes de bus à haute fréquence sans parking dédié aux usines. L’objectif est d’éviter les bouchons et favoriser les mobilités douces, avec des aménagements cyclables et des parkings relais près des gares.

La communauté urbaine, prévoit la création de 12 000 logements dans les dix prochaines années pour accueillir les nouveaux salariés dans la région dunkerquoise. Enfin, l’attractivité du territoire est un enjeu central : Bourbourg développe ses espaces verts et ses équipements sportifs et commerciaux pour convaincre les travailleurs de s’installer durablement.

Par ailleurs, la région bénéficie d’une position géographique centrale. Véritable barycentre européen logistique, elle est située au carrefour des principaux marchés automobiles, notamment ceux de l’Allemagne, du Royaume-Uni, et du Benelux, ce qui réduit les coûts logistiques et favorise l’exportation.

Enfin, la Vallée de la batterie s’appuie sur 3 000 hectares de foncier disponible, l’accès à une énergie décarbonée conforme aux exigences européennes en matière d’industrie verte grâce à la centrale nucléaire de Gravelines, ainsi que des politiques incitatives et des subventions massives. Tous ces facteurs sont déterminants pour attirer les entreprises et multiplier les implantations industrielles.


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Un laboratoire de la réindustrialisation

Preuve que la formule marche, les investissements cumulés dépassent déjà 15 milliards d’euros, et la région vise les 17 milliards d’euros. Pour répondre aux besoins en personnels, la Vallée de la batterie prévoit de former des milliers de personnes, avec un programme doté de 25 millions d’euros pour adapter la main-d’œuvre aux besoins industriels. L’objectif est de créer 20 000 emplois directs et 60 000 emplois indirects à l’horizon 2030.

Un cran plus loin, la vision des Hauts-de-France est de pouvoir constituer une filière industrielle de la batterie complète, indépendante et autonome, et donc entièrement souveraine. À ce titre, l’implantation des premières gigafactories a créé un mouvement d’entraînement, attirant d’autres acteurs et sous-traitants. Cette concentration d’entreprises dynamiques favorise l’innovation et la mutualisation des compétences.

À long terme, le succès de la Vallée de la batterie pourrait servir de laboratoire à une économie circulaire industrialisée, combinant production locale, recyclage et énergie décarbonée. En attendant, les Hauts de France sont déjà devenus un hub de référence pour la mobilité électrique.

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