
Pour faciliter l’accès à l’assurance habitation, les collectivités proposent leurs propres couvertures à prix négociés

Pour que chaque habitant d’un territoire puisse profiter d’une assurance habitation fiable et efficace en cas de sinistre, les collectivités innovent avec des protections plus abordables, qui bénéficient de garanties solides.
À RETENIR
- Face à la hausse des tarifs des assurances habitation privées (+7 à 10 % par an depuis 2023), les collectivités proposent des contrats négociés, jusqu’à 30 % moins chers, pour protéger les ménages modestes.
- Ces assurances incluent des garanties étendues (vol, dégâts des eaux, responsabilité civile, etc.) et des services d’assistance 24h/24, avec des démarches simplifiées pour faciliter l’adhésion.
- Les collectivités ne vendent pas les contrats mais sélectionnent, via appels d’offres, des assureurs partenaires pour proposer des offres adaptées aux besoins locaux.
- Plus d’une vingtaine de collectivités, dont Paris, Lille ou Grenoble, ont déjà mis en place ces dispositifs, qui visent à renforcer l’inclusion, la sécurité et la solidarité territoriale.
Depuis 2023, les tarifs proposés par les assureurs privés pour souscrire à une assurance multirisque habitation (MRH) connaissent une augmentation comprise entre 7 à 10% par an.
Afin d’offrir une protection aux personnes disposant de revenus modestes ou modérés, un nombre croissant de collectivités permettent à leurs administrés, essentiellement des locataires, de s’assurer à moindre frais, avec des prix avantageux obtenus grâce à la mutualisation des contrats et à la négociation à grande échelle avec les assureurs. Ces dispositifs, qui ont pour objectif d’éviter les situations de non-assurance ou de garantie insuffisante, soulèvent toutefois des questions… Quelles sont les limites de l’intervention des collectivités dans un marché privé ? Comment ces couvertures fonctionnent-elles ? Les protections proposées sont-elles efficaces ?
Ville et assurance habitation : le duo gagnant ?
En négociant des contrats collectifs ou en lançant des dispositifs permettant aux habitants de s’assurer à tarifs préférentiels, les collectivités interviennent directement pour faciliter l’accès à l’assurance et prévenir les sinistres non ou mal couverts. Les offres proposées bénéficient de prix jusqu’à 30% moins élevés que les contrats classiques, sans frais supplémentaires et sans mauvaises surprises. « Les garanties mises en place avec les collectivités sont complètes et couvrantes. Elles regroupent le vol, le dégât des eaux, le vandalisme, la responsabilité civile, l’indemnisation au neuf. De notre côté, nous avons rajouté le bris de glace, et la perte de congélateur en cas de dommage électrique. » explique Benjamin Haddad, directeur IARD du groupe mutualiste Vyv, premier acteur de protection sociale et de santé mutualiste en France avec plus de 10 millions d’adhérents.
Par ailleurs, ces offres incluent des services d’assistance disponibles 24h/24, afin d’accompagner les assurés lorsqu’un dépannage en urgence, un relogement temporaire, ou une aide administrative est nécessaire. En outre, pour faciliter les adhésions, les démarches sont simplifiées par l’absence de frais de dossier et de justificatifs à fournir, la possibilité de souscrire en ligne et la résiliation automatique de l’ancien contrat.
En raison de ces nombreux avantages, ce modèle est en train de gagner du terrain partout en France.
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Pour autant, les collectivités ne se substituent pas aux assureurs. En réalité, elles ne font que nouer un partenariat avec un acteur référent du secteur, sans vendre directement de contrats, mais en négociant les offres et les niveaux de garantie. » Les collectivités commencent par lancer un appel à manifestation d’intérêt, c’est-à-dire un appel d’offres, qui est cadré par un cahier des charges. Elles désignent ensuite un intermédiaire qui va les orienter vers la compagnie d’assurance qui répondra le mieux à leurs besoins » précise Benjamin Haddad.
Actuellement, ce sont près de 27 collectivités qui étudient la mise en place de leurs propres assurances habitation, mais de nombreuses autres ont déjà franchi le pas. A Montreuil, la municipalité s’est associée à MFA (Mutuelle Fraternelle d’Assurance) pour mettre à disposition des administrés un contrat qui combine assurance habitation, auto, et scolaire, avec un rabais de 10% sur la cotisation.
A Paris, c’est VYV conseil qui a été choisi pour proposer une assurance habitation 20 à 30% moins chère aux locataires modestes et à certaines familles de la classe moyenne, du parc privé et du parc social. C’est également le cas à Grenoble, avec une assurance multirisques habitation à un tarif préférentiel, accessible à tous les locataires du territoire sous conditions de ressources, ainsi qu’à Lille, avec une couverture à prix modéré et franchise unique. A Créteil, l’offre proposée par la mairie, en cours de déploiement, ciblera les foyers modestes et sera jusqu’à -30% moins onéreuse.
Pour bénéficier de ces offres, il ne faut pas dépasser un certain niveau de revenus, mais le seuil a été fixé pour que tous ceux qui en ont besoin puissent en profiter.
Le développement des assurances habitation municipales vise à répondre aux besoins croissants de protection face à un environnement de plus en plus risqué, complexe et coûteux. Pour les collectivités, c’est le moyen le plus efficace pour améliorer la sécurité des habitants et alléger la pression budgétaire qui pèse sur les familles, tout en renforçant la solidarité à l’échelle locale. Pour ces deux raisons, tout indique que ce modèle va s’étendre.