
Les nouveaux leviers de l’attractivité territoriale
Requalification des zones économiques, nouveaux lieux de vie, actions en faveur de l’environnement : pour séduire habitants, entreprises ou visiteurs, les collectivités misent sur des stratégies d’attractivité territoriale qui conjuguent économie, écologie, cadre de vie et loisirs.
À RETENIR
- Les collectivités développent des stratégies d’attractivité territoriale intégrant économie, écologie, cadre de vie et services de proximité pour attirer habitants, entreprises et visiteurs.
- Les halles gourmandes, lieux hybrides mêlant restauration, culture et activités sociales, connaissent un essor rapide et contribuent à la revitalisation des centres urbains, comme à Saint-Ouen avec La Communale.
- Les nouvelles zones d’activités, écoresponsables et centrées sur la qualité de vie au travail, séduisent les entreprises en quête de cohérence avec leurs engagements RSE, à l’image de la ZAC Axioparc ou du parc du pays de Meaux.
- L’attractivité économique, comme en Île-de-France ou à Marseille avec Euroméditerranée, repose sur l’innovation, la transition durable et l’aménagement urbain pour renforcer l’emploi et le dynamisme local.
Dans un contexte de compétition accrue entre les territoires, l’attractivité est devenue un facteur décisif pour stimuler l’implantation d’entreprises et la création d’emplois à l’échelon local, mais aussi pour attirer de nouveaux résidents. Et les Français ont un avis bien tranché en la matière.
Alors que le 10e baromètre du centre-ville et des commerces, réalisé par le CSA et Cityz Media en vue des prochaines législatives, indique que la fréquentation des centres-villes est en léger recul au niveau national, ils sont 66%, toujours selon ce même sondage, à solliciter les services et les commerces de proximité, ainsi que les animations culturelles. Dès lors, quels sont aujourd’hui les ingrédients d’une stratégie d’attractivité territoriale réussie ? Comment redynamiser efficacement les villes et les territoires ? Quelles sont les formules qui fonctionnent ? Voici le best off des initiatives qui produisent les meilleurs résultats.
L’innovation comme moteur de l’attractivité territoriale
Proposition novatrice, les halles gourmandes se multiplient partout en France, que ce soit dans les métropoles, les banlieues, ou les villes moyennes…. Portées par un modèle mixte entre marché et restaurant, leur nombre a été multiplié par 10 en moins de 10 ans.
A l’ouest de Toulouse, les Halles de la Cartoucherie sont devenues un véritable pôle d’attractivité en proposant cuisines du monde et produits régionaux, mais aussi concerts, expositions, activités sportives, formations, espaces de coworking. En périphérie de Clermont-Ferrand, les Halles du Brézet, conçues sur le même modèle, sont victimes de leur succès et une deuxième halle va être ouverte. A Montpellier, ce ne sont pas moins de 4 halles gourmandes qui ont vu le jour ces 4 dernières années.
En région parisienne, à Saint-Ouen, la Communale est la plus grande halle gourmande d’Europe avec une superficie de 7 500 m2. Ouverte en janvier 2024, on peut y trouver un marché, avec 10 étals de produits frais, 8 kiosques gourmands pour déguster de la cuisine locale et internationale, des bars où l’on peut boire une bière brassée sur place, mais aussi une cuisine partagée, une salle de spectacle, des cours de yoga et de fitness ou encore une offre multimédia comprenant un studio de production et une radio en ligne. Ce sont déjà plus d’1,5 millions de visiteurs qui sont venues profiter de cette offre éclectique.
Pour les collectivités, ces lieux hybrides participent pleinement à la revitalisation urbaine en attirant un public varié, que ce soit des familles qui partagent un repas, des amis qui prennent un verre après une journée de travail, ou un couple de jeunes actifs venus acheter des produits frais. Toutes les populations peuvent s’y croiser, s’y rencontrer et échanger.
Autre levier d’attractivité territoriale, les « zones d’activités nouvelle génération » permettent d’attirer des entreprises qui veulent aligner leurs enjeux RSE avec leur lieu d’implantation. Ces nouveaux sites, conçus à partir des anciennes zones d’activité économique, intègrent des infrastructures décarbonées, des espaces végétalisés, des énergies renouvelables, et des services mutualisés afin de conjuguer qualité de vie au travail et protection de l’environnement.
A Drusenheim, en Alsace, la ZAC Axioparc, dédiée à l’accueil d’activités artisanales, logistiques et tertiaires, offre, sur 78 hectares, un cadre de travail pourvu de nombreux espaces verts, des parcelles mutables adaptées aux besoins des entreprises et des espaces publics qui permettent aux salariés de se détendre. A Marne-la-Vallée, le parc d’activité du pays de Meaux propose un environnement renaturé, des services mutualisés pour les salariés, des prestations de qualité, tout en ayant été pensé avec une densité supérieure à la moyenne pour limiter l’empreinte au sol.
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L’attractivité économique renforce l’attractivité territoriale
La capacité d’un territoire à être un leader sur les enjeux d’avenir fait également partie de son pouvoir de séduction. Plus grand bassin de compétences de l’UE pour la recherche et l’innovation, l’Île-de-France a réussi à demeurer la région la plus attractive d’Europe grâce à une politique favorable aux champions du numérique et aux acteurs financiers. En étant un territoire accueillant pour les start-ups spécialisées dans l’IA, l’informatique quantique, la biomédecine ou encore le New Space, elle concentre près de 80% des levées de fonds en France. Avec un pouvoir d’attraction sans commune mesure pour les entreprises et les investisseurs, elle bénéficie d’un dynamisme économique hors du commun, qui en ferait, si elle était un État, le 6ème PIB de la zone euro. « En 2024, la région a attiré 370 nouveaux projets d’investissements directs internationaux (IDI), créant 8 170 emplois malgré une contraction mondiale des flux d’IDI de 8 %. » témoigne Alexandra Dublanche, vice-présidente chargée du développement économique, de l’attractivité économique et de l’innovation en Europe à la région Île-de-France
Autre exemple à Marseille ou Euroméditerranée, le plus grand projet de rénovation urbaine d’Europe du Sud, considéré comme un laboratoire à ciel ouvert de la ville durable et inclusive, s’est imposé comme un puissant levier de redynamisation. En réaménageant la façade arrière portuaire, ce chantier, entamé il y a 30 ans, a permis à la ville de reconquérir des espaces qui étaient en déshérence afin de construire 756 000 m² de bureaux destinés aux entreprises des secteurs logistique, banques, assurances, immobilier et numérique, de créer environ 10 000 logements, et d’en rénover plus de 5 000, sur d’anciens sites industriels mais aussi dans le tissu urbain existant. « Au-delà de l’aménagement, l’objectif initial était aussi économique. Nous sommes désormais le troisième pôle tertiaire français, derrière Paris La Défense et Lyon Part Dieu. » explique Aurélie Cousi, directrice de l’Établissement Public d’Aménagement Euroméditerranée
Pour toutes les collectivités, l’attractivité territoriale est devenue un enjeu prédominant qui permet d’innover et de réinventer les propositions. A tel point que c’est aujourd’hui un vecteur important de la transformation urbaine, à la fois pour rendre la ville plus écologique, pour redynamiser l’économie et l’emploi, mais également pour retisser du lien social et de la solidarité.