A l'heure du changement climatique, des municipalités comme Châteauroux et Alfortville réinventent la mobilité en ville.
Publié le 03.06.25 - Temps de lecture : 3 minutes

Quand les villes moyennes innovent dans les nouvelles mobilités

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A l’heure du changement climatique, un nombre croissant de municipalités réinventent la façon de se déplacer en ville, devenant ainsi les laboratoires des mobilités de demain. C’est notamment le cas de Châteauroux et d’Alfortville. Explications.

À RETENIR 

  • Châteauroux accueillera en 2026 le projet Mach2, première flotte européenne de navettes électriques autonomes, gratuite et sans émissions, destinée à compléter l’offre de transport local. 
  • Ce service flexible, supervisé à distance, permettra de desservir des zones peu peuplées et de s’ajuster à la demande en temps réel, renforçant ainsi l’accessibilité territoriale. 
  • À Alfortville, un projet de navettes fluviales sur la Seine reliera l’est à l’ouest de Paris via 11 étapes, visant à conjuguer mobilité durable et attractivité touristique. 
  • Ces projets s’inscrivent dans une dynamique nationale, avec plus de 300 initiatives recensées par France Mobilités pour favoriser des déplacements écologiques et innovants. 

Embouteillages, saturation de l’espace public, pollution sonore, émissions de CO2 à grande échelle… Alors que la mobilité urbaine, qui repose encore largement sur le véhicule thermique, doit évoluer pour devenir apaisée et décarbonée, les villes moyennes prennent les devants pour faire bouger les lignes. A Châteauroux, la municipalité mise sur l’automatisation pour offrir des alternatives à l’automobile et enrichir son offre de transports publics. A Alfortville, c’est le potentiel oublié du transport fluvial qui va être réactivé pour proposer des trajets qui conjuguent sobriété énergétique et qualité de vie. Ces initiatives s’inscrivent dans un mouvement global, où les collectivités locales deviennent actrices de l’innovation territoriale dans le but de faire émerger de nouvelles formes de mobilités agiles et bas carbone.  

Un service de transport automatisé unique en son genre 

Ce sera une première en France, ainsi qu’en Europe. Porté par un consortium qui regroupe Alstom, EasyMile, Equans, Keolis, Renault Group et StatInf, soutenu par le Ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires ainsi que par Bpifrance dans le cadre du plan France 2030, le projet Mach2 prévoit la mise en circulation d’une flotte de six navettes entièrement autonomes dès 2026 à Châteauroux. 

Gratuits et non polluants, ces minibus électriques de la gamme Renault, longs de six mètres, ont été pensés pour compléter le réseau de transport existant. Chacun d’entre eux pourra embarquer une dizaine de passagers pour des trajets qui partiront de la gare et qui rejoindront le centre aquatique Balsan’éo, en desservant au passage le centre-ville. 

Cette solution flexible, sans personnel à bord mais supervisée à distance par un agent, permettra de répondre plus efficacement aux besoins des usagers, en augmentant l’offre de transports lorsque la demande est plus forte. Peu coûteuse, elle pourra être déployée dans des zones faiblement peuplées, ce qui garantira une couverture plus fine du territoire.  

Châteauroux n’a pas été choisie par hasard. L’agglomération avait en effet accueilli les phases de tests, étape indispensable pour garantir que Mach2 puisse répondre aux attentes de sécurité, d’acceptabilité et de gestion en circulation mixte. 


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Les nouvelles mobilités investissent la Seine 

Autre projet innovant, celui qui vise à réhabiliter le transport de passagers par voies d’eau en région parisienne. En effet, par le passé, la Seine a été un axe de circulation très prisé pour convoyer voyageurs et marchandises d’un bout à l’autre de Paris. C’est en partant de ce constat qu’Île-de-France Mobilités a acté, en février dernier, le lancement d’un projet de navettes fluviales qui traversera la capitale d’Est en Ouest. Dans le prolongement du succès planétaire de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, il s’agit de renforcer l’attractivité touristique de la capitale, tout en proposant une offre alternative de transport aux parisiens.  

Bien que le trajet définitif ne soit pas encore gravé dans le marbre, ce nouveau service, élaboré en collaboration avec Haropa Port, gestionnaire des ports, embarcadères et pontons du fleuve parisien, sera vraisemblablement constitué de 11 étapes.  Les navettes partiraient d’Alfortville dans le Val-de-Marne pour relier le port de Boulogne-Legrand, situé à Boulogne-Billancourt dans les Hauts-de-Seine. En chemin, elles feraient d’abord halte à proximité de l’hôtel Chinagora, véritable pagode flottante posée sur le fleuve, avant d’entrer dans Paris pour desservir la Gare de Bercy, le Quai Henri IV, le Louvre, le port du Gros Caillou, le Quai Branly et Beaugrenelle, puis, en sortant des limites de la ville, elles s’arrêteraient à Issy-les-Moulineaux et à Sèvres, avant de rejoindre leur destination finale.  

Suite à un avis d’appel public à la concurrence, plusieurs opérateurs ont déjà manifesté leur intérêt pour ce projet. Les entreprises retenues seront connues en juillet. Elles recevront une autorisation d’exploitation délivrée par Île-de-France Mobilités, et le service pourrait ensuite être rapidement disponible.  

Ces initiatives ne sont pas isolées. A date, France Mobilités, la communauté des acteurs tricolores de la mobilité, recense plus de 300 projets portés par les collectivités, qui vont du déploiement d’une offre de covoiturage à l’échelle des Hautes-Alpes jusqu’à la mise en circulation de bus à hydrogène à Versailles. A l’échelle nationale, ces actions visent à rendre les déplacements plus écologiques, plus fluides et mieux adaptés à tous les territoires. Plus que jamais, l’heure est aux nouvelles mobilités ! 

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