Pour soigner leur attractivité, des territoires se lancent dans une stratégie marketing digne des plus grandes entreprises, décryptage.
Publié le 04.09.25 - Temps de lecture : 3 minutes

La ville, une marque (presque) comme les autres ?

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Séduire les habitants, les talents ou encore les investisseurs… Pour soigner leur attractivité, des territoires toujours plus nombreux se lancent dans une stratégie marketing digne des plus grandes entreprises. Avec quelles méthodes et quels effets ? Décryptage.

À RETENIR

  • Le marketing territorial vise à renforcer l’attractivité des villes auprès des habitants, talents et investisseurs, en s’inspirant des stratégies des grandes entreprises, notamment via des marques urbaines fortes. 
  • Lyon, pionnière en France avec ONLYLYON dès 2007, déploie une stratégie globale rassemblant acteurs publics, économiques et académiques pour promouvoir l’ensemble de ses atouts à l’international. 
  • Ce phénomène, né aux États-Unis dans les années 1950, s’est intensifié avec la mondialisation et s’est diffusé en France à partir des années 1980, notamment dans les villes industrielles en reconversion. 
  • Le succès de Lyon inspire d’autres villes françaises, qui développent leurs propres marques territoriales (souvent en anglais) pour séduire un public international et affirmer leur identité. 

L’anagramme qui frappe. Avec ONLYLYON, la capitale des Gaules fait figure de précurseur dans l’hexagone en matière de marketing territorial. À l’image d’Amsterdam et de son fameux « I AMsterdam », la deuxième ville de France soigne son image, dans une stratégie de marque assumée.  

Tout commence au début des années 2000. Gérard Collomb prend alors les rênes de la mairie et se désole devant cette « belle endormie » dont il entend bien faire valoir le dynamisme économique, souvent éclipsé par Paris sur la scène internationale. La ville est certes reconnue pour sa qualité de vie, sa gastronomie ou son histoire industrielle… mais Lyon peine à incarner une destination incontournable, pour les touristes comme pour les investisseurs et les talents. 

Une réelle compétition entre territoires 

Car c’est bien là l’enjeu du marketing territorial. En plus d’attirer de nouveaux habitants sur le territoire, il s’agit aussi de développer le tourisme d’affaires, d’inciter des entreprises internationales à s’implanter et d’accroître la visibilité académique et scientifique des villes. Sans compter une bonne dose de fierté locale à nourrir !

Le concept de marketing territorial naît dans les années 1950, aux États-Unis. Jusqu’alors, seules les entreprises (notamment celles des secteurs hôtelier et ferroviaire) cherchaient à « vendre » leur territoire, aux prémices du tourisme de masse. Mais après-guerre, les villes américaines comprennent que leur réputation n’est plus à négliger. Les villes de la Rust Belt, notamment, ont besoin de se démarquer pour attirer industriels et capitaux. La mondialisation accentuera encore la compétition des territoires. Développer des stratégies plus élaborées pour se démarquer sur la scène internationale devient une priorité.

En France, les premières initiatives sont d’ailleurs lancées dans les grandes villes industrielles en reconversion (comme Lille, Saint-Étienne ou Le Havre), qui cherchent à changer leur image et à relancer leur attractivité économique. En 1982, les lois de décentralisation politique et administrative accordent plus d’autonomie aux collectivités locales et donnent un coup d’accélérateur au marketing territorial. Si de nombreuses villes et régions comprennent rapidement l’importance de construire une identité propre et attrayante, Lyon fait aujourd’hui encore figure de modèle en la matière. 


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Stratégie globale 

Sous l’impulsion d’élus locaux, de la chambre de commerce et d’acteurs économiques, Lyon se dote donc d’une « marque de territoire ». Le projet ONLYLYON voit le jour en 2007. Et c’est bien plus qu’un simple slogan : la stratégie, globale, associe collectivités locales, universités, grandes entreprises ou encore acteurs touristiques… Son rôle ? Promouvoir Lyon dans toutes ses dimensions : économique, touristique, culturelle, universitaire et technologique. 

« Marque officielle au service des ambitions internationales de Lyon », ONLYLYON mène des campagnes ciblées dans les pays étrangers, participe à des événements internationaux et noue des partenariats mondiaux, avec une communication multilingue. Parmi ses réussites : s’adapter à la communication digitale. ONLYLYON parle à ses cibles à travers des canaux dédiés, qu’il s’agisse de réseaux sociaux, de plateformes numériques ou de campagnes en ligne. Sans négliger le print (affichage, etc.). La stratégie repose aussi sur la contribution des visiteurs et des habitants, encouragés à partager leurs expériences et leurs découvertes sur les réseaux sociaux. Autant de contenus qui rendent la marque « authentique » et renvoient une image dynamique.

ONLYLYON, c’est aussi un symbole : le lion rouge, emblème de la marque. Avec sa couleur rouge vif, il crée un impact visuel immédiat, attire l’attention et se retrouve sur toutes les communications, jusqu’à inspirer des trophées lors de remises de prix. S’il reste difficile d’évaluer précisément les résultats d’ONLYLYON, la stratégie a contribué à renforcer Lyon comme deuxième métropole économique de France. La ville a aussi intégré les classements des villes les plus attractives d’Europe pour les investisseurs étrangers. 

Ambitions françaises à l’international 

Un succès qui fait des envieux. Lyon n’est pas la seule ville de France à succomber au marketing territorial. Après le premier confinement, les Parisiens ont vu fleurir dans le métro de nombreuses affiches publicitaires vantant les mérites de régions françaises :  

  • « Alès, la capitale qui ne manque pas d’air »
  • « Déconfinez-vous pour toujours à Mazamet : fini la pollution, les bouchons, le bruit ou le stress » 
  • « Vivre mieux, venez à Évreux, pour un week-end ou pour la vie »

Et d’autres métropoles se lancent, comme « Nantes Just Imagine », « So Toulouse », « Hello Lille », « Inspire Metz » ou encore « Annecy Mountains ». Avec une déclinaison partagée : l’anglais, qui prouve les aspirations résolument internationales de ces agglomérations pour gagner en notoriété et attirer bien au-delà des frontières. 

« Made in Jura » 

Qualité, fiabilité, convivialité, proximité, authenticité, créativité, diversité. Autour de ces maîtres-mots, « Made in Jura » entend valoriser les savoir-faire d’un département discret mais dynamique. L’initiative, pionnière, remonte à 2003. Alors impulsée par le Conseil général, elle est aujourd’hui portée par une association qui fédère plus de 350 membres. Autour d’un logo rouge sur fond jaune facilement identifiable, « Made in Jura » distingue toutes les productions et les activités propres au département. À l’opposé des modèles urbains, ici, les territoires ruraux jouent sur leur authenticité et leur cadre de vie. Parc naturel du Haut-Jura, station de ski à taille humaine, plus beaux villages de France, stations thermales… L’association, qui ne touche aucune subvention, dispose d’un budget de 150 000 € annuels, alimenté par les cotisations de ses membres. La preuve que le marketing territorial n’est pas qu’une question de moyens, mais surtout d’idées ! 

 

Envies de ville : des solutions pour nos territoires

Envies de ville, plateforme de solutions pour nos territoires, propose aux collectivités et à tous les acteurs de la ville des réponses concrètes et inspirantes, à la fois durables, responsables et à l’écoute de l’ensemble des citoyens. Chaque semaine, Envies de ville donne la parole à des experts, rencontre des élus et décideurs du territoire autour des enjeux clés liés à l’aménagement et à l’avenir de la ville, afin d’offrir des solutions à tous ceux qui “font” l’espace urbain : décideurs politiques, urbanistes, étudiant, citoyens…

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