Vue depuis l'intérieur d'un grand camion de deux déménageurs en train de charger une armoire.
Publié le 07.04.22 - Temps de lecture : 3 minutes

Les Français et leur lieu de vie : un fort attachement mais des envies d’ailleurs

Réalisée en partenariat avec Nexity, in’li (Groupe Action Logement) et le Groupe BPCE, la dernière étude de L’Observatoire Société & Consommation (L’ObSoCo) offre un panorama détaillé des différents critères d’attachement des Français à leur lieu de vie en fonction de chaque type de territoire et des aspirations des habitants.

Graphique de l'étude de l'ObSoCo dressant plusieurs "portraits de français" selon leur rapport et attachement à leurs lieux de vie.

Parmi les nombreuses tendances de fond mises en lumière par l’Observatoire des ancrages & arbitrages sur les lieux de vie, un double enseignement s’impose d’emblée : les Français se sentent majoritairement attachés à leur lieu de vie… mais 53 % d’entre eux aimeraient cependant vivre ailleurs s’ils en avaient les moyens. Un pourcentage auquel la pandémie de Covid-19 et les confinements successifs ne sont évidemment pas étrangers. Tel un accélérateur, ce bouleversement sanitaire et sociétal a fait franchir le pas à de nombreux Français qui avaient déjà des envies d’ailleurs, en motivant pas moins de 3 projets de déménagement sur 10, note L’ObSoCo.

« Avec la crise sanitaire, cette envie de mobilité a été exacerbée chez les Français qui aspiraient déjà à déménager. Nous avons découvert qu’il y avait un élargissement du périmètre de la mobilité résidentielle, les mouvements envisagés auparavant étaient en effet moins lointains », explique Clara Corinti, Chef de Projets Collectivités chez Nexity.

Le lien social, critère déterminant dans l’attachement au lieu de vie

Parmi les différentes aspirations des Français mises en avant par l’étude, la qualité du lien social apparaît comme le premier facteur d’attachement des Français à leur territoire. Un facteur déterminant dont on observe effectivement l’importance : la capacité du territoire à favoriser le lien social est identifiée comme un levier prioritaire (en tête devant les déplacements, l’éducation des enfants, ou encore la culture), afin de mesurer l’attachement au lieu de vie. Un levier prioritaire certes, mais également jugé déficient, souligne l’étude.

« Ce qui favorise l’ancrage, et qui détermine quels arbitrages les Français sont ou non susceptibles de faire, c’est justement le fait d’apprécier la présence des autres habitants et le lien social, car la qualité des relations influence beaucoup l’attachement », note Agnès Crozet, Secrétaire générale de l’ObSoCo.


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Les citadins en quête de densité apaisée

Si 53% des Français sollicités dans le cadre de l’étude déclarent qu’ils aimeraient vivre ailleurs (sans pour autant jeter leur dévolu sur une région particulière), ce pourcentage monte en flèche quand il s’agit des Franciliens (70 %), et encore plus avec les Parisiens (72 %). Une quête d’ailleurs qui risque toutefois de se voir tempérée par des barrières matérielles : l’enquête note en effet que 20 % des Français souhaitant déménager ne seront pas en mesure de franchir le pas, notamment à cause de contraintes financières.

« Les grandes villes sont perçues comme des territoires très fonctionnels pour se déplacer, se cultiver, se soigner, travailler, etc. Mais ils apparaissent aussi comme des territoires sur lesquels il devient de plus en plus délicat de garder une certaine qualité de vie, notamment au regard de critères comme la pollution ou le coût de la vie. Ce chiffre ne traduit pas de rejet en bloc de la grande ville, qui est essentiellement décriée pour les excès et les nuisances de la surdensité, leurs habitants sont surtout en quête d’une densité apaisée, car la grande ville a encore de nombreuses qualités reconnues », précise Aurélie Lemoine, Directrice Marketing Stratégique et Études chez Nexity.

Cette perception des métropoles, dans lesquelles sont pourtant menées des mutations profondes pour construire le modèle des villes de demain, s’explique également par une temporalité différente entre un processus urbanistique de longue haleine et le ressenti des habitants au quotidien :

« Il y a un temps très long, celui de l’aménagement, qui n’est pas le temps du vécu au quotidien pour les habitants. Ce qui est mis en œuvre ne va pas révolutionner leur vie de tous les jours pour le moment. Ce qui est perçu comme des nuisances au sein des villes est souvent lié à la présence de l’autre : bruit, insécurité, absence ou mauvaise qualité de lien social, etc. C’est pour cela que les aménageurs ont notamment comme perspective la notion de réparer le lien social au sein des villes, mais cela prendra du temps », détaille Agnès Crozet.

Sacrifier son travail pour changer de lieu de vie : une majorité de Français se disent prêts

Sans surprise, la crise sanitaire ayant créé un « avant » et un « après » dans de nombreux segments de la société, ses conséquences ont été profondes sur les habitudes de vie des Français, et sont là encore très perceptibles :

« Ces nouveaux chiffres font écho à une précédente étude baptisée Nouvelle(s) Vie(s) Françaises, pour laquelle nous avions demandé aux sondés dans quelle mesure la crise sanitaire avait eu un impact sur leur décision de changement de vie, et il était apparu qu’un Français sur deux disait avoir pris du recul sur ses priorités pendant la crise sanitaire, et plus spécifiquement sur son activité professionnelle. 19 % des actifs envisageaient même de se reconvertir dans un autre domaine professionnel, ce qui fait notamment écho à l’émergence de nouvelles réflexions sur les métiers ‘utiles’ et ‘inutiles’ », observe Agnès Crozet.

Autre enseignement majeur de cet observatoire, le travail se place en tête des compromis susceptibles d’être réalisés par les Français pour changer de lieu de vie (57 % de ceux qui envisagent de déménager dans le centre d’une grande ville ou d’une métropole seraient effectivement prêts à changer d’activité professionnelle, de même que 55 % que ceux choisissant la périphérie, et 48 % de ceux envisageant de déménager dans une ville moyenne).

« Nous nous intéressons aux envies d’ailleurs depuis 2017. À l’époque, un peu moins de 50 % des Français voulaient vivre ailleurs, contre 53 % actuellement, il s’agit donc d’un phénomène relativement constant, mais toujours plus fort chez les urbains. Un verrou a sauté, et de nombreux impératifs de la vie professionnelle ont été desserrés, notamment avec l’essor du télétravail. Ces phénomènes ont engendré une remise en question de l’ordre des priorités », conclue-t-elle.

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