
La ville durable est une ville qui fait du bien
Véronique Bédague, présidente directrice générale du groupe immobilier Nexity.
Édito de Véronique Bédague
En France, 80 % de la population vit en zone urbaine. L’Organisation mondiale de la santé estime que 25 % des pathologies chroniques sont liées à des facteurs environnementaux et comportementaux. En tant qu’opérateur urbain et acteur de la fabrique de la ville, cette réalité nous oblige à considérer la ville comme un levier de santé publique, non plus seulement conçue pour réparer, mais pour prévenir. En agissant sur les déterminants sociaux et environnementaux qui influencent notre bien-être, la ville devient alors un acteur de santé à part entière.
Longtemps, la question sanitaire s’est concentrée sur l’hôpital, la médecine et la prévention individuelle. La santé, comme le rappelle la déclaration d’Ottawa (1986), est pourtant avant tout une ressource et un processus dynamique et global. Elle permet à chacun d’identifier et de réaliser ses ambitions, de satisfaire ses besoins, et d’évoluer avec son milieu ou de s’y adapter. Dans les villes, cette ressource se construit chaque jour au croisement du logement, de la mobilité, de la qualité de l’air, du bruit, ou encore de l’accès à la nature. Ces composantes du cadre de vie révèlent aussi les fractures entre quartiers, entre métropoles et périphéries. C’est là que l’aménagement urbain peut jouer un rôle réparateur.
Changeons de perspectives : ne plus seulement compenser les effets négatifs, mais créer les conditions du bien-être. C’est précisément ce que propose la « salutogenèse », concept positif de la santé introduit dès 1979 par le sociologue médical Aaron Antonovsky. Plus que réparer les déséquilibres, il s’agit surtout d’imaginer des environnements qui renforcent les ressources physiques, mentales et sociales des habitants.
Cette proposition transforme la manière de concevoir la ville. Elle se traduit par des aménagements qui soutiennent concrètement le bien-être : un cours d’eau restauré pour la balade et le ressourcement, une canopée urbaine pour atténuer les îlots de chaleur, ou encore des revêtements absorbants et des écrans végétaux pour réduire les nuisances sonores. Des équipements de mobilité adaptés et inclusifs facilitent les déplacements, tout en contribuant à un cadre de vie plus calme et plus sain.
À l’échelle du quartier, Nexity défend une logique de mixité fonctionnelle, sociale et générationnelle, qui rapproche les habitants, les emplois, les services et les loisirs.
Aux côtés des élus et des collectivités, nous coconstruisons des projets qui placent la santé au cœur des projets de territoires. Dans cette dynamique, l’action publique s’inscrit dans une approche systémique, où chaque aménagement contribue à la santé des habitants et à celle des écosystèmes, selon une logique de cobénéfices durables.
C’est pourquoi je suis convaincue que la ville durable commence par la santé : à la croisée des enjeux écologiques, sociaux et territoriaux, elle relie les impératifs climatiques aux besoins humains, les ambitions d’inclusion aux exigences d’adaptation.
Chez Nexity, cette approche intégrée nous invite à revisiter chaque composante de la fabrique urbaine, depuis les matériaux jusqu’aux usages. En concevant des quartiers qui prennent soin, en favorisant les mobilités douces, en intégrant la nature en ville, nous contribuons à bâtir des villes plus vivantes et plus résilientes face aux effets du changement climatique.
Et si la ville durable était évaluée non pas sur son empreinte carbone, ni sur la quantité d’espaces verts accessibles, mais sur sa capacité à faire du bien ? Cette idée simple pourrait bien répondre aux envies de ville des Français : une ville accessible, durable et adaptative, où l’on vit ensemble et en bonne santé.



