
« Ville intelligente ou vies intelligentes »
À l’heure où les projets de « smart cities » fleurissent partout dans le monde, l’ouvrage collectif dirigé par Gilles N’Goala, Florence Paulhiac Scherrer et Fabien Durif apporte un éclairage précieux pour les élus et les aménageurs urbains. Né des recherches appliquées menées par la Chaire internationale sur les usages et pratiques de la ville intelligente (Cit.Us), à Montpellier et à Montréal, ce livre privilégie une approche centrée sur les usages, sans céder à une vision enchantée de la technologie. En refusant une logique exclusivement technocentrée, les auteurs mettent en perspective le véritable enjeu des villes intelligentes : améliorer la vie des citoyens, et non la contrôler.
À travers la pluralité des regards académiques et professionnels proposés, cet ouvrage soulève des questions cruciales : les innovations urbaines renforcent-elles l’autonomie et le lien social ou risquent-elles de renforcer l’isolement et la dépendance technologique ? L’ouvrage ne cède pas à un optimisme béat, il invite aux appropriations territorialisées des différents outils.
Le livre se divise en deux grandes parties, chacune approfondissant les défis majeurs liés à l’ère numérique. La première, intitulée La ville intelligente : quelles transitions ?, traite de questions essentielles, comme la sobriété numérique, l’inclusion sociale, la cocréation de valeur publique et la transparence. Des exemples concrets, tels que l’hyperviseur urbain OnDijon, centralisant les données de 300 caméras et des services urbains, ou encore le projet Synopse à Nantes, qui utilise les données pour améliorer la santé et la qualité de vie, illustrent ces transformations.
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Le chapitre dédié à l’inclusion numérique interpelle particulièrement : comment éviter la fracture numérique et garantir que la ville intelligente profite à tous ? Les auteurs y décrivent les approches inclusives nécessaires pour éviter l’exclusion sociale, prenant comme exemple des initiatives de conception inclusive mises en place dans diverses métropoles internationales.
La seconde partie, La ville intelligente : quel mode de vie pour le citoyen ?, explore les impacts pratiques de ces transformations technologiques sur les habitudes de vie urbaines. La mobilité, l’alimentation, le logement, la santé et la culture sont examinés à travers des cas d’étude précis, tels que le dispositif « Ma cantine autrement » à Montpellier, qui repense l’alimentation scolaire en mode durable, ou encore les nouvelles pratiques résidentielles envisagées dans les villes intelligentes de demain.
Références : Ville intelligente ou vies intelligentes, sous la direction de Gilles N’Goala, Florence Paulhiac Scherrer et Fabien Durif, publié par la Chaire internationale Cit.Us, l’ESG UQAM et l’Université de Montpellier, 2025. ISTE éditions.