Publié le 25.02.21 - Temps de lecture : 3 minutes

Comment la crise sanitaire influence-t-elle les projets immobiliers ?

Complexe et imprévisible, la crise sanitaire a installé une situation d’incertitude a priori difficilement compatible avec le temps long des projets. Cette incertitude, lourde de conséquences sur le moral des ménages, les a-t-elle conduits à geler leurs envies en matière d’immobilier ?

L’indicateur Drimki/BVA, mis en place en février 2020 avec pour objectif de suivre les effets de la crise sanitaire sur les intentions d’achats immobiliers, brosse un portrait rassurant de l’état de la demande : les intentions de projets immobiliers des ménages n’ont pas perdu en vitalité, mais se sont plutôt transformées en qualité.

L’intérêt des Français pour la pierre reste intact

Mis sous pression aussi bien financièrement que psychologiquement, les Français n’en demeurent pas moins résolus à mener à bien leurs projets immobiliers en 2021.

C’est là un des enseignements majeurs de la quatrième vague de l’indicateur : avec pas moins d’un Français sur six, la proportion de Français affichant l’intention d’effectuer un projet immobilier dans les 12 prochains mois reste identique à son niveau de novembre dernier et comparable à celui enregistré en avril 2020, au plus fort de la première vague de la pandémie.

En dépit de l’incertitude bien réelle suscitée par la crise sanitaire, cette dernière ne semble donc pas couper court aux envies d’immobilier des ménages, bien qu’elle recouvre en réalité un panorama contrasté en fonction des catégories de la population.

En premier lieu, l’envie d’immobilier s’inscrit sur une toile de fond générationnelle qui voit la tranche d’âge la plus jeune (25-34 ans) afficher un niveau d’intention près de deux fois supérieur à la moyenne enregistrée. Les ménages avec enfants, sans doute échaudés par des expériences de confinement et de couvre-feu désagréables, déclarent pour leur part une intention d’achat au cours des douze mois à venir en hausse de 5 points (27%).

Mais le rapport à l’immobilier reflète plus profondément la réalité d’une France à deux vitesses que la crise sanitaire est venue exacerber. Celle-ci creuse en effet la ligne de partage entre une France des catégories socio-professionnelles supérieures attachée à la poursuite de ses rêves immobiliers (28%) et une France des catégories socio-professionnelles inférieures engluée dans la gestion des priorités de court-terme.

Primo-accession et résidence secondaire ont le vent en poupe

Si la crise sanitaire n’a pas perturbé la stabilité des projets immobiliers, elle n’en a pas moins reconfiguré le contenu.

C’est là le deuxième enseignement majeur concernant les effets immobiliers de la situation sanitaire : les Français ne souhaitent pas moins d’immobilier, mais adaptent leurs projets en fonction des besoins ayant fait leur apparition à la faveur de la crise.

En conséquence, l’intention d’acheter un bien immobilier dans une visée locative reflue de quatre points (18%), accompagnée par une baisse de l’intention de changer de logement (27%, -5 points)

La crise nourrit en revanche l’espoir des primo-accédants. Après une baisse continue en 2020, l’intention d’acquérir son premier logement repart en effet à la hausse pour atteindre 40% de Français désireux de franchir le pas en 2021. Logiquement, les jeunes ménages expliquent une part significative de cette hausse : après une fin d’année morose, 60% des 25-34 ans (+11 points) se montrent enfin prêts à passer à la vitesse supérieure.

Conformément au constat d’une demande immobilière à deux vitesses, l’acquisition d’une résidence secondaire a quant à elle également le vent en poupe (13%, +4 points) : portée par le désir d’évasion que fait naître la crise, elle séduit nettement plus les 50-64 ans (34%) que les tranches d’âge inférieures.

Quand la crise sanitaire refaçonne les caractéristiques des projets

Si l’envie d’immobilier n’est pas uniformément partagée par tous les Français, plus de la moitié (51%) de ceux qui envisagent d’entreprendre un projet au cours de l’année à venir reconnaissent que la crise aura eu un impact sur leurs critères de décision.

Au premier rang des modifications apportées par les ménages à leur projet immobilier, le type de logement recherché (23%) et la localisation du bien immobilier (21%) confirment l’appétence croissante pour les espaces extérieurs et la qualité de vie, deux tendances précipitées par une expérience inconfortable de la vie confinée.

Ici encore, les bifurcations opérées par les ménages dans le contenu de leur projet immobilier révèlent des disparités. Là où la crise sanitaire s’est traduite pour certains par une révision à la baisse du budget à investir dans le projet immobilier, pour d’autres c’est davantage la qualité de vie octroyée par l’espace et la tranquillité qui est devenue l’enjeu primordial.

En conséquence, la relocalisation du projet immobilier dans une autre ville demeure l’apanage d’une certaine frange de la population, qui se recrute majoritairement chez les femmes (25% contre 17% des hommes), les Franciliens (29% contre 17% des habitants de province) et les CSP+ (24% contre 17% des CSP-).

Est-ce à dire que les critiques formulées par les Millenials à l’encontre de la grande ville tendraient à se généraliser à d’autres catégories de la population ?

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