Une réunion entre acteurs, actrices institutionnels et de jeunes habitants.
Publié le 06.11.25 - Temps de lecture : 3 minutes

Ces villes qui intègrent les jeunes aux décisions publiques pour renforcer leur engagement

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Conseils d’enfants, ateliers participatifs, budgets jeunesse… Alors que la défiance démocratique n’a jamais été aussi forte chez les jeunes, de plus en plus de collectivités cherchent à leur donner une véritable place dans la décision publique. Explications.

À RETENIR

  • Le désengagement démocratique des jeunes s’explique en partie par un manque de dispositifs adaptés : 75 % des 18-24 ans se sont abstenus aux municipales de 2020, et 73 % des mineurs estiment ne pas être consultés sur les décisions les concernant.
  • Les collectivités développent des outils participatifs comme les budgets jeunesse, permettant aux jeunes de proposer et choisir des projets.
  • Les conseils municipaux d’enfants et de jeunes (CME/CMJ) offrent un cadre de concertation directe avec les élus sur des thèmes variés (urbanisme, santé, culture), renforçant leur implication locale.
  • Des initiatives comme la clause jeunesse obligent les conseils municipaux à considérer les avis des jeunes, mais leur déploiement reste inégal, limité souvent aux villes disposant de ressources suffisantes.

En 2020, le taux d’abstention des jeunes lors des élections municipales a été très élevé, confirmant une tendance structurelle déjà observée lors des précédents scrutins. D’après les chiffres de l’Insee, 75% des 18-24 ans ne sont pas déplacés dans les bureaux de vote pour glisser un bulletin dans l’urne. Ce désintérêt pour la démocratie locale peut s’expliquer par le manque de dispositifs participatifs adaptés à cette catégorie d’électeurs. Selon le rapport Vers une démocratie inclusive : intégrer la voix des enfants dans les décisions politiques réalisé par Unicef France en 2024, 73% des mineurs estiment ne pas être suffisamment impliqués dans les décisions qui les concernent.

Pour résoudre ce problème, les initiatives se multiplient pour construire des villes « à hauteur d’enfants ». L’objectif est de faire de la participation des plus jeunes un levier d’éducation citoyenne et de transformation urbaine. Ces démarches, portées notamment par l’ANACEJ (Association Nationale des Conseils d’enfants et de Jeunes), nécessitent de repenser la gouvernance locale pour la rendre plus inclusive. Quelles solutions permettent d’encourager les jeunes à participer à la vie publique ? Comment pérenniser leur engagement sur la durée ?

Les principaux leviers pour renforcer l’engagement des jeunes

Depuis quelques années, l’implication des jeunes dans la vie locale a connu une évolution notable avec la mise en place de dispositifs ayant pour objectif de mieux faire entendre leur voix. « Aujourd’hui, ,il y a la volonté d’élargir les modes de participation qui leur sont destinés et une réelle prise de conscience qu’on ne peut plus faire sans eux. » explique Jonathan Bocquet, président de l’ANACEJ

Ainsi, dans de nombreuses villes, la mise en place de budgets participatifs jeunes permet aux enfants et aux adolescents de prendre part aux décisions municipales en proposant des projets d’aménagement ou d’animation. A Laval, la mairie a débloqué un budget de 200 000 euros pour que les 12 – 25 ans soumettent des initiatives visant à renforcer la convivialité, la pratique du sport et la protection de l’environnement. En 2025, 6 projets lauréats ont été sélectionnés. A Nanterre,  les 16-25 ans disposent d’une enveloppe de 50 000 euros pour mettre en place des projets portant sur la culture, l’écologie et l’éducation.


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Inclure les jeunes dans les décisions communales

Autre levier à actionner, les conseils municipaux d’enfants et de jeunes (CME/CMJ) permettent aux enfants et aux adolescents de proposer des projets, et de défendre leurs idées en débattant avec les élus. Ces instances, organisées plusieurs fois par an et présidées par un conseiller municipal, peuvent porter aussi bien sur l’aménagement de nouvelles aires de jeux, que sur l’élargissement du réseau de pistes cyclables, ou encore l’organisation d’événements culturels et sportifs.

A Linselles, dans la région Haut de France, les jeunes qui participent au CMJ ont ainsi pu contribuer à différentes décisions importantes pour la commune, depuis la programmation d’animations locales jusqu’à la création d’espaces publics adaptés à leurs besoins. A Saint-Mandé, dans le Val de Marne, le Conseil Municipal des Enfants, composé -d’enfants élus dans le cadre de véritables élections organisées au sein des écoles, élabore des projets portant notamment sur la santé et la prévention. Ces groupes de travail permettent d’inclure plus efficacement les enfants et les adolescents dans le fonctionnement des municipalités.

Certaines collectivités expérimentent aussi la clause jeunesse. “Lors des conseils municipaux ordinaires, un conseil de jeunes peut ajouter un ou plusieurs commentaires aux délibérations qui sont présentées, ce qui oblige les élus à prendre en compte leur avis” précise Jonathan Bocquet.

Reste certains freins à lever, car les communes agissent en fonction de leurs moyens, et ce sont souvent les villes moyennes ou les grandes agglomérations qui peuvent mettre en place ce type de dispositif. « Pour préparer l’avenir, il faut que toutes les villes aient la possibilité d’associer les jeunes aux décisions qui les concernent, c’est-à-dire à toutes les décisions. S’ils se sentent concernés quand ils ont 10, 14 ou 16 ans, ils iront voter quand ils auront 18 ans  » conclut Jonathan Bocquet.

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