îlots de chaleur : un miroir d'eau installé sur la place d'un centre-ville historique.
Publié le 11.09.25 - Temps de lecture : 4 minutes

La ville face au défi des îlots de chaleur

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Devant l’intensification des épisodes caniculaires, les municipalités se mettent au vert. Désimperméabilisation des sols, végétalisation, forêts urbaines, ombrières… Autant de leviers pour lutter contre les îlots de chaleur. Tour d’horizon d’une stratégie ambitieuse qui place la nature au cœur de la ville.

À RETENIR 

  • Les îlots de chaleur urbains, amplifiés par l’artificialisation des sols et les activités humaines, peuvent générer jusqu’à 10 °C d’écart entre centres urbains et zones rurales, aggravant les effets des canicules sur les populations vulnérables.
  • Face à l’urgence climatique, les collectivités accélèrent la renaturation des espaces urbains via des programmes ambitieux comme le « Plan Canopée » ou les forêts urbaines, avec l’appui de structures telles que l’ONF ou Nexity. 
  • La désimperméabilisation et la végétalisation des sols permettent non seulement de créer des îlots de fraîcheur mais aussi d’améliorer la gestion des eaux pluviales et de limiter les inondations. 
  • Des projets à échelle locale, comme la cour d’école de Blangy-sur-Bresle, illustrent une démarche concertée et adaptable, soutenue par des outils de simulation et des financements publics pouvant couvrir jusqu’à 80 % des coûts. 

Dix fois plus de jours de vagues de chaleur, des nuits tropicales en série, +4 °C d’ici la fin du siècle : tel est le scénario redouté par Météo France si rien ne change. Face à cette perspective inquiétante, les villes n’ont d’autre choix que de s’adapter, et, parmi les réponses figure la renaturation des espaces urbains afin de lutter notamment contre les îlots de chaleur. Un îlot de chaleur urbain (ICU) est une sorte de « dôme d’air chaud » qui surplombe la ville et dont la formation est liée directement à l’aménagement et aux activités de celle-ci. Il se matérialise par la différence de température constatée entre une zone urbaine, souvent un centre-ville, et la zone rurale environnante. 

« Cette différence, généralement mesurée la nuit, peut atteindre 10 °C, même si elle est en moyenne de 5 à 7 °C, appuie Valentin Caillavet, chef de projet Natura City au sein du pôle Transformation des Territoires de Nexity. Les bâtiments entravent la circulation de l’air, les matériaux retiennent la chaleur et les systèmes de climatisation la rejettent à l’extérieur. À cela s’ajoutent les effets de divers facteurs, comme la circulation automobile ou l’activité industrielle. » Plus la ville est grande et dense, plus cet écart est important, car les activités humaines ont un impact sur le thermomètre. 

Une prise de conscience qui s’accélère 

Avec le réchauffement climatique et l’intensification des épisodes caniculaires, le phénomène est amené à se multiplier. « Heureusement, la prise de conscience des collectivités s’est accélérée depuis une dizaine d’années, indique Valentin Caillavet. Les canicules ont des effets dramatiques sur les populations fragiles, comme les séniors ou les enfants. Il est crucial d’agir pour rendre les espaces publics plus agréables, moins chauds, et donc plus sûrs pour tous. » Les communes redoutant les îlots de chaleur organisent leur résilience. 

Le département de Seine-Saint-Denis, par exemple, déploie son « Plan Canopée » qui couvre la période 2021-2030 et s’accompagne d’une mobilisation financière de 60 millions d’euros pour développer la canopée en ville, via notamment la plantation de forêts urbaines. 9 500 m² ont déjà été plantés. 

À Toulouse, Paris ou encore Lyon, les collectivités agissent aussi face au réchauffement : l’une transforme une île en forêt urbaine, les autres adaptent leurs équipements publics par la végétalisation et des solutions de rafraîchissement. 

L’Office national des forêts s’appuie sur son expertise dans la gestion durable des forêts et des espaces naturels pour proposer aux collectivités une offre « forêt urbaine » : réhabiliter des zones humides, préserver la diversité des habitats naturels en milieu urbain, repenser et planter des arbres en ville pour créer des îlots de fraîcheur, établir une palette végétale, concevoir des aménagements paysagers ou des sentiers naturels pour tous… Bref, accompagner les villes dans leur démarche de renaturation. 

Les canicules ont des effets dramatiques sur les populations fragiles, comme les séniors ou les enfants. Il est crucial d’agir pour rendre les espaces publics plus agréables, moins chauds, et donc plus sûrs pour tous. 

Au cœur de la démarche : désimperméabilisation et renaturation 

Ce mouvement, soutenu par des acteurs comme Nexity à travers son programme Natura City, vise à transformer les espaces publics pour améliorer le confort thermique des habitants. Une démarche qui œuvre à la désimperméabilisation des sols et à la renaturation des zones bitumées. « La conséquence vertueuse de cette végétalisation ne se réduit pas à la seule apparition de zones ombragées, mais elle favorise également l’évapotranspiration, créant par effet domino des îlots de fraîcheur », explique Valentin Caillavet, qui met en exergue un autre bénéfice observé, hors période estivale : « L’introduction de végétation permet d’améliorer la gestion des eaux pluviales en limitant le ruissellement et en favorisant l’infiltration des eaux dans le sol. Cela réduit les risques d’inondations et optimise la qualité de l’eau ». 


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Un dispositif adapté à toutes les villes 

Des investissements ambitieux qui ne sont pas l’apanage des grandes métropoles hexagonales. Natura City a notamment contribué au projet de renaturation d’une cour d’école primaire, mené à Blangy-sur-Bresle, en Seine-Maritime. Actuellement, l’aire de détente s’étale sur 4 400 m² de surfaces minérales, majoritairement asphaltées. Les travaux programmés cet été prévoient d’octroyer une place de choix à la végétation. Le futur espace sera doté de prairies, d’arbres, d’hôtels à insectes, d’un labyrinthe végétal et de potagers à visée pédagogique. 

Si les effets ne sont pas encore palpables, Natura City s’appuie sur un outil de simulation et de mapping qui permet d’évaluer les effets concrets de la renaturation avant et après projet. Températures de surface, gestion des eaux pluviales, perméabilité des sols… Tous ces indicateurs techniques sont anticipés. « Nous concevons des projets sur mesure, adaptés aux besoins des usagers et aux contraintes territoriales, relate Valentin Caillavet. Notre travail d’étude et de simulation de la surchauffe urbaine nous permet de facilement mettre en avant les effets positifs des actions. Cela permet d’identifier les zones les plus exposées, d’orienter la conception du dispositif et de visualiser l’impact du réaménagement sur le site. »  

L’opération présentait plusieurs défis intéressants, techniques, financiers, organisationnels. « Pour les relever, nous avons mis un point d’honneur à mener une large phase de concertation. Nous avons travaillé avec les enfants, le corps enseignant, les équipes du périscolaire, les parents d’élèves, les services techniques de la mairie, le conseil municipal. Cette implication collective a permis de créer une vraie dynamique, et la commune a été rapidement soutenue par ses partenaires institutionnels. » En tête, l’agence de l’eau et le département, qui accompagnent le projet, notamment sur le plan financier. Au total, la commune pourrait obtenir jusqu’à 80 % de subvention sur le coût du dispositif estimé au global à 300 000 euros. 

 Outre la végétalisation, la lutte contre les ICU implique une évolution des politiques d’aménagement, en agissant notamment sur les transports, la gestion de l’eau en période de sécheresse ou encore la réduction des déperditions thermiques des bâtiments. De son côté, Nexity est en veille constante pour identifier des solutions durables, en explorant notamment des matériaux innovants, comme l’utilisation de revêtements conçus à partir de coquilles d’huîtres : perméables, ils favorisent l’évapotranspiration et contribuent ainsi au rafraîchissement urbain. 

Envies de ville : des solutions pour nos territoires

Envies de ville, plateforme de solutions pour nos territoires, propose aux collectivités et à tous les acteurs de la ville des réponses concrètes et inspirantes, à la fois durables, responsables et à l’écoute de l’ensemble des citoyens. Chaque semaine, Envies de ville donne la parole à des experts, rencontre des élus et décideurs du territoire autour des enjeux clés liés à l’aménagement et à l’avenir de la ville, afin d’offrir des solutions à tous ceux qui “font” l’espace urbain : décideurs politiques, urbanistes, étudiant, citoyens…

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