
Nantes, championne de la biodiversité et modèle à suivre pour la renaturation
Depuis plusieurs années, la métropole de Nantes est engagée dans une démarche ambitieuse de transition écologique qui vise à façonner la ville de demain, végétalisée, sobre, et reconnectée avec la nature. A tel point qu’elle est devenue une championne de la biodiversité.
À RETENIR
- Nantes a été désignée Meilleure commune pour la Biodiversité en 2024, récompensée également par le Prix national de l’arbre et la reconduction de son label 4 Fleurs, grâce à une politique écologique ambitieuse.
- Le plan « Pleine terre » prévoit d’ici 2026 la désimperméabilisation de 14 hectares de sols et la plantation de 50 000 arbres pour lutter contre les inondations et les îlots de chaleur.
- La création de 50 « Oasis de biodiversité », incluant mares, prairies et boisements, vise à favoriser le retour de la faune et de la flore locales dans tous les quartiers.
- L’implication active des habitants, via des dispositifs participatifs et pédagogiques comme Ma rue est un jardin ou le guide Coup de pousse à la nature, soutient durablement cette renaturation urbaine.
À Nantes, la nature ne cesse de gagner du terrain — et de récolter les lauriers. En 2024, cette ville de 325 000 habitants, chef-lieu de la Loire-Atlantique, a été sacrée Meilleure commune pour la Biodiversité (+ de 100 000 habitants). La même année, elle a reçu le Prix national de l’arbre pour la seconde fois, et a confirmé son label 4 Fleurs, détenu sans interruption depuis 1980. Cet impressionnant palmarès récompense une politique municipale volontariste en faveur de la sobriété écologique. Focus sur la recette de Nantes pour faire revenir la nature en ville.
Comment devient-on championne de la biodiversité ?
Pour adapter la ville aux effets du dérèglement climatique, la municipalité a multiplié les initiatives pour renaturer en profondeur le tissu urbain, en allant toujours plus loin dans le développement de la végétalisation, la restauration des continuités écologiques, et la préservation des espèces menacées.
Adopté en 2022, le plan « Pleine terre » a pour but de débitumer 14 hectares de sols et de planter 50 000 arbres d’ici 2026. C’est d’ores et déjà le cas pour les boulevards Doulon et des Anglais ou 1,5 hectare d’espaces bétonnés ont été végétalisés en 2023. En renaturant les rues, mais aussi les écoles et les crèches, Nantes restaure des sols vivants et perméables, ce qui réduit les risques d’inondation. En outre, le plan Pleine terre permettra également de lutter contre les îlots de chaleur urbains grâce à la fraîcheur et à l’ombrage que les végétaux apporteront.
Par ailleurs, toujours d’ici 2026, la cité des Ducs prévoit de mettre en œuvre 50 « Oasis de biodiversité », qui mailleront l’ensemble des quartiers. » Ce sont des espaces dans lesquels nous allons reboiser, créer une mare, implanter une prairie. L’objectif est de réintroduire des milieux naturels en ville pour favoriser le retour de la faune et de la flore locales. » explique Romaric Perrocheau, jardinier en chef à la tête du service des espaces verts de Nantes. A date, 5 nouvelles mares et 3 zones humides ont été mises à disposition des populations de tritons, de salamandres, de grenouilles, de crapauds ou de libellules, 10 boisements ont été plantés ou régénérés, et 3 prairies sont désormais accessibles pour les animaux qui veulent pâturer.
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Pour aller encore plus loin, la municipalité va aménager 30 000 mètres carrés de parcs et jardins supplémentaires, soit en créant de nouveaux sites, comme le parc de Loire, soit en agrandissant ceux qui existent déjà, à l’instar du Jardin Extraordinaire.
En complément de ces initiatives, les potagers solidaires – un projet imaginé par le service des espaces verts et soutenu par la municipalité depuis la crise sanitaire – permettent de développer l’agriculture urbaine et de lutter contre la précarité alimentaire. Répartis dans toute la ville, ces potagers produisent une vingtaine de tonnes de fruits et de légumes chaque année, qui sont distribués à 1200 foyers bénéficiaires.

Les Oasis de la biodiversité @Nantes-Metropole
Avec l’aide des habitants
Les nantais sont aux avant-postes de ces transformations. Ils sont d’ailleurs pleinement impliqués dans les opérations de renaturation. La ville a en effet mis en place le dispositif Ma rue est un jardin, qui propose aux habitants de végétaliser leur rue et de fleurir leur quartier en semant près de chez eux. Des milliers de sachets de graines sont ainsi distribués gratuitement chaque année.
Pour qu’ils puissent apporter efficacement leur pierre à l’édifice, la municipalité a édité le guide Coup de pousse à la nature. « C‘est un livret qui contient une cinquantaine de fiches pratiques pour apprendre à planter et à faire pousser. On y explique aussi comment fabriquer une spirale à insectes, un abri à hérissons, un nichoir pour oiseaux. Cela permet de multiplier les initiatives quotidiennes en faveur de la biodiversité. » précise Romaric Perrocheau.
Pour compléter cet outil pédagogique, Nantes a également réalisé un Atlas de la biodiversité métropolitaine pour recenser et suivre l’évolution des espèces animales et végétales sur le territoire. Enfin, pour les plus jeunes, la municipalité a lancé un Parcours Nature destiné aux écoles maternelles et élémentaires. Les élèves peuvent ainsi découvrir la biodiversité locale et apprendre à jardiner.
Associer les habitants permet d’apporter une réponse à la peur du changement car c’est le plus souvent en phase de concertation qu’il peut y avoir des blocages. « Il y a des gens qui viennent me voir pour savoir pourquoi on ne végétalise pas davantage. Ce sont les mêmes qui, peu de temps avant, refusaient en bloc nos projets. Aujourd’hui, les nantais sont heureux de vivre dans une ville reconnectée avec la nature » conclut Romaric Perrocheau.

Le Jardin Extraordinaire @Nantes-Metropole