
En ville, une nouvelle génération de mobiliers pour améliorer le rafraîchissement urbain sans gaspiller d’eau
À RETENIR
- Face aux vagues de chaleur croissantes, les villes françaises adoptent des mobiliers urbains innovants (brumisateurs, bancs ventilés, ombrières) alliant rafraîchissement efficace et faible consommation d’eau.
- Les solutions végétales, comme les corolles Urban Canopée ou les îlots Malawa, misent sur l’évapotranspiration et la collecte des eaux de pluie pour créer des microclimats rafraîchissants sans irrigation excessive.
- Plusieurs grandes villes (Nice, Toulouse, Grenoble, Paris) mettent en œuvre des dispositifs adaptés au contexte urbain : ombrages mobiles, géocooling, brumisateurs à faible débit, tous conçus pour limiter l’usage de l’eau.
- Des projets pilotes comme Skycooling combinent ombre, air frais, végétalisation et stockage d’eau pluviale, illustrant une approche intégrée du mobilier urbain face aux enjeux climatiques futurs.
Brumisateurs à faible débit, bancs ventilés, structures d’ombrage… Face à l’aggravation du réchauffement climatique, les collectivités misent sur l’intensification du rafraîchissement urbain, tout en veillant à préserver les ressources hydriques. Explications.
D’ici quelques années, dans la plupart des grandes métropoles françaises, les températures pourraient atteindre et même dépasser les 50°celsius l’été pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, selon la TRACC (Trajectoire de réchauffement de référence pour s’adapter au changement climatique). Déjà aujourd’hui, les mois de juin, juillet et août sont en moyenne nettement plus chauds. Une situation intenable pour de nombreux citadins.
Afin d’apporter de la fraîcheur en période caniculaire, une nouvelle génération de mobiliers urbains conjuguent sobriété hydrique et confort thermique. Accessibles à tous, ces équipements innovants s’inscrivent dans une stratégie plus large d’adaptation au changement climatique, où chaque mètre carré devient un levier pour améliorer la qualité de vie sans alourdir la facture écologique. Alors que l’été est déjà là, tour d’horizon des solutions les plus pertinentes pour faire baisser les températures en ville de façon durable et économe.
La nature, principal levier du rafraîchissement urbain
Mises au point par Urban Canopée, et d’ores et déjà adoptées par Arles, Metz ou encore Bussy Saint-George , les « corolles végétalisées » sont des structures légères et modulaires recouvertes de plantes grimpantes. Chaque corolle peut ombrager jusqu’à 50 m2 autour d’elle et rafraîchir l’air ambiant grâce à l’évapotranspiration des plantes. Facilement déplaçable, ce dispositif permet de créer des îlots de fraîcheur un peu partout en ville, même là où il est difficile de planter des arbres. Alimenté avec de l’énergie solaire, il est doté d’un système d’irrigation autonome, qui ajuste l’arrosage en fonction des besoins réels, évitant ainsi tout gaspillage.
« Sur les structures métalliques présentes en ville, il est très facile de déployer des plantes grimpantes, de la vigne vierge ou même du houblon. C’est une solution efficace pour rafraîchir la ville » explique Jean-Marc Bouillon, président et co-fondateur de Qui veut rafraîchir sa ville ? à l’origine de l’aquapuncture, une méthode de végétalisation innovante.
Autre solution pertinente, les îlots de nature Malawa, mis en place notamment à Orléans et à Tours, combinent végétalisation, compostage urbain et gestion hydrique raisonnée grâce à la collecte des eaux de pluie et à l’utilisation de pots en argile enterrés pour l’irrigation lente. Inspiré des régions arides, ce mobilier développe l’agriculture urbaine et transforme les espaces publics en oasis de fraîcheur, tout en minimisant drastiquement les besoins en eau.
Enfin, dans le centre de Nice, les bancs et les fontaines de la nouvelle coulée verte, composée de plantes résistantes au réchauffement climatique et pensées dans une logique de sobriété hydrique, offrent des espaces agréables à vivre lorsqu’il fait très chaud. Sous les jardins, des bassins de stockage d’une capacité de 3500 mètres cubes récupèrent les eaux de pluie, tandis que l’arrosage est calibré en fonction du taux d’humidité des sols.
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Nombreuses innovations pour améliorer le rafraîchissement urbain
A Toulouse, la municipalité a mis en place 18 structures d’ombrage réparties dans toute la ville, afin de protéger les citadins du soleil. Pergolas en bois végétalisées, voiles d’ombrage et même une ombrière gonflable mobile, maillent avec sobriété les espaces où la plantation d’arbres n’est techniquement pas possible.
A Grenoble, ce sont des bancs, des tables et des ombrières utilisant le principe du puits provençal, également appelé géocooling, qui rafraîchissent l’air grâce à un échange thermique avec le sol. L’objectif est de créer des pauses fraîcheur dans chaque secteur de la ville sans consommer d’eau.
A Paris, 175 fontaines brumisantes, spécialement conçues pour être économes en eau, ont été installées dans les rues, les squares et les jardins. En complément, une centaine d’ombrières, ainsi que des abribus et des kiosques végétalisés, apportent une couche de fraîcheur supplémentaire, sans entamer les réserves hydriques.
Un cran plus loin, l’îlot frais Skycooling, testé dans le quartier de La Défense en 2021, pourrait constituer une solution d’avenir pour toutes les collectivités. Destiné à créer des zones de fraîcheur partout en ville, cette installation mobile est coiffée d’une canopée en bois qui fournit de l’ombre aux usagers. Dotée de son propre système de diffusion d’air frais, elle combine pavés rafraîchissants, modules végétalisés, et stockage d’eau pluviale, afin de maximiser les apports en froid. L’eau de pluie récupérée alimente un système automatisé d’irrigation au goutte-à-goutte, qui humidifie les surfaces et arrose les plantes uniquement lorsque nécessaire.
Ces nouveaux mobiliers urbains répondent à la double problématique de l’augmentation des températures et de la raréfaction des ressources en eau grâce à des solutions intelligentes et économes qui permettent d’adapter la ville aux enjeux climatiques d’aujourd’hui et de demain.
« Pour déployer un mobilier urbain rafraîchissant et économe en eau, il faut nécessairement intégrer la nature dans l’équation, car c’est la solution qui apporte le plus de bénéfices, tout en étant la moins chère et la plus pérenne. » conclut Jean-Marc Bouillon.