
De site industriel à ville renaturée : à Saint-Priest, l’incroyable transformation de la ZAC Berliet
À Saint-Priest, le projet de métamorphose de la ZAC Berliet touche à sa fin. L’immense friche des anciens sites industriels de Renault Trucks a laissé place à un quartier durable mêlant logements, activités économiques et espaces verts.
À RETENIR
- La ZAC Berliet à Saint-Priest, ancien site industriel de Renault Trucks, a été transformée depuis 2008 en un quartier durable mêlant logements, activités économiques et espaces verts, avec 233 500 m² de programme développé.
- Un parc de 5,8 hectares nommé « La Plaine à l’Œdicnème », dédié à la biodiversité, sera inauguré en mai, symbolisant l’intégration écologique au cœur du projet, avec 2 500 arbres et des fruitiers en libre accès.
- Le projet a nécessité une adaptation majeure face à la découverte d’espèces protégées et aux fluctuations du marché immobilier, aboutissant à une offre économique diversifiée et architecturale de qualité.
- Malgré une durée d’aménagement de plus de 15 ans, l’implication de Nexity dans l’écoute des habitants et la médiation a permis une acceptation progressive du projet, désormais quasi finalisé.
Reconnaissable à son cri perçant caractéristique, particulièrement audible la nuit en période estivale, l’œdicnème criard est un oiseau protégé qui fait partie de la famille des burhinidés. Le 24 mai prochain, il donnera aussi son nom à un parc au cœur de la ZAC Berliet, à Saint-Priest, emblématique programme de réhabilitation d’une ancienne friche industrielle. C’est à cette date que sera en effet inaugurée « La Plaine à l’Œdicnème », aire de 5,8 hectares, dont une partie a été aménagée par Nexity, qui accueillera à terme 2 500 arbres, dont des fruitiers en libre cueillette pour les habitants. « Ce parc met en exergue l’un des grands enseignements du projet : les enjeux de biodiversité ne doivent pas être subis, mais intégrés dès l’amont, pour structurer l’ensemble », indique Élodie Benoit, directrice générale du pôle Villes & Projets pour Nexity. Une nouvelle pierre à l’édifice de cet ambitieux programme urbanistique démarré en 2008, et dont la dernière sera posée dans quelques mois.
Une friche industrielle devenue le moteur de l’Est lyonnais
À Saint-Priest, dans la métropole de Lyon, la ZAC Berliet est en effet en passe d’achever sa mue. Initialement, il s’agit d’un site ayant abrité les usines Renault Trucks. Cette place forte de la production de poids lourds a accouché d’un quartier mixte, durable, pensé pour accueillir logements, activités économiques et équipements publics. En 2007, la mission confiée à Nexity s’annonce ambitieuse : transformer l’espace en un nouveau morceau de ville, articulé autour d’un maillage de voiries, d’espaces publics, de logements, d’équipements et de zones d’activités. « Il s’agit d’une opération d’aménagement qui peut sembler classique, résume Élodie Benoit, mais sur un foncier qui avait une histoire importante pour le territoire, avec une empreinte industrielle très marquée. »
La ZAC Berliet, c’est 112 hectares à réinventer, dans un contexte de raréfaction foncière à l’échelle métropolitaine. « Ce projet a largement contribué à la dynamique de l’Est lyonnais, en offrant un espace d’expansion qui n’existait plus ailleurs », développe notre interlocutrice.
Si le projet initial prévoyait une programmation mixte avec environ 2 000 logements, une vaste zone d’activité économique et plusieurs équipements publics et sportifs, sa réalisation n’a pas suivi une trajectoire linéaire. Dès les premières années, plusieurs défis majeurs ont nécessité de revoir la copie. « La première vraie disruption fut la découverte d’espèces protégées sur le site, rembobine Élodie Benoit. Confrontés à ce “déjà-là” qui a colonisé l’espace après l’arrêt des activités humaines, nous avons dû repenser le plan-masse, acheter un terrain en dehors du périmètre initial afin de développer une nouvelle zone de biodiversité. »
Autre aléa, d’ordre économique cette fois : l’évolution du marché tertiaire, très incertain après la crise de 2008. Ce qui a demandé d’adapter l’activité économique sous un nouvel angle et de créer des formats différents en matière d’immobilier professionnel, qui va aujourd’hui du parc d’activités au petit bâtiment tertiaire clé en main de quelques milliers de mètres carrés pour des entreprises du territoire. « Cette diversité fait aujourd’hui la richesse du quartier », note la directrice générale Nexity Villes & Projets, qui insiste par ailleurs sur un point : toute ZAC n’a pas vocation à être synonyme de no man’s land après 20 heures, comme la France en regorge dans bien des entrées de ville. C’est peut-être là l’une des grandes leçons de l’opération de la ZAC Berliet : la capacité à concevoir des zones d’activités intégrées à la ville, qualitatives sur le plan architectural, urbain et environnemental.
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Faire ville autrement, sur le temps long
Le lieu est aujourd’hui identifié par les habitants et intégré au paysage urbain territorial. Contrairement à ce que l’on observe parfois en amont de travaux d’une telle envergure, le projet n’a pas suscité de forte opposition à ses débuts. « Cela s’explique par la nature du site, qui était déjà en partie en friche et très étalé », analyse Élodie Benoit. En revanche, le véritable enjeu d’acceptation sociale s’est joué sur la durée. Car une opération d’aménagement de cette ampleur, étalée sur plus de quinze ans, impose à ses premiers habitants de cohabiter longtemps avec un environnement en transformation. Certains, installés dès 2014, ont pu ressentir une forme de lassitude ou de frustration, liée à ce caractère inachevé. « Et dans ce contexte, les petits tracas du quotidien prennent plus de place : la modification d’une politique locale de collecte des déchets, un sentiment d’inégalité entre voisins… »
Pour désamorcer ces tensions, Nexity a misé sur un accompagnement de proximité : réunions publiques régulières, écoute active, travail de médiation en lien avec les élus. « Il faut être présent, sur le terrain, pour créer de la confiance. C’est ce dialogue permanent qui permet de faire avancer un projet de manière apaisée », révèle la directrice générale. Aujourd’hui, l’essentiel du programme est achevé. Les logements ont tous été livrés. Les équipements publics sont en fonctionnement. « Il ne nous reste que quelques terrains à vendre sur la zone d’activité, et des aménagements à finaliser. La ZAC devrait officiellement arriver à son terme l’année prochaine », annonce Élodie Benoit. Les œdicnèmes, eux, chanteront dès ce printemps.
La ZAC Berliet en chiffres
- Terrain : 80 ha environ
- Programme total de 233 500 m²
- Plus de 138 000 m² d’activités
- Plus de 1 100 logements
- Plus de 12,6 ha d’espaces naturels dédiés à la biodiversité réalisés sous MOA Villes et Projets
- Coût de revient de l’opération : 35 millions d’euros HT, dont 14 millions d’euros (HT) de travaux d’aménagement
Architecte urbaniste : agence Reichen et Robert
- Signature du traité de concession en 2008
- Premières livraisons en 2011