Exemple de ferme urbaine. Des maraichers urbains souriant et en plein travail par une belle journée ensoleillée, avec la ville en arrière plan.
Publié le 17.05.22 - Temps de lecture : 3 minutes

Et si les villes devenaient d’immenses fermes ?

Jamais dans l’histoire de l’humanité nos sociétés n’avaient été aussi urbaines. Le monde compte près de quarante villes de plus de dix millions d’habitants et leur nombre ne devrait pas décroitre, bien au contraire. Alors comment nourrir tous ces urbains ? Au Japon, une multinationale a transformé une partie de ses bureaux en petite ferme au cœur des gratte-ciel de la capitale. Entre politiques marketing et véritables stratégies alimentaires, un champ des possibles à explorer.

Tokyo, capitale du Japon. Plus de quarante millions de personnes au sein de l’aire urbaine nippone où se concentrent des logements, des sièges sociaux , des centres commerciaux et… des jardins. Dans la neuvième ville la plus densément peuplée au monde (Paris est sixième), les lopins de terre sont rares. Impossible de créer des potagers comme ceux que nous connaissons au fond du jardin ou encore dans les marais, très appréciés en périphérie de certaines villes françaises. Ici, c’est sur les toits ou encore sur les balcons des géants de verre et d’acier que se logent les quelques expérimentations de fermes urbaines. Par « fermes », entendez davantage « petits espaces de culture » qu’exploitation agricole en tant que telle. Pas de fermier et encore moins de tracteurs mais plutôt des employés de bureau en costume qui se prêtent au jeu des petits potagers sur leur temps de pause et en dehors de leurs heures de travail.

Pasona, un géant des RH aux allures de géant vert

En 2010, la firme Pasona, fleuron japonais de la gestion des ressources humaines, décide d’incorporer des fermes urbaines au cœur de son siège social. Ce gros bloc en béton de neuf étages construit dans les années 1950 a été transformé en lieu de cohabitation entre employés, vergers et plantes potagères. Sur les 215 000 m2 du bâtiment, 40 000 m2 sont désormais occupés par des plantations. Fleurs sur les façades, rizières dans les espaces centraux, micro-cultures aquaponiques côtoient ordinateurs, salles de réunion et étagères d’archives.

 Le siège de la multinationale Pasona à Tokyo et ses façades végétalisées


Le siège de la multinationale Pasona à Tokyo et ses façades végétalisées

Si la description peut laisser certains perplexes, les résultats sont là. Alors que 93 % de la population japonaise vit en ville, ces espaces sont une véritable respiration pour les employés de Pasona qui contribuent à la récolte et consomment les fruits et légumes de leur production dans la cafétéria de l’entreprise. De là à généraliser la pratique pour nourrir toute une ville ? Certainement pas, la production ne permet même pas de rendre le bâtiment auto-suffisant. C’est toutefois une invitation pour ces salariés à se reconnecter avec la nature et l’opportunité pour l’entreprise d’améliorer son bilan carbone.


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Des méthodes efficaces mais insuffisantes ?

Le film d’anticipation Seul sur Mars réalisé par Ridley Scott donne un aperçu d’un futur possible pour l’agriculture. Après quelques jours d’exploration, l’astronaute incarné par Matt Damon tente de cultiver des pommes de terre sur la planète rouge aidé par des technologies de pointe.

 La serre de Mark Watney, incarné par Matt Damon dans Seul sur Mars ©20th CENTURY FOX 2015


La serre de Mark Watney, incarné par Matt Damon dans Seul sur Mars ©20th CENTURY FOX 2015

Les fermes verticales sont souvent associées à cette vision assez futuriste de l’agriculture quand bien même elles auraient déjà fait leurs preuves. D’après une étude de PwC sur les fermes verticales, ces techniques afficheraient un rendement cent fois supérieur à celui de l’agriculture traditionnelle, pour une consommation d’eau dix fois moins importante. Autre avantage crucial, encore renforcé par l’augmentation des prix de l’énergie, les fermes urbaines permettent de rapprocher les lieux de production des lieux de consommation. C’est par ailleurs l’un des meilleurs moyens d’améliorer la traçabilité des produits et la confiance que leur accordent les urbains puisqu’ils savent d’où proviennent les produits qu’ils consomment. Encore que, les fruits et légumes qui ont poussé au milieu du béton n’inspirent peut-être pas (encore) autant confiance que ceux issus des filières agricoles traditionnelles.

Friches urbaines… à défricher

Ce sont avant tout les espaces inutilisés des villes ou bien en reconversion qui représentent le plus gros potentiel en matière de production agricole. D’anciens parking ont par exemple été transformés en ferme urbaine de 1 300 m2 à Sartrouville dans les Yvelines, une pratique de réhabilitation qui tend à être développée. Plus chics, des rooftops végétalisés et aménagés en jardins potagers naissent ici et là avec de jeunes startups comme Sous les fraises ou Merci Raymond. Ces espaces potagers sont de véritables prétextes pour attirer des locataires ou acheteurs dans les résidences et des consommateurs dans les commerces, bars et restaurants.

La plus grande ferme urbaine du monde devrait d’ailleurs être française d’ici peu, située dans le XVe arrondissement de Paris très exactement. La société Viparis vise l’aménagement de 14 000 m2 de jardins sur le toit du nouveau hall du Parc des Expositions. Si ces initiatives ont l’avantage non négligeable de remettre du vert en ville et du local dans les assiettes, il semble pour l’heure plus probable que les grandes métropoles s’allient aux territoires agricoles les plus proches pour créer des circuits courts et nourrir tous leurs habitants comme Toulouse Métropole avec sa stratégie du « bien manger ».

Envies de ville : des solutions pour nos territoires

Envies de ville, plateforme de solutions pour nos territoires, propose aux collectivités et à tous les acteurs de la ville des réponses concrètes et inspirantes, à la fois durables, responsables et à l’écoute de l’ensemble des citoyens. Chaque semaine, Envies de ville donne la parole à des experts, rencontre des élus et décideurs du territoire autour des enjeux clés liés à l’aménagement et à l’avenir de la ville, afin d’offrir des solutions à tous ceux qui “font” l’espace urbain : décideurs politiques, urbanistes, étudiant, citoyens…

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