Publié le 04.06.20 - Temps de lecture : 3 minutes

La crise sanitaire peut-elle entraîner un exode urbain ?

Si la grande majorité des Français a pu profiter d’un accès à l’extérieur pendant le confinement, les citadins – franciliens en tête – sont nombreux à avoir souffert de leur logement trop petit. Lassés de vivre entassés, ils rêvent d’une vie au vert. Au point de se laisser tenter par un départ loin des grandes métropoles  ?

Après avoir passé des semaines cloîtrés dans leurs appartements, les habitants des grandes agglomérations sont confrontés à de nouvelles problématiques : comment conserver la distanciation physique dans des transports en commun bondés ? Où s’aérer lorsque tous les jardins et les parcs municipaux sont fermés ? Si la question de la saturation des transports ou du manque d’espace verts en ville ne sont pas nouvelles, elles sont devenues plus aiguës depuis le début de l’épidémie de coronavirus. Pour de nombreux Parisiens, la tentation est forte de s’installer loin de la ville.

L’exode des urbains, une tendance de fond ?

Combien sont-ils à vouloir quitter la capitale et ses alentours ? De nombreux indicateurs laissent penser que les Franciliens, par exemple, souhaiteraient se déconfiner définitivement ailleurs qu’en région parisienne. Principale raison : dans les grandes agglomération, les logements apparaissent trop chers pour des surfaces trop petites. Selon les chiffres de l’Insee, en Île-de-France, la proportion de logements surpeuplés s’élève à 20% (contre 9,5% pour l’ensemble du territoire). Le confinement pourrait avoir agi comme un révélateur : en passant l’essentiel de leur temps chez eux, les citadins auraient fini par prendre conscience des défauts de leur habitat et de leur environnement : trop bruyant, trop pollué et bien trop dense. De quoi les faire fuir définitivement ?

Les agences immobilières sont unanimes : depuis le début du confinement, les demandes de renseignement sur les maisons à l’écart des villes ont augmenté de manière significative. Faut-il pour autant y voir une tendance de fond ? Si les professionnels affirment que le marché a regagné son dynamisme d’avant-crise, il est encore trop tôt pour se prononcer.

Le bon choix : les métropoles régionales

Pour les parisiens en quête d’espaces verts et de logements spacieux à des prix abordables, deux options sont envisageables : la première consiste à s’éloigner des centres urbains pour s’installer en périphérie des grandes villes. Un nouveau type de demande semble se dessiner : les CSP+ à la recherche d’une résidence en dehors de Paris, avec une préférence pour les biens à moins de 100 km de la capitale : Senlis, Marne-la-Vallée, Fontainebleau, Chartres… Avec un bémol important : s’il s’agit d’une résidence principale, ce choix pourrait impliquer des heures de déplacements quotidiens pour se rendre sur son lieu de travail. Invitée sur France Inter le 21 mai dans le cadre de l’émission Le téléphone sonne sur la ville après la crise, la sociologue de l’habitat Monique Etel met en garde : l’intérêt pour le jardin privatif ou la terrasse à l’air libre pourrait rapidement tourner au cauchemar. “Des gens mettent 2 heures pour arriver à leur travail, ça rend la vie impossible”, dit-elle.

Deuxième possibilité : pour retrouver une qualité de vie en ville, les citadins semblent se tourner vers des métropoles régionales attractives à la densité de population plus compatible avec la distanciation physique. Selon un sondage Opinion Way réalisé en mars 2020 pour l’Officiel du déménagement, s’ils devaient déménager demain, les Français aimeraient s’installer principalement dans le sud de la France ou à proximité de la mer. Aix-en-Provence, Bordeaux, Vannes, Biarritz et Nantes caracolent en tête des destinations qui font le plus rêver. La crise sanitaire pourrait donc contribuer à dynamiser les territoires. Selon la même étude, les Français plébisciteraient aussi les pavillons situés à moins de 30 minutes des métropoles régionales.

Fantasme ou projet concret ?

S’il est pour l’instant impossible de prédire si les habitants des grandes agglomérations vont réellement les quitter, une chose est sûre : le ras-le-bol n’est pas nouveau. Voilà plusieurs années que les urbains affirment rêver de contrées plus vertes. En 2017, une étude du courtier Empruntis affirmait que 46% des Parisiens souhaitaient quitter la capitale. En février 2019, 56% des Franciliens estimaient qu’ils habiteraient dans une autre région s’ils en avaient la possibilité selon un sondage de l’institut Elabe. Malgré ces mauvais score, l’Île-de-France n’a, pour l’instant, pas connu d’épisode d’exode massif. Il n’empêche que le coronavirus pourrait servir de déclencheur aux citadins lassés par la capitale et ses alentours.

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