Tourisme sportif : un jogger en ville
Publié le 15.10.24 - Temps de lecture : 5 minutes

Les territoires jouent la carte du sport pour attirer les touristes

Loading the Elevenlabs Text to Speech AudioNative Player…

À RETENIR

  • Le tourisme sportif devient un levier majeur pour l’attractivité des territoires, avec 62 % des Français exprimant l’intention de s’y engager à l’avenir.
  • Les événements sportifs génèrent des retombées économiques significatives pour les collectivités, avec des partenariats public-privé essentiels, comme l’illustre le Tour de France 2021 qui a rapporté 4,35 millions d’euros à Brest.
  • Le sport nature, notamment les activités en plein air comme le VTT et la randonnée, valorise les paysages et attire des touristes tout en stimulant le développement local, malgré les défis budgétaires et environnementaux.
  • Certaines régions, comme Auvergne-Rhône-Alpes et la station balnéaire du Cap-d’Agde, utilisent le sport pour changer leur image et se positionner comme des destinations attractives, misant sur des infrastructures comme les voies cyclables.

L’attractivité des territoires est cruciale pour le développement économique et social, les collectivités locales cherchent constamment de nouveaux leviers pour se démarquer. Dans ce contexte, la pratique sportive devient un argument touristique majeur, au-delà de ses bienfaits sur la santé et la cohésion sociale.

D’autant que, selon une étude réalisée par Olbia Conseil et Média Filière en février 2024, un Français sur trois pratique le tourisme sportif et 62 % indiquent avoir l’intention de s’y mettre à l’avenir. L’activité physique a été déclarée Grande Cause nationale 2024 et l’organisation du plus grand évènement sportif de la planète, du 26 juillet au 11 août 2024, a encore plus accentué l’intérêt pour le sport et ses bienfaits.

Le tourisme sportif, une promesse de retombées multiples

Politiques sportives structurées, organisation d’évènements sportifs d’envergure, promotion du sport nature et du tourisme actif, partenariats public-privé, les collectivités et les territoires s’organisent pour transformer le sport en un atout touristique essentiel. Les retombées peuvent en effet être multiples pour la collectivité qui accueille un événement sportif sur son territoire : augmentation de l’activité en hôtellerie et restauration, visibilité médiatique, définition de nouveaux partenariats avec des acteurs extérieurs ou locaux,

Au-delà de l’investissement pour la construction et la rénovation d’équipements et d’infrastructures adaptés, les collectivités et leur tissu associatif s’impliquent donc dans l’organisation d’événements sportifs qui dynamisent l’économie locale et renforcent l’image du territoire en attirant des participants et des spectateurs, parfois du monde entier. C’est bien sûr le cas avec des événements sportifs internationaux comme le Tour de France. Porté par une équipe formée par ASO (Amaury Sport Organisation), les collectivités locales et des sponsors privés, il constitue un exemple emblématique de partenariat public-privé à succès :  les villes étapes ayant investi pour accueillir la course, attirent des milliers de visiteurs avec des retombées économiques conséquentes. A titre d’exemple, la première étape du Tour de France 2021 à Brest a généré environ 4,35 millions d’euros de retombées économiques pour le territoire finistérien, soit 3 euros de retombées par euros investis.

L’organisation de manifestation sportive peut aussi être un moyen de pallier une plus faible fréquentation touristique en intersaison. C’est le cas du tournoi international de tir à l’arc, le Nîmes Archery, organisé à Nîmes chaque année en janvier. Ce tournoi, qui a plus de 25 ans, a été construit par un club local en concertation avec les collectivités et avec les professionnels de l’hôtellerie, qui enregistrent des faibles taux de réservation à cette période de l’année.

Trouver des partenaires privés pour co-financer les projets

Le tourisme sportif ne repose pas uniquement sur l’organisation d’événements plus ou moins médiatisés. Il consiste le plus souvent à mettre en valeur la richesse des territoires. En choisissant de développer le sport nature, avec des activités telles que la randonnée, le VTT, l’escalade ou les sports nautiques, les territoires ruraux et périurbains misent sur la valorisation des paysages naturels qui offrent une expérience unique aux touristes en quête d’activités en plein air.

Les budgets limités, la recherche de partenaires, l’accessibilité et la maintenance des équipements comme l’attractivité et l’environnement sont autant de défis auxquels doivent faire face les projets privilégiant la pratique sportive comme levier d’attractivité touristique.

Concernant le volet du financement et des ressources, les collectivités doivent souvent composer avec des budgets qui limitent les investissements dans les infrastructures sportives et l’organisation d’événements. Il leur faut donc trouver des partenaires privés pour co-financer les projets, assurer la maintenance des infrastructures sportives existantes, garantir qu’elles soient accessibles à tous et réfléchir à des aménagements spécifiques. En nouant des partenariats avec des entreprises privées, des associations sportives et des fédérations, les collectivités optimisent l’impact de leurs initiatives et permettent, grâce à ces collaborations, de mutualiser les ressources, d’innover et de proposer des offres sportives attractives et diversifiées. Les partenariats public-privé sont essentiels pour le financement et la promotion des projets sportifs.


À lire aussi


Éviter la sur-fréquentation et préserver les sites naturels

De plus en plus de territoires misent sur l’attractivité par le sport, créant ainsi une nouvelle concurrence entre eux. Il faut alors se démarquer par des offres innovantes pour attirer les touristes dans sa région, et maximiser l’engagement local en impliquant les résidents locaux dans les initiatives sportives et touristiques. Les événements sportifs et les infrastructures ayant un impact sur l’environnement, les collectivités doivent intégrer des pratiques durables et respectueuses de la nature, gérer les flux de visiteurs de façon efficace pour éviter la sur-fréquentation et préserver les sites naturels. En surmontant ces défis, les collectivités peuvent maximiser les bénéfices de leurs initiatives sportives et touristiques, tout en contribuant au développement durable et à la qualité de vie des habitants.

Bien-être et développement durable sont à l’origine des initiatives des territoires qui réalisent partout en France des centaines de kilomètres balisés générant des retombées de plus en plus importantes : « On assiste à une volonté, notamment des départements, de coordonner les itinéraires utilitaires (…) avec les itinéraires touristiques », mentionne Nicolas Pinson, chargé de mission à France Vélo Tourisme, citant le cas de la Loire-Atlantique qui investira 140 millions pour relier (…) toutes ses communes par des itinéraires vélos. « Les collectivités se sont bien emparées de la thématique et continuent à investir dans les aménagements », observe Sophie Rapinel, chargée de mission à Vélo & Territoires, qui rappelle que « ce mode de déplacement est idéal pour irriguer les territoires. » tout en soulignant l’appartenance aux catégories socio-professionnelles aisées du cycliste itinérant, qui dépense davantage que le touriste motorisé.

La circulaire 9 du 20 janvier 2015 a invité les préfets à mettre en place un schéma de développement du sport dans les régions, avec comme pilote et coordonnateur, les services déconcentrés de l’État, les Directions Régionales de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale (DRJSCS).  La région Grand Est a ainsi choisi d’associer à son schéma de développement du sport, un schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires plus prescriptif pour construire l’avenir du développement sportif du territoire, l’instance de dialogue est ici un parlement du sport. Deux axes prioritaires ont émergé des concertations : la structuration du haut niveau, l’organisation de compétitions internationales et l’offre de pratique sportive de proximité.

Le sport, un atout d’attractivité et un moyen de changer d’image

Avec son littoral et ses montagnes, le territoire français offre un formidable terrain de jeu pour la pratique d’activités physiques et sportives. Les Français ne s’y trompent pas car 92% des pratiquants de tourisme sportif ont pratiqué en France. L’Auvergne-Rhône Alpes est la région la plus fréquentée : elle regroupe à elle seule 21% des activités pratiquées et devance la Provence Alpes Côte d’Azur et l’Occitanie.

Si certaines villes utilisent le sport comme un atout d’attractivité, d’autres y voient le moyen de changer d’image. C’est le cas de la station balnéaire du Cap-d’Agde (Hérault), qui cherche à s’affranchir de son image de village naturiste au littoral bétonné. « Notre destination est en pleine mutation, avec un accent sur le sport de pleine nature et le bien-être », assure Christian Bèzes, directeur de l’Office du tourisme Cap-d’Agde Méditerranée. Sa communauté d’agglomération Hérault Méditerranée développe des voies cyclables. Dernier en date : un tronçon de 8 km entre Agde et Bessan, qui sera prolongé jusqu’à Pézenas en 2025. « Il y a un engouement croissant des touristes pour la pratique du vélo, notamment chez la clientèle internationale », constate Christian Bèzes.

En intégrant le sport dans leur stratégie de développement touristique, les collectivités territoriales réussissent à créer des destinations dynamiques et attractives. Le sport devient ainsi un levier puissant pour renforcer l’attractivité des territoires, stimuler l’économie locale et améliorer la qualité de vie des habitants. Les initiatives innovantes et les collaborations fructueuses montrent la voie à suivre pour faire du sport un véritable atout touristique.

Quelles sont les 3 grandes catégories de tourisme sportif ?

Le tourisme sportif événementiel

Il consiste à se déplacer pour assister à un événement sportif, qui peut être aussi bien local qu’international. Les grands événements sportifs internationaux attirent un très large public, susceptible de rester plusieurs jours, voire plusieurs semaines (Jeux Olympiques et paralympiques, Coupe du Monde de football, Tour de France, Ligue des Champions, Tournoi des 6 Nations, etc…).

Le tourisme sportif participatif

Il consiste à se déplacer pour participer activement à un sport et non plus être simple spectateur, le plus souvent dans le cadre d’une compétition. Ce type de tourisme offre une expérience immersive et personnelle, permettant aux participants de se confronter à eux-mêmes et aux autres dans des environnements variés (Marathons de New York et de Paris, Triathlons, etc…).

Le tourisme sportif de visite

Le tourisme sportif de visite concerne la visite de lieux sportifs mythiques. Ces lieux sont chargés d’histoire et offrent aux visiteurs l’opportunité de revivre des moments emblématiques du sport (Stade de Wembley à Londres, Madison Square Garden à New York, musées du sport, etc…).

Envies de ville : des solutions pour nos territoires

Envies de ville, plateforme de solutions pour nos territoires, propose aux collectivités et à tous les acteurs de la ville des réponses concrètes et inspirantes, à la fois durables, responsables et à l’écoute de l’ensemble des citoyens. Chaque semaine, Envies de ville donne la parole à des experts, rencontre des élus et décideurs du territoire autour des enjeux clés liés à l’aménagement et à l’avenir de la ville, afin d’offrir des solutions à tous ceux qui “font” l’espace urbain : décideurs politiques, urbanistes, étudiant, citoyens…

✉️ Je m’inscris à la newsletter