Vue de Béziers : le Sud de la France est en train de devenir lui aussi un territoire clé pour l’implantation de gigafactories, avec deux projets importants qui verront bientôt le jour.
Publié le 07.05.25 - Temps de lecture : 3 minutes

À Fos-sur-Mer et à Béziers, les Gigafactories gagnent le Sud

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En complément de la « vallée de la batterie » dans le nord, le Sud de la France est en train de devenir lui aussi un territoire clé pour l’implantation de gigafactories, avec deux projets importants qui verront bientôt le jour.

Pour répondre à des enjeux à la fois climatiques, économiques et stratégiques, le sud de la France commence à s’imposer comme un second moteur de la réindustrialisation verte et du renforcement de la souveraineté industrielle française et européenne.

Alors que les Hauts-de-France se sont spécialisés au cours des années dans les batteries pour véhicules électriques, les premiers projets de gigafactories en cours de concrétisation dans la région PACA sont dédiés aux énergies décarbonées, avec la production à grande échelle de panneaux photovoltaïques et d’électrolyseurs. En quoi consistent ces projets ? Comment participent-ils à la réindustriaisation des territoires ?

Une première gigafactory à Fos-sur-Mer

 À l’initiative de Carbon, société française constituée par un consortium d’entrepreneurs et d’industriels convaincus de la nécessité de reconstruire notre souveraineté économique et notre indépendance énergétique, le projet d’implantation d’une usine de grande taille à Fos-sur-Mer vise à relocaliser la production de silicium, de cellules solaires et de panneaux photovoltaïques pour réduire notre dépendance aux importations étrangères, notamment chinoises. 

Située à proximité du Grand Port maritime de Marseille (GPMM) au sein de l’une des plus importantes « zones industrialo-portuaires » (ZIP) en Europe, cette gigafactory, qui sera connectée, robotisée et intelligente, occupera près de 45 hectares, dont 30 hectares artificialisés, et comprendra des bâtiments de production, des espaces de stockage, des espaces verts, des zones de circulation, de stationnement et de chargement.

Le choix de cet emplacement offre un accès maritime de premier plan pour l’importexport, avec 500 000 tonnes de fret annuel prévues, ainsi qu’une position stratégique pour desservir les marchés méditerranéens et européens. En outre, la ZIP de Fos-sur-Mer bénéficie d’infrastructures routières, ferroviaires et fluviales préexistantes.

 Cette première gigafactory dans le Sud aura une capacité de production annuelle de 5 gigawattcrète 2 (GWc) de cellules photovoltaïques, ainsi que de 3,5 GWc de modules photovoltaïques. La Région a octroyé 15 millions d’euros d’aides pour un projet qui coûtera 1,5 milliard d’euros. 

Pour autant, la plus-value pour le territoire est importante, avec la création de 3 000 emplois directs et de 3 000 emplois indirects, ainsi que des recettes fiscales. Par ailleurs, Carbon travaille avec des acteurs de la formation et de l’insertion pour faciliter l’accès aux métiers du solaire, ce qui va localement dynamiser l’emploi.

En couvrant chaque maillon du processus industriel, depuis la mise à disposition des matières premières jusqu’à la commercialisation du produit fini, le projet Carbon entend répondre en partie à l’augmentation inévitable de la demande en électricité, en produisant des équipements photovoltaïques compétitifs, fiables, et durables.

Le dépôt du permis de construire a été effectué en avril 2024 ; la mise en service du site est prévue en 2026, avec une montée en puissance industrielle jusqu’en 2027. Le projet est labellisé d’intérêt national majeur (PINM).


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Une deuxième gigafactory va voir le jour à Bézier

Conduit par Genvia, une société issue d’un partenariat public-privé qui regroupe SLB (anciennement Schlumberger), le CEA Grenoble, Vinci Construction, Vicat et la Région Occitanie, le projet d’implantation d’une gigafactory à l’est de Béziers vise de son côté à doter la France d’un site de fabrication à grande échelle d’électrolyseurs à haute température, équipements indispensables pour produire de l’hydrogène vert.

La future usine sera construite sur une parcelle de 49 hectares dans le Technoparc de Mazeran, labellisé « sites clés en main France 2030 ». Elle fabriquera plusieurs milliers d’électrolyseurs par an, avec un premier produit industriel qui sera capable de générer 600 kg/jour d’hydrogène décarboné dès 2026.

Ce projet vise à créer un écosystème industriel autour de l’hydrogène à Béziers. Si le site de Mazerana été réservé en priorité pour Genvia, plusieurs PME locales vont pouvoir s’y implanter afin de favoriser la concentration des talents et de l’innovation. L’État soutient ce projet à hauteur de 200 millions d’euros. La pose de la première pierre est prévue en 2026 et la mise en service d’un premier bâtiment interviendra en 2027.

Ces nouvelles implantations dotent la région PACA de capacités de production industrielle supplémentaires. Elles s’inscrivent dans une stratégie nationale de rééquilibrage territorial et de spécialisation régionale, où le sud, qui bénéficie d’un important potentiel solaire, est appelé à jouer un rôle clé pour accélérer la transition énergétique, tandis que le nord, situé au carrefour des axes de circulation européens, est mobilisé pour soutenir le développement de la mobilité électrique. En mettant à profit les spécificités des territoires, cette répartition constitue une nouvelle étape dans le processus de réindustrialisation.

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