
Aménagement urbain : vers une ville du bien-être pour toutes et tous
Face aux nouveaux défis urbains, les villes se transforment pour mieux répondre aux attentes de leurs habitants. Sécurité, fraîcheur, accessibilité, lien social : autant d’enjeux au cœur des projets d’aménagement. À travers ce best of, Envies de ville vous propose de redécouvrir les initiatives les plus marquantes.
À RETENIR
- Les projets urbains en France s’orientent vers le bien-être des usagers en intégrant sécurité, fraîcheur, accessibilité et lien social, à travers des aménagements adaptés comme les cours d’écoles végétalisées ou les espaces publics réinventés.
- Plusieurs initiatives ciblent spécifiquement les besoins des femmes, telles que les arrêts de bus à la demande la nuit et les « maisons des femmes », affirmant un engagement institutionnel en faveur de la protection et du soutien.
- Les espaces verts sont reconnus pour leurs bénéfices sanitaires et climatiques : ils réduisent les pathologies, atténuent les chaleurs urbaines et doivent rester accessibles, sécurisés et bien intégrés dans la vie quotidienne.
- La transition vers une ville apaisée passe par le développement des mobilités douces, la gratuité des transports dans certains cas, la mixité des fonctions urbaines et une revalorisation des zones d’activités en espaces mixtes, durables et connectés.
Une évidence trop longtemps ignorée : la ville doit être pensée pour celles et ceux qui y vivent. Partout en France, les projets d’aménagement urbain évoluent pour répondre à un objectif commun : garantir le bien-être des usagers. À titre d’exemple, de nombreux dispositifs placent désormais la qualité de vie au cœur des politiques publiques. Sécurité, fraîcheur, accessibilité, lien social… Ces aspirations orientent désormais les choix des collectivités en matière urbanistique. De la cour d’école végétalisée aux zones d’activités réinventées, l’espace urbain se transforme pour mieux accueillir la diversité de ses usages.
Aménagement urbain : des espaces publics pensés pour les femmes
Face à un espace public historiquement normé, plusieurs villes s’engagent aujourd’hui pour mieux répondre aux besoins spécifiques des femmes. À Nantes, Brest ou Paris, des dispositifs d’arrêts à la demande dans les bus de nuit permettent aux passagères de descendre au plus près de leur domicile, dans des zones éclairées et sécurisées.
Autre exemple : la création de « maisons des femmes » à Paris, Marseille, Montpellier ou Béziers. Ces lieux d’accueil offrent un accompagnement global – psychologique, médical, juridique – aux femmes victimes de violences. Leur intégration dans le tissu urbain envoie un signal fort : la ville, via ses institutions, peut et doit protéger, réparer et écouter.
Une cour d’école pour affronter le climat
Avec la multiplication des vagues de chaleur, les collectivités réinvestissent un lieu longtemps négligé : la cour d’école. Fini l’asphalte brûlant, les « cours Oasis », déjà expérimentées à Paris et dans plusieurs régions, transforment ces espaces en véritables îlots de fraîcheur. Désartificialisation des sols, plantations d’arbres, nouveaux mobiliers : ces aménagements réduisent la température tout en favorisant la biodiversité.
Mais ils ne sont pas que climatiques. En offrant des coins d’ombre, des espaces variés et une plus grande égalité d’accès aux jeux, ces nouvelles configurations contribuent aussi à un apaisement global, souvent marqué par des tensions genrées. La cour devient un outil pédagogique autant qu’un espace de bien-être.
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Espaces verts : des ressources de santé publique
La végétalisation des villes ne relève plus seulement d’une exigence esthétique : elle répond à des enjeux de santé publique. Le lien entre nature et bien-être est désormais établi. En 2023, une étude du cabinet Asterès pour l’Union nationale des entreprises du paysage a estimé que les espaces verts urbains avaient permis d’éviter plus de 275 000 pathologies, dont 145 000 cas de diabète chez les seniors.
Bien conçus, ces espaces peuvent aussi absorber les eaux pluviales, limiter les inondations et rafraîchir l’air en été. Avec en moyenne 50 m² de vert par habitant, la France dépasse largement les recommandations de l’OMS. Encore faut-il garantir leur accessibilité, leur sécurité et leur usage quotidien.
Mobilités douces et ville apaisée : une équation possible
Comment réduire la dépendance à la voiture sans exclure les périphéries ? À Châteauroux, la gratuité des transports en commun a multiplié leur fréquentation par 3,5. Un succès qui invite à repenser l’aménagement urbain autour des mobilités douces.
Mais la mobilité durable ne se décrète pas. Elle repose sur des infrastructures sécurisées (pistes cyclables, trottoirs élargis), une mixité fonctionnelle (rapprocher logement, travail et services), et des solutions efficaces pour les « derniers kilomètres » : parkings-relais, aires de covoiturage, navettes à haute fréquence. Autant d’outils pour faire de la ville un espace fluide, accessible et sobre en carbone.
La zone d’activités du futur : plus mixte, plus locale, plus verte
Longtemps pensées comme des poches monofonctionnelles à l’écart de la ville, les zones d’activités entament une mue. Finie la spécialisation rigide, place au ménagement : un urbanisme qui valorise l’existant et mêle les usages.
Des agences comme UR imaginent des modèles hybrides où logements, ateliers, services et infrastructures cohabitent. Les toits solaires d’un entrepôt alimentent un immeuble voisin via un smart grid, les circuits courts relient producteurs et habitants. En rapprochant lieux de travail et de vie, ces zones participent à la transition écologique… et à une ville plus humaine.
Villes partagées : donner envie d’habiter l’espace public
Enfin, une ville du bien-être est une ville habitée, investie, appropriée. Cela suppose des espaces publics accueillants, confortables, inclusifs : bancs généreux, éclairage soigné, fontaines, mobilier accessible, animations culturelles… Autant d’éléments qui invitent à la présence et à la rencontre.
La co-construction des projets – ateliers participatifs, diagnostics en marchant, budgets participatifs – permet d’ancrer les aménagements urbains dans les usages réels. Car une ville pensée pour ses habitants, c’est d’abord une ville pensée avec eux.