Protéger les femmes dans l’espace public :
Publié le 02.04.24 - Temps de lecture : 3 minutes

Comment les villes innovent pour mieux protéger les femmes dans l’espace public

De Montfermeil à Nantes, en passant par Paris ou encore Marseille, de plus en plus de villes s’engagent pour que les femmes puissent se sentir en sécurité dans l’espace public.

À RETENIR

  • À Montfermeil, le Mag’Violences, un magazine spécial sur les violences faites aux femmes, est publié chaque 8 mars et distribué largement, illustrant une initiative municipale proactive dans la lutte contre ces violences.
  • La réflexion sur l’aménagement de l’espace public pour plus de sécurité pour les femmes est en cours dans plusieurs villes, avec des actions concrètes comme les arrêts à la demande dans les bus de nuit à Paris, Nantes, et Brest.
  • Des maisons des femmes, offrant soutien et ressources aux victimes de violences, se multiplient sur le territoire français, avec un doublement annoncé par la première ministre Elisabeth Borne au printemps 2023.

À Montfermeil, en Seine-Saint-Denis, le magazine municipal publie un hors-série, chaque 8 mars, pour la journée internationale pour les droits des femmes. Le Mag’Violences, c’est son nom, est tiré à plus de 12.500 exemplaires. Distribué dans les boîtes aux lettres des habitants, dans les services publics mais aussi dans certains commerces, ce numéro spécial est entièrement consacré aux violences faites aux femmes. Une initiative inédite qui porte ses fruits et qui s’inscrit, à son niveau, dans une volonté de reconquête de l’espace public pour les femmes.

L’espace public n’est pas neutre”, résumait Hélène Bidard, adjointe à la Maire de Paris en charge de l’égalité femmes hommes, de la jeunesse et de l’éducation populaire en 2021. “Jusqu’à peu, notre environnement urbain était construit par et pour les hommes, avec pour conséquences, invisibilité, inadaptation, insécurité pour les femmes.” Un constat partagé par les collectivités puisque de plus en plus de politiques publiques veulent améliorer le quotidien de 50% des habitants des villes.

Protéger les femmes dans l’espace public : "Une"du Mag’Violences initié par Djena Diarra, adjointe au maire de Montfermeil.

Protéger les femmes dans l’espace public : « Une » du Mag’Violences initié par Djena Diarra, adjointe au maire de Montfermeil.

Les bus de nuit ou quand les femmes réapprivoisent l’espace public

Sur vingt-quatre pages, des articles de fond, des témoignages, des interviews, des informations pratiques, le tout illustré par des photos qui rivalisent avec les grands magazines de mode. “On voulait faire un peu comme Vogue”, explique Djena Diarra, adjointe au maire, responsable des politiques de prévention et droits des femmes de Montfermeil, à l’origine du projet « Mag’Violences ». “Mais avec des articles sur des sujets bien différents.” Résultat, depuis trois ans, le magazine est un rendez-vous attendu. “Beaucoup d’élus nous questionnent sur ce projet, les commissariats reçoivent plus de victimes de violences dans les jours qui suivent la sortie du magazine, on a vraiment la sensation que la parole se libère.

Si Montfermeil a décidé d’inviter le sujet des violences faites aux femmes dans tous les foyers de ses habitants, d’autres municipalités décident de miser sur une politique de transports innovante et pragmatique. À Nantes, Brest mais aussi Paris, depuis septembre 2023, la réflexion autour des problématiques que vivent les femmes dans l’espace public a amené les municipalités à mettre en place un système d’arrêts à la demande dans les bus de nuit.

Depuis 2022, ce dispositif était en test sur certaines lignes à Paris. Selon Île-de-France Mobilités, il s’agit de « renforcer le sentiment de sécurité dans les transports […], notamment des femmes qui utilisent les bus et qui rentrent tard le soir ». Cet arrêt à la demande n’est possible que si le point de descente est sur l’itinéraire de la ligne, bien éclairé, avec une bonne visibilité et qu’il permet à un piéton de cheminer en sécurité.


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La volonté des maires au cinéma

À Marseille, Montpellier ou encore Béziers, des “maisons des femmes” ont été ouvertes sur le modèle du centre du même nom dans le douzième arrondissement de Paris. Ces établissements, dédiés aux femmes victimes de violences, offrent un lieu de recueil de leur parole, d’accompagnement psychologique et juridique, d’information et d’orientation. Au printemps 2023, Elisabeth Borne, alors première ministre, a d’ailleurs annoncé que ces structures seront ouvertes dans chaque département et que leur nombre devrait doubler. Sur tout le territoire national, aujourd’hui, 56 maisons des femmes sont ouvertes.

Le cinéma ne s’y est pas trompé, les villes changent et les maires sont en première ligne. En novembre 2023, Clovis Cornillac incarnait au cinéma un maire de campagne, engagé pour la survie des services publics et contre la chute de la démographie dans son village au pied du Mont-Blanc. Pour se faire, il décidait d’ouvrir un foyer d’accueil pour les femmes victimes de violences et leurs enfants. Ce film est inspiré d’une histoire vraie, celle d’Arnaud Diaz, maire du village de l’Hospitalet-près-L’Andorre qui a lutté pendant sept ans pour ouvrir en 2019 la Maison des cimes. Une réussite qui perdure aujourd’hui encore.

 

Crédit photo : Michaël Guichard pour Mag Violence 2024

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