Publié le 14.06.18 - Temps de lecture : 3 minutes

Budget participatif, ou comment renforcer la démocratie locale au sein des villes ?

Déjà adopté par plus de 50 villes en France, le budget participatif poursuit son ascension avec la promesse d’impliquer toujours plus de citoyens dans les choix budgétaires de leur commune. Ce processus démocratique peut-il se faire une place de premier plan dans la ville intelligente ?

Le principe : permettre aux citoyens, non élus, d’être associés à la définition des investissements publiques de leur ville. Avant de faire son apparition en France, c’est dans la ville de Porto Alegre au Brésil – en 1989 – que le budget participatif a fait ses premières armes. Le contexte était alors tout particulier : celui de la démocratisation du Brésil après la dictature militaire. Le recours au budget participatif consistait alors à lutter contre les inégalités mais aussi à bien identifier les attentes des citoyens. C’est ainsi que les ressources publiques ont pu être redistribuées en faveur de secteurs dont les habitants avaient le plus de besoins. Construction d’écoles, tout-à-l’égout, routes bitumées… de nombreux aménagements ont ainsi pu être réalisés et ce, particulièrement dans les quartiers défavorisés, zones qui n’avaient pas été considérés comme prioritaires par le gouvernement. Après le Brésil, le concept s’est étendu à d’autres villes d’Amérique Latine, mais aussi d’Asie, d’Afrique et d’Europe. Aujourd’hui, entre 1200 et 2800 villes proposeraient un budget participatif à ses habitants.

Un phénomène qui gagne du terrain en France

Si le budget participatif a fait une entrée modeste dans les années 2000 en France, le concept a pris de l’ampleur à partir de 2014. Encouragée par la nouvelle équipe de la Mairie de Paris, la capitale s’est tournée vers cette méthode de participation pour impliquer directement les habitants dans ses projets d’aménagements urbains. Résultat : les parisiens ont été plus de 40 000 à voter la première année du dispositif et 168 000 participants pour l’édition 2017. Un engouement qui a même conduit la Ville de Paris à lancer un site internet dédié et à donner la possibilité aux habitants de proposer eux-mêmes leurs projets.

Même s’il ne représente aujourd’hui que 5% du budget d’investissement des collectivités en moyenne, ce type de dispositif est donc en plein essor dans le territoire français. Et si Paris fait figure de locomotive, la capitale n’est pas la seule collectivité territoriale à s’être lancée dans cette initiative. Rennes, Grenoble, Metz ou encore Montreuil, Mulhouse et récemment Avignon, sont elles aussi engagées dans ce renouvellement des modes d’élaboration des politiques publiques. Le dispositif rennais, baptisé “La Fabrique citoyenne”, a par exemple généré 525 idées qui ont pu être départagées par plus de 16 000 participants qui ont voté en ligne pour leurs projets favoris. 28 projets lauréats ont ainsi été retenus parmi lesquels des aménagements pour les vélos, la végétalisation du centre-ville, la création d’un city stade ou encore l’accès au numérique dans les quartiers populaires. En 3 ans, le nombre de communes séduites par le budget participatif a été multiplié par 8, passant de 6 en 2000, à 25 en 2014 et à 47 en 2017. Une forte expansion qui laisse présager que d’autres villes passeront prochainement le cap.

Rétablir un lien de confiance entre citoyens et élus

Qu’il s’agisse d’optimiser l’aménagement de l’espace urbain, de favoriser des modes de circulations doux et alternatifs, de contribuer au développement d’espaces culturels et sportifs ou encore de faire entrer la nature en ville : une des grandes forces du budget participatif relève du fait qu’il soit concret. Il s’agit de voter pour des dépenses d’investissements et des projets qui contribueront directement à l’amélioration de la qualité de vie des citadins. D’autre part, c’est aussi un dispositif qui favorise la confiance entre citoyens et élus dans la mesure où la collectivité réserve une enveloppe budgétaire à la réalisation de projets proposés et choisis par les citoyens eux-mêmes. Mais comment susciter l’engagement citoyen à l’heure où les français sont de moins en moins nombreux à se rendre dans les urnes ? Plutôt que de passer par le vote papier, la plupart des communes impliquées dans ce type de dispositif s’appuient aujourd’hui sur des solutions numériques, à l’instar de l’application de la startup Fluicity qui propose différents modules permettant à la fois de voter pour des projets participatifs, de répondre à des sondages (référendum local, budget participatif, concertation…) ou encore de proposer des idées citoyennes.

Pour Nicolas Patte, directeur de la communication de la startup Cap collectif, le budget participatif a également un rôle inclusif. “Il permet une articulation fluide entre le numérique (la plateforme) et les dispositifs présentiels imaginés par la collectivité – tels que des ateliers d’idéation à l’échelle des quartiers ou du vote déambulatoire – pour toucher des publics absents des démarches participatives habituelles”, déclare-t-il dans un article publié sur La Gazette des Communes. Selon lui, le budget participatif peut aussi amener davantage de pédagogie en permettant aux citadins de mieux comprendre le travail des élus et des services au niveau budgétaire.

L’année 2018 promet d’accueillir encore plus de villes dans les rangs de ce phénomène démocratique. La ville d’Antony a annoncé vouloir suivre le mouvement cette année, tandis qu’Avignon clôturera dans quelques semaines les votes de sa deuxième édition. D’autres villes comme Clermont-Ferrand étudient les dossiers proposés par les habitants avant qu’ils ne soient soumis aux votes.

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