Des batiments de verre aux toits et façades végétalisés
Publié le 06.10.22 - Temps de lecture : 3 minutes

La transition bas-carbone en plein essor : « +55 % de projets bas carbone en un an »

Depuis sa création en 2015, l’Association pour le Développement du Bâtiment Bas Carbone (BBCA) et le label du même nom sont moteurs de la transition bas carbone du secteur du bâtiment. Les derniers Trophées BBCA, dont le palmarès a été dévoilé lors du SIBCA (22 au 24 septembre 2022), ont récompensé les maîtres d’ouvrage et les territoires exemplaires. Hélène Genin, Déléguée générale de l’association BBCA, mesure la bascule que connaît la fabrique de la ville.

Cette rentrée 2022 est placée sous le signe de la sobriété énergétique, avec un mouvement d’accélération de la transition écologique. Le secteur du bâtiment se réinvente en ce sens. Quelles sont les activités de l’association en ces temps de prise de conscience accrue ?

Hélène Genin : Nous mobilisons la profession depuis 2015 pour développer le bas carbone, essentiel pour un secteur qui représente plus du quart des émissions CO2 en France. Notre mission principale a été de développer la connaissance du bas carbone, avec le développement de notre label pionnier, qui apporte une solution de mesure de l’empreinte carbone du bâtiment. Cette rentrée est importante à plusieurs titres. La RE2020 est entrée en vigueur depuis quelques mois et invite les constructeurs à prendre en compte le bilan carbone de leurs opérations. Par ailleurs, la première édition du SIBCA, du 22 au 24 septembre, fut l’occasion de réunir tous les acteurs de la chaîne immobilière et de partager les bonnes pratiques.

Alors que la RE2020 est entrée en application, comment observez-vous la conversion de la filière immobilière vers le bas carbone ?

Hélène Genin : Nous assistons aujourd’hui à un véritable changement de paradigme. Auparavant, on ne s’intéressait qu’aux consommations énergétiques du bâtiment en phase d’exploitation par le prisme de la réglementation thermique, le carbone était ignoré. L’urgence climatique nous force désormais à considérer l’impact carbone du secteur sur l’intégralité du cycle de vie des bâtiments (construction-exploitation-fin de vie), au-delà du simple usage. Et on mesure le poids de la construction qui est majoritaire pour un bâtiment neuf avec 60 % des émissions de CO2. À date,  450 opérations se sont engagées dans la démarche BBCA, pour 3 millions de mètres carrés, soit une croissance de 55 % en un an. La dynamique ne se dément pas et concerne le neuf comme la rénovation. Par ailleurs, toute la filière est mobilisée : les utilisateurs et les propriétaires d’actifs, mais aussi les aménageurs et les collectivités. Nous venons de dévoiler un label sur le quartier bas carbone pour ces derniers.


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Comment les prescripteurs publics peuvent-ils encourager le développement du bas carbone, en se saisissant du label BBCA notamment ?

 

Hélène Genin : Les maîtres d’ouvrage forment un maillon déterminant de la filière. Je l’évoquais, le bas carbone commence dès la conception du bâtiment, par le choix de la sobriété avec des modes constructifs plus vertueux comme les matériaux biosourcés, réemployés ou recyclés ou l’économie de déchets avec le hors-site. Le choix de la rénovation, plutôt que la démolition-reconstruction, est un levier clef de la transition bas carbone, conserver un matériau, c’est prolonger la durée de vie d’un matériau et éviter d’émettre avec un matériau neuf. Quant aux aménageurs et aux élus, ils auront un rôle clef en tant que prescripteurs de directives bas carbone dans les cahiers des charges, avec notamment le label BBCA, outil à leur disposition pour déterminer des plafonds d’émissions à ne pas dépasser. Ils fixent un cadre qui irrigue toute la chaine.

Quels sont les freins que rencontre la filière aujourd’hui (massification du réemploi de matériaux, économies d’énergie, etc.) ?

Hélène Genin : D’une part, il faut favoriser la formation des équipes à l’écoconception et à l’analyse du cycle de vie. Le SIBCA répond d’ailleurs à cette nécessité de partager les retours d’expérience de ceux qui ont éprouvé les solutions. D’autre part, tous les acteurs de la fabrique de la ville doivent travailler de concert, en dépassant les logiques de silos : l’architecte, le maître d’ouvrage, les bureaux de contrôle, etc. Penser le cycle de vie nécessite d’inclure toutes les parties prenantes qui conçoivent le bâtiment et en font usage. Enfin, la réglementation doit évoluer pour encourager la massification des modes constructifs plus vertueux.

Le dernier palmarès des Trophées BBCA a consacré des opérations particulièrement exemplaires, notamment celles de Nexity : quels enseignements en tirez-vous ?

Hélène Genin : En effet, Nexity est arrivé en tête des quatre classements du Palmarès, avec 150 opérations engagées dans la démarche BBCA depuis 2016, pour 715 000 m². Il est très rassurant de voir le premier promoteur français s’engager pour le bas carbone. Nous avons été impressionnés par le nombre d’opérations concernées, qui font honneur aux engagements de Nexity depuis les débuts de l’association BBCA. Cela doit être le signal que les savoir-faire existent, et que le bas carbone pour tous doit être massifié.

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