La transformation à venir de la Porte de Montreuil en une nouvelle place du Grand Paris illustre la nouvelle manière d’aménager les espaces publics (©Lautreimage Playtime) ITW Jean-Luc Porcedo, Nexcity.
Publié le 09.12.22 - Temps de lecture : 3 minutes

L’espace public, pièce maîtresse des nouvelles façons d’aménager

Illustration : La transformation à venir de la Porte de Montreuil en une nouvelle place du Grand Paris illustre la nouvelle manière d’aménager les espaces publics (©Lautreimage Playtime). Portrait de Jean-Luc Porcedo ©E.Legouhy.

En tant qu’espace de vie et de rencontre, l’espace public est devenu essentiel pour favoriser le vivre-ensemble. Désormais au cœur des réflexions de construction et de reconstruction de la ville sur elle-même, il devient le premier indicateur à partir duquel la qualité de vie en ville se mesure. Jean-Luc Porcedo, président de Nexity Transformation des Territoires et de Villes & Projets, analyse ce changement de paradigme.

Dans quelle mesure l’espace public est-il crucial pour la mixité en ville ?

Jean-Luc Porcedo : Il l’est, car c’est d’abord à hauteur d’homme que nous vivons la ville. Qu’il s’agisse du lieu où nous habitons, de celui où nous travaillons ou encore des lieux où nous accédons à une diversité de services ou d’usages, nous vivons, au sens fort du terme ces lieux et ces espaces, et nos aspirations, c’est légitime, changent avec nous.

Depuis plusieurs années désormais, nous observons ainsi des attentes plus fortes en matière d’accès aux commerces, à des services de qualité ainsi qu’à des solutions de mobilité. Mises bout à bout, ces attentes conduisent à remettre l’espace public au cœur de la réflexion, car c’est souvent de lui que vient la réponse. C’est lui qui imprime le rythme de l’expérience que nous faisons de la ville, c’est par lui aussi que nous pouvons articuler entre eux plusieurs espaces, et ce aussi bien à l’échelle du quartier qu’à celle du bâtiment. L’espace public a de ce fait un rôle déterminant également pour la qualité d’habiter, et c’est aussi lui qui fait le lien entre les questions individuelles, l’usage que nous faisons de cet espace public, et les questions collectives avec, évidemment, d’abord la question environnementale. C’est pour cela, aussi, que nous aménageons des îlots de fraîcheur ou des espaces de pleine terre, et le projet que nous portons pour la porte de Montreuil en est à mon sens le meilleur exemple.

Alors qu’il avait été l’oublié des constructions urbaines de ces vingt dernières années, l’espace public est redevenu prédominant aujourd’hui.

De nombreux espaces publics existants ne remplissent pas cette fonction. Comment les refondre pour répondre aux attentes des citoyens et favoriser le vivre-ensemble ?

Jean-Luc Porcedo : Cela passe d’abord par la qualité, qui est selon moi un, sinon le, facteur-clé du vivre-ensemble. Elle s’appréhende souvent au regard de la beauté, notamment des matériaux. Il y a aussi la question du rôle que nous voulons donner à ces espaces, et là-dessus aussi nos aspirations évoluent. Les modes de vie ont changé, les usages aussi. Désormais, on n’imagine plus un futur quartier sans une mixité aboutie de programmation, mais lorsque nous intervenons sur des espaces existants, créer de la mixité est naturellement plus complexe. Lorsque nous menons une opération de réhabilitation, nous réfléchissons donc attentivement, nous écoutons aussi les habitants pour proposer des usages en phase avec leurs modes de vie.


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Quel est le rôle des acteurs privés dans cette refonte ?

Jean-Luc Porcedo : La reconstruction de la ville sur elle-même se fait forcément avec les habitants, les élus et les opérateurs urbains dont nous faisons partie. Dans ce cadre, notre rôle est d’abord de proposer des solutions aux décideurs publics et, le cas échéant, de les mettre en œuvre avec eux. Lorsque nous parlons d’espaces restés longtemps en attente, cette transformation ne peut se faire îlot par îlot, car elle nécessite à la fois une vue d’ensemble et une taille critique pour être efficiente. C’est là tout l’intérêt du métier d’aménageur.

Comment ces nouveaux espaces publics doivent-ils être gérés, notamment en matière de sécurité ?

Jean-Luc Porcedo : La sécurité est une question régalienne et relève d’abord de la compétence des pouvoirs publics. Mais, de notre place d’opérateurs privés, nous pouvons, là aussi, proposer des solutions en nous positionnant en amont, dans les réflexions sur l’aménagement et la construction. C’est le cas lorsque nous intervenons sur des sites restés inoccupés plusieurs années, comme l’ancien bâtiment de l’école nationale de la marine marchande à Sainte-Adresse, près du Havre. Il nous appartient alors de proposer des espaces publics qui, par leur caractère ouvert et généreux, contribueront au sentiment de sécurité des futurs habitants.

Quels sont vos autres projets qui incarnent cette approche ?

Jean-Luc Porcedo : Tous nos projets proposent un habitat de qualité, associé à un espace public attractif mêlant mixité d’usages, de programmation et accès facilité aux mobilités. Le tout en se plaçant à la hauteur des enjeux environnementaux en privilégiant, partout, des solutions bas carbone. Cette approche, c’est notre ADN, et elle se vérifie aussi bien dans un ensemble de maisons individuelles, à l’image de notre projet à Blanquefort près de Bordeaux, que lorsque nous réalisons un futur quartier comme le Village des athlètes à Saint-Ouen.

Envies de ville : des solutions pour nos territoires

Envies de ville, plateforme de solutions pour nos territoires, propose aux collectivités et à tous les acteurs de la ville des réponses concrètes et inspirantes, à la fois durables, responsables et à l’écoute de l’ensemble des citoyens. Chaque semaine, Envies de ville donne la parole à des experts, rencontre des élus et décideurs du territoire autour des enjeux clés liés à l’aménagement et à l’avenir de la ville, afin d’offrir des solutions à tous ceux qui “font” l’espace urbain : décideurs politiques, urbanistes, étudiant, citoyens…

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