Pour donner envie de ville, pensons les nouveaux phalanstères !

Directeur général du Pôle Transformation des territoires Nexity

Agriculture urbaine, concertation locale, conseils de quartier, production en circuit court, accessibilité, chauffage urbain, proximité, ville nature… les mots et expressions clés de la ville idéale ont toutes un point commun : tout rapprocher.

Un paradoxe, dans un pays qui refuse de continuer à se densifier ?

Ce serait mal comprendre la situation. Ce qui fait peur, c’est l’image d’Épinal du grand ensemble impersonnel, bâti trop vite et trop loin, aujourd’hui vieillissant et ségrégué. Au cœur de la demande pour une ville d’un nouveau genre, c’est aussi et avant tout plus de lien social qui est attendu, pour toutes les fonctions essentielles de la vie : se loger, se nourrir, s’éduquer, accéder aux loisirs et aux lieux de sociabilité, travailler…

En bref, tout rapprocher mais surtout, nous rapprocher.

Pour relever ce défi, il faut mener une réflexion de fond, systémique. Il est nécessaire de penser à l’échelle de la communauté, du quartier, du morceau de ville qui est produit. C’est ça, l’avenir de la construction : penser aménagement à tous les niveaux, bâtir du « prêt à vivre » où l’eau, l’énergie, l’accès à la nature, l’accès aux services essentiels, les mobilités, les convivialités sont anticipées dès les premières phases du projet.

L’étude-fleuve publiée par Ipsos en fin d’année 2023 sur La société de demain aux yeux des Français n’en disait pas moins. Pour nos concitoyens, l’accès aux services et une vie harmonieuse en communauté sont des besoins majeurs, tout comme la prise en compte des enjeux environnementaux tant par la présence d’espaces verts, jardins et forêts, que dans le fonctionnement même des villes.

Utopie ? Pas vraiment : il s’agit plutôt de revenir à la base des réflexions sur la vie en collectivité. Pour que nous puissions nous épanouir dans une forme de densité, il est nécessaire de disposer de tous les biens essentiels à une vie dans de bonnes conditions, durablement.

C’est ce vers quoi nous tendons quand nous bâtissons un quartier en le pourvoyant d’un accès au chauffage géothermique comme nous le faisions il y a quelques années à Montreuil. C’est ce vers quoi nous tendons quand nous concevons un village olympique pensé pour, en quelques mois, devenir un morceau de ville pleinement intégré, pleinement équipé, et taillé sur mesure pour les besoins de ses futurs habitants.

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Mais nous pouvons, nous devons aller plus loin.

Pour relever le défi de l’habitat, vaincre la crise du logement et permettre aux élus de « bâtir sans être battus », dans une société qui recherche désespérément à recréer du lien et à se réinventer, nous devons plus que jamais penser large, prêt à vivre et idéal.

Les mots de Charles Fourier, pourvoyeur autant que pourfendeur « d’utopies » en son temps, nous reviennent à l’esprit. « La richesse collective contre la pauvreté individuelle » : si l’histoire n’en a retenu que le « rêve » (déjà !) d’une société apaisée, l’approche qu’il a développé en concevant ses phalanstères est plus que jamais d’actualité.

Aujourd’hui, nous avons le devoir d’aménager les nouveaux phalanstères qui continueront de donner envie de ville aux Français.