Publié le 04.01.22 - Temps de lecture : 3 minutes

Les secrets des villes où il fait bon marcher

L’heure des bonnes résolutions a sonné, l’occasion de se mettre à la marche et de réaliser ses 10 000 pas par jour. Certaines villes n’ont pas attendu la nouvelle année et obtiennent le meilleur classement dans le baromètre 2021 des villes marchables. On vous dit tout sur les secrets de ces territoires.

Acigné, Cesson-Sévigné, Gradignan, Magny-les-Hameaux et Sceaux ont un point commun… Ces villes, plébiscitées par les piétons, sont à priori les plus agréables pour pratiquer la marche. Le premier baromètre des villes marchables, lancé début 2021 et réalisé par la Fédération française de randonnée, avec les associations « 60 millions de piétons » et « Rue de l’avenir » (collectif « Place aux piétons ») et avec le soutien de l’ADEME, a permis d’attribuer une note à plus de 200 villes via 68 510 répondants*. Classées de A+ à G (d’excellent à très défavorable), les bonnes élèves ont déjà les bonnes pratiques.

Une politique d’aménagement constante, secret numéro 1 des villes marchables

Selon Anne Faure, présidente de l’association Rue de l’avenir, la recette du succès s’appuie d’abord sur une antériorité. Elle ajoute : « Pour faire marcher les gens il faut une qualité urbaine qui nécessite des beaux matériaux et des installations végétales. » Mais si ces villes sont si bien placées dans le palmarès, c’est surtout « grâce au travail d’apaisement de la circulation », et de « la réduction de la vitesse à 30 kilomètres à l’heure » comme à Sceaux par exemple, ville pionnière dans le top 5 du classement, qui a limité sur l’ensemble des voiries la circulation à 30 kilomètres heure depuis avril 2021.

« Sceaux n’arrête pas d’améliorer les conditions de vie de ses habitants. Ces villes travaillent sur la qualité de l’espace public depuis longtemps, elles ont eu cœur à mettre en avant leur patrimoine ». En matière de bonne élève, Sceaux est la première ville qui a réalisé une rue piétonne en France, en 1976. « Elle a aussi répondu aux demandes des piétons, plus de pistes cyclables sur les trottoirs, elles sont déployées sur la route », ajoute Anne Faure.

« Dans la catégorie des villes de plus de 200 000 habitants comme Rennes, Nantes et ensuite Dijon, Annecy et Metz, de gros efforts ont déjà été déployés pour remodeler l’espace public. Concernant une autre échelle de ville, à Versailles, Vincennes et la Rochelle, un travail a été exécuté depuis plusieurs années, et cela se ressent dans les opinions des sondés ». Faciliter et réserver le trottoir aux déplacements à pied, voilà qui les distingue des mauvais élèves (classés F).

Mettre le piéton au centre de l’aménagement de l’espace urbain

Un trottoir bien dégagé, bien entretenu et bien sécurisé… Pour Anne Faure, c’est indispensable : « Il faut aménager des trottoirs plus larges et sans obstacle. Nous avons à faire face aux terrasses des cafés qui s’étendent. Pourtant la norme en vigueur indique qu’il ne faut pas descendre en dessous de 1m40, cela ne suffit pas pour une poussette ou un fauteuil roulant. Il faudrait théoriquement des trottoirs de 2m50, ce qui n’est pas toujours possible. Mais si l’on reprend de la largeur pour les trottoirs sur les chaussées, on réduit automatiquement la vitesse des voitures ». Il faudrait aussi selon elle « verbaliser les stationnements illicites, et surtout, modérer la vitesse automobile pour plus de sécurité et moins de bruit ». Et enfin, constituer un réseau complet en s’appuyant sur une continuité piétonne en élaborant un tracé homogène, sans rupture urbaine, ni rencontrer des points noirs comme les carrefours qui restent dangereux. Se prémunir d’un réseau complet, c’est aussi faciliter l’accès d’un quartier à l’autre et d’une ville limitrophe à une autre.


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Le soutien de l’architecture et de l’intermodalité

Mais alors, comment accélérer la marchabilité des villes ? Avec un plan national, mais aussi en dégainant ses plus beaux atouts. « L’architecture pourrait augmenter la pratique piétonne : les villes qui possèdent des arcades sont attractives, c’est le cas de la rue de Rivoli à Paris, le centre d’Annecy ou encore à Bologne en Italie où tous les quartiers ont des rues arcades. L’hiver cela protège de la pluie et de la neige et l’été de la chaleur. »

L’autre alternative serait de miser sur le tandem transport public et marche à pied. « Si l’on veut que les gens marchent plus il faut une bonne couverture de transport, et pouvoir combiner les deux ». Et pour convaincre davantage de piétons, il suffit de « s’appuyer sur leur goût retrouvé pour la marche, mais aussi de l’importance pour leur santé ».

* basée sur le volontariat, il ne s’agit donc pas d’un échantillon représentatif

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