Vue aérienne de l’orgue marin de Zadar, en Croatie, construit par l'architecte Nikola Basić,
Publié le 13.04.22 - Temps de lecture : 4 minutes

L’orgue marin de Zadar, une œuvre architecturale sans fausse note

Construit en 2005 par l’architecte Nikola Basić, l’orgue marin de Zadar, en Croatie, fait battre le cœur de cette ancienne cité antique au rythme de l’eau et ponctue le quotidien des habitants et des touristes. Grâce à un ingénieux procédé de tubes restituant en notes de musique le mouvement et l’intensité des vagues, les visiteurs peuvent apprécier le paysage sous le prisme d’un instrument à vent aquatique hors du commun, qui dessine un chemin sur le front de mer permettant d’admirer toute la beauté du lieu.

Zadar et son orgue marin sont aujourd’hui indissociables. Au fil du temps, cette réalisation a naturellement trouvé sa place dans l’atmosphère et l’héritage historique de la ville, et lui a permis d’augmenter considérablement son attractivité touristique. Plus de 15 ans après la construction de l’orgue, le maire de la ville, Branko Dukic, revient pour Enviesdeville.fr sur l’intention originelle de cet endroit singulier, devenu pour la ville un véritable pôle d’attractivité à l’échelle du pays, mais aussi en Europe et dans le monde. Une réalisation en forme de corde en plus à l’arc déjà bien fourni de cette ville touristique de la côte croate.

« Pendant un demi-siècle, la partie de la ville où se trouve l’orgue ne disposait pas de promenade sur le front de mer permettant de mettre en valeur tout le potentiel du lieu, vue inoubliable sur les îles, son coucher de soleil qui se noie dans le bleu de la mer, et il était donc difficile d’y attirer les gens. Depuis longtemps, la municipalité avait envie de donner une nouvelle vie à cette beauté et à ces atouts. L’idée même de construire une telle installation urbaine sur notre front de mer a été portée par l’éminent architecte de Zadar, Nikola Basić. La ville s’est approprié la vision de cet artiste extrêmement intéressant et s’est chargée de sa réalisation. L’ingéniosité du projet a coïncidé avec les paroles qu’Alfred Hitchcock aurait prononcées sur le coucher de soleil unique de Zadar, alors qu’il était assis sur la terrasse de l’ancien hôtel Zagreb, au bord de l’eau », explique le maire.


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L’orgue marin de Zadar, un lieu unique à vocation écologique

Depuis la construction de l’orgue marin, la zone autrefois dévitalisée du bord de la péninsule et du cœur historique de Zadar s’est transformée peu à peu en un point incontournable de brassage et de rassemblement quotidien, où les badauds aiment se rencontrer et méditer. Dans cette réalisation commune, la municipalité et l’architecte Nikola Basić ont tenu à inscrire le site dans la modernité en réconciliant la nature et l’urbanisme, avec une approche résolument écologique. Une philosophie qui a mené au succès croissant et à la réputation internationale du lieu grâce à une identité propre, au point d’en devenir un levier de fréquentation crucial pour l’attractivité de la ville :

« L’orgue de Zadar a un impact très significatif sur la prise de conscience environnementale des citoyens de Zadar et de ses visiteurs. En effet, la partie extérieure de l’orgue, conçue sous la forme d’un escalier en pierre, attire les visiteurs pour qu’ils s’arrêtent, s’assoient et passent un peu de temps à profiter du son et de la vue que leur offre l’environnement : une mer limpide et du soleil. Cette installation transforme les éléments naturels existants : le vent, la pierre, la mer, les marées, en une mélodie, et est encore renforcée par une autre installation à proximité, ‘Greeting to the Sun’, une œuvre d’art constituée de panneaux de verre au sol, qui transforme simultanément la ressource naturelle qu’est le soleil en énergie et en jeu de lumière. Cet ensemble plonge le visiteur en harmonie avec la nature et tous ses éléments. Entourée d’une mer limpide, d’un magnifique coucher de soleil, de la verdure environnante, et d’oiseaux de mer, cette installation développe la conscience et le sens des responsabilités du publics vis-à-vis de la nature et de la biodiversité, et encourage les visiteurs à développer des comportements respectueux de l’environnement. »

Zadar - « Greetings to the sun » (Crédit photo : © iStock)

Zadar – « Greetings to the sun » (Crédit photo : © iStock)

Derrière son orgue, tout Zadar est au diapason

S’il met aujourd’hui tout le monde d’accord à Zadar, l’orgue a toutefois rencontré une certaine vague de frilosité avant sa construction, notamment de la part des responsables de la conservation de la restauration du patrimoine local, pour des considérations historiques évidentes dans cette cité vieille de plusieurs millénaires. Une période qui semble désormais très lointaine pour le maire de la ville, tant cette installation innovante s’est imposée comme le point d’orgue du dynamisme local :

« Aujourd’hui, la situation est complètement différente car, au fil du temps, l’introduction de nouveaux contenus attrayants qui attirent des visiteurs du monde entier s’est justifiée d’elle-même et a confirmé tout son intérêt. Nous avons reçu de nombreuses récompenses architecturales au niveau national, européen et mondial. Les citoyens reconnaissent volontiers la force du lien qui les unit à l’orgue de mer. La ville de Zadar travaille constamment à l’entretien et à l’amélioration du bord de mer. Il s’agit certainement de l’élément qui contribue le plus à maintenir le rang de Zadar parmi les destinations les plus attractives en Croatie et en Europe. Selon plusieurs enquêtes, outre le soleil et la mer, l’envie de vivre une expérience sur l’orgue marin est la raison principale pour laquelle les gens se rendent à Zadar, tant pour les touristes qui viennent pour un long séjour, que pour ceux souhaitant faire un « break » de leur vie urbaine afin de se ressourcer le temps d’un weekend » se réjouit le maire.

Lieu témoin pour l’avenir de la planète

Nourri et inspiré par le patrimoine historique de la ville, et pensé à la fois pour s’inscrire dans son époque, celle de l’impératif écologique, l’orgue de Zadar fonctionne grâce au principe même de la montée des eaux. Un instrument aux allures d’allégorie, dont l’avenir s’écrira en fonction du niveau de la mer. Sa longévité au cours des décennies et peut-être des siècles à venir fera office de témoignage et de baromètre écologique :

« Notre ville a plusieurs milliers d’années, et aujourd’hui encore, nous nous promenons sur les places romaines et le long des murs vénitiens, nous apprécions l’art à l’intérieur des anciens palais autrichiens… Zadar construit son avenir sur son patrimoine et ses traditions, afin que nos descendants puissent profiter des trésors culturels désormais modernes de notre front de mer. Quant au niveau de la mer, je crois que notre génération, et surtout les suivantes, auront plus que jamais à cœur de protéger la planète pour les années à venir » conclut Branko Dukic.

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