
Les applications, une solution encore méconnue pour participer à la lutte contre les agressions dans l’espace public
Dans la rue et dans les transports en commun, le numérique devient un levier pour renforcer la sécurité des personnes, et plus particulièrement des femmes, grâce à de nouvelles applications contre le harcèlement et les agressions. Explications.
À RETENIR
- En France, 25 % des femmes de 20 à 69 ans ont déclaré avoir subi une violence sexiste ou sexuelle dans l’espace public en 2018, mais très peu portent plainte.
- Des applications comme App-Elles, Umay, Ti3rs et Mémo de vie offrent des services de signalement, d’alerte, de stockage de preuves et de communication sécurisée, avec le soutien de l’État.
- Ces outils numériques contribuent à renforcer la sécurité urbaine, avec notamment des cartes interactives de lieux sûrs et une assistance en temps réel pour les victimes.
- L’implication des collectivités, via des partenariats comme « Demandez Angela », a favorisé une baisse de 5 % des outrages sexistes et sexuels dans les grandes villes en 2024.
En France, les agressions sexistes et sexuelles dans l’espace public restent un phénomène important. En 2018, selon une enquête réalisée par l’Institut national d’études démographiques, 25% des femmes de 20 à 69 ans déclaraient avoir subi au moins une forme de violence sexiste ou sexuelle dans l’espace public au cours des 12 derniers mois.
Alors qu’il n’y a qu’une petite partie des victimes qui porte plainte, les outils numériques apportent une aide précieuse pour signaler les agressions et sécuriser les déplacements grâce à des dispositifs d’alerte, des cartographies collaboratives, des messageries sécurisées ou des réseaux de solidarité en ligne L’année dernière, comme ces dispositifs souffrent d’un manque de visibilité, le gouvernement a décidé de faire connaître au grand public quatre applications qui permettent de lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans l’espace public. Tour d’horizon de ces solutions soutenues par l’Etat.
Des applications contre le harcèlement et les agressions
Ces outils innovants s’inscrivent dans une dynamique plus large de transformation urbaine qui a pour objectif de rendre la ville plus sûre pour tous les citadins. Téléchargeable gratuitement depuis Google Play et l’Apple Store, App-Elles est une application mobile d’assistance qui permet aux victimes de déclencher une alerte en un clic, d’informer trois contacts de confiance de l’endroit ou elles se trouvent, et d’envoyer un enregistrement sonore en temps réel de ce qu’elles sont en train de vivre. Par ailleurs, l’application propose une cartographie des lieux d’accueil – commissariats, associations spécialisées – et le stockage sécurisé d’indices en vue de futures démarches judiciaires.
Avec un objectif similaire, Umay, qui est disponible gratuitement sous Android et IOS, permet aux femmes d’informer leurs proches de leurs trajets en temps réel, de signaler tout problème rencontré durant celui-ci, et de visualiser en direct les dangers et alertes signalées par les autres utilisatrices. En complément, l’outil dispose d’une assistance disponible 24h/24 et 7j/ et d’une carte interactive recensant 7000 “safe places” où il est possible de trouver refuge en cas de besoin.
Autre problème, autre réponse avec Ti3rs, qui sécurise les échanges entre parents séparés dans un contexte de violences conjugales, grâce à une messagerie qui filtre les messages insultants. L’historique des communications est téléchargeable afin de servir de preuve pour des démarches juridiques.
Enfin, pour faciliter les dépôts de plainte suite à une agression ou à des violences répétées et chroniques, Mémo de vie est une plateforme digitale qui offre la possibilité d’archiver preuves, attestations, photos, et de tenir un journal de bord.
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L’implication des villes
L’objectif de ces outils est d’apporter une aide concrète aux victimes, mais aussi de répondre à un problème systémique qui impacte durablement le sentiment de sécurité des femmes dans l’espace public. Et ça commence à marcher. En 2024, le ministère de l’Intérieur a enregistré une baisse de 5 % des outrages sexistes et sexuels commis dans les grandes villes.
Complémentaires à l’action publique, l’efficacité de ces applications dépend aussi de l’implication des villes. A Montreuil, la municipalité a noué un partenariat avec plusieurs commerces our qu’ils servent de lieux de refuge, augmentant ainsi le nombre de safe places recensées par les applications. C’est également le cas à Troyes, Bordeaux, Toulouse, Lyon, Montpellier, Marseille, et dans une centaine de communes en France. Le succès de ce dispositif, connu sous le nom de « Demandez Angela« , démontre une réelle prise de conscience collective et un engagement plus soutenu dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans l’espace public.