Publié le 30.06.20 - Temps de lecture : 4 minutes

Les villes où il fait bon être cycliste

Parce qu’il s’est révélé le moyen de transport idéal durant la crise sanitaire, parce qu’il s’était déjà implanté comme élément majeur de la ville de demain plus verte et plus respirable, nombreuses sont les municipalités qui incitent leurs habitants à se remettre en selle. Quelles sont les infrastructures, les aménagements et les dispositifs d’accompagnement les plus efficaces pour rendre la ville cyclable ? Nous avons établi un classement des initiatives prises par les villes où il fait bon être cycliste.

Et si nous étions en train de vivre une « petite révolution du vélo » ? L’hypothèse d’une progression de la pratique du vélo en ville est avancée par Alexis Frémeaux, président de l’association Mieux se déplacer à bicyclette (MDB). Après les grèves du mois de décembre et l’épidémie de coronavirus, les agglomérations qui ont vu leurs habitants paralysés par la réduction des transports en commun tentent d’imposer le cyclisme comme nouveau moyen de déplacement. Mission impossible ? Rien n’est moins sûr. Le ministère de la transition écologique et solidaire rappelait en mai dernier que 60% des déplacements font moins de 5 km. Le vélo fait donc figure d’alternative durable puisqu’il est silencieux, écologique et peu onéreux. Il nécessite néanmoins un rééquilibrage de l’espace public, aussi appelé « urbanisme tactique ». Autrement dit, des aménagements légers à mettre en place pour adapter la voirie rapidement.

1/ Paris : la multiplication des pistes cyclables

Touchée de plein fouet par les grèves et l’épidémie de coronavirus, la région francilienne a dû trouver une alternative à ses transports saturés. A Paris, ce sont ainsi 50 km de nouvelles pistes ont vu le jour à la suite du déconfinement. Des grands axes comme l’avenue du Général Leclerc (14e) ou le boulevard Saint-Michel (5e) ont été aménagés pour créer des voies réservées aux cyclistes le long des grandes lignes de métro qui sillonnent la ville. Certaines artères comme la rue de Rivoli ont même été totalement fermées à la circulation automobile.

Les compteurs permanents installés sur certaines pistes cyclables pour évaluer le développement de la pratique cycliste affichent des chiffres record :  à Paris, leur fréquentation a augmenté de 131% entre janvier 2019 et janvier 2020. A titre d’exemple, au mois de février, les totems de la piste bidirectionnelle du boulevard Sébastopol comptabilisaient 136 cyclistes par heure en moyenne. En juin 2020, 224 personnes empruntaient la même voie chaque heure. 

source : paris.opendata.fr

De manière plus globale, la région, la ville, sept départements franciliens et le collectif associatif Vélo Île-de-France se sont associés pour développer un réseau cohérent et veiller à la continuité interdépartementale. 

2/ Lyon : l’augmentation de la prime à l’achat d’un VAE

La région parisienne n’est pas la seule à s’adapter. En seulement quelques mois, les collectivités ont déployé 1000 km de pistes cyclables sanitaires temporaires sur l’ensemble du territoire. La métropole de Lyon a vu les choses en grand. Elle a commencé par annoncer 77 nouveaux kilomètres de voies cyclables d’ici septembre 2020, soit le record de France des « coronapistes », ces infrastructures transitoires qui pourraient être pérennisées si les cyclistes sont au rendez-vous.

Pour éviter que la voiture ne devienne la grande gagnante du déconfinement, la métropole a également fait le choix de revaloriser la prime à l’achat d’un vélo à assistance électrique (VAE) : elle passe de 100 à 500 euros. Cette aide sera aussi valable pour l’achat d’un modèle d’occasion chez un commerçant professionnel ou un atelier associatif. De quoi encourager ceux qui hésitent à franchir le pas.

3/ Mérignac : un service de prêt de vélos électriques gratuit

Pour inciter les Mérignacais à se rendre sur leur lieu de travail en pédalant, la Ville a fait l’acquisition de 49 vélos à assistance électrique – possiblement 60 d’ici fin 2020 – qui leur seront prêtés gratuitement. Ce service expérimental, limité à 3 mois par foyer, doit leur permettre de tester une nouvelle pratique et de laisser leur voiture au garage. Pour pouvoir en bénéficier, il suffit d’en faire la demande sur le site internet de la mairie.

Si ce dispositif ressemble au service de location de vélos Cap sur le Vélo du Grand Poitiers ou Veligo en Île-de-France, il s’agit d’un prêt gratuit qui ne requiert qu’une adhésion à la Maison du Vélo pour un montant de 15 euros. Ce projet comporte également une dimension sociale : les vélos sont attribués par une commission d’attribution sur dossier selon un critère d’ancienneté mais aussi de priorisation.

4/ Bordeaux : des places de stationnement éphémères pour les vélo

La métropole de Bordeaux a beau voir dans la période actuelle « une opportunité inédite pour accélérer la montée en puissance de l’usage du vélo », elle doit faire face à un frein redoutable : la peur des usagers de se faire voler leur précieux deux-roues.

Pour répondre à cette problématique et encourager le recours au vélo comme moyen de transport, la métropole a installé des parkings vélo temporaires, notamment au pied de la Tour Pey-Berland. Constitué de racks métalliques, cet aménagement éphémère est venu complémenter les 5700 arceaux déjà disponibles à Bordeaux pour adapter l’offre à une demande en forte augmentation. En 2018, 80.000 Bordelais utilisaient déjà leur vélo quotidiennement.

Sur son site, la Ville rappelle que de nombreux parcs de stationnement souterrains proposent un espace réservé aux vélos. Un garage fermé accessible sur abonnement est également disponible à la gare Saint-Jean. En tout, 845 places sont disponibles dans ces espaces payants.

5/ Strasbourg : des vélibus pour les enfants

La capitale française du vélo a opté pour une initiative particulièrement originale : un vélo collectif – le S’Cool Bus – pour prendre en charge les déplacements des enfants vers les écoles. Deux rosalies ont été achetées grâce au budget participatif. Preuve que ce type de projet a le vent en poupe, il figure sur les programmes de plusieurs candidats aux municipales dans le Loir-et-Cher et en Bretagne.

6/ Nice, Metz… des bourses au vélo pour les particuliers

Comment faire l’acquisition d’un vélo fonctionnel au juste prix ? Pour les débutants qui ont tendance à acheter des vélos d’occasion, il n’est pas toujours évident de s’y retrouver et la bonne affaire peut vite se révéler être une arnaque.

Le principe des bourses au vélo est simple : les vendeurs font contrôler le vélo dont ils souhaitent se séparer et le mettent en vente lors de la bourse. Les acheteurs peuvent ainsi faire l’acquisition d’un modèle révisé par un connaisseur à bas prix. Si ces événements sont rendus possibles grâce à la participation des associations pro-vélo, ils sont souvent organisés par les mairies elles-mêmes.

Depuis la sortie du confinement, la fréquentation cyclable s’envole selon le premier bulletin bimensuel de suivi du coordinateur national Vélo et territoires. Il note une progression de 27% en milieu urbain. Contre toute attente, les grands gagnants de la première semaine de déconfinement se situent en milieux périurbains (+138%) et ruraux (+197%). Après les villes, faudra-t-il également aménager le reste du territoire ? 

Envies de ville : des solutions pour nos territoires

Envies de ville, plateforme de solutions pour nos territoires, propose aux collectivités et à tous les acteurs de la ville des réponses concrètes et inspirantes, à la fois durables, responsables et à l’écoute de l’ensemble des citoyens. Chaque semaine, Envies de ville donne la parole à des experts, rencontre des élus et décideurs du territoire autour des enjeux clés liés à l’aménagement et à l’avenir de la ville, afin d’offrir des solutions à tous ceux qui “font” l’espace urbain : décideurs politiques, urbanistes, étudiant, citoyens…

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