Le moulin de Goeulzin, dans le département du Nord a été transformé en centrale hydroélectrique.
Publié le 11.07.23 - Temps de lecture : 3 minutes

Il transforme le moulin de son village en centrale hydraulique : « cela nous évite jusqu’à 80.000 euros de dépenses par an »

Les centrales hydroélectriques, et notamment les plus petites, via les nombreux moulins hérités des siècles passés, sont-elles l’avenir du mix énergétique français ? Les initiatives se multiplient, comme par exemple à Goeulzin, dans le département du Nord.

L’hydroélectricité est la deuxième source de production électrique en France, derrière le nucléaire. Et c’est donc la première source d’électricité renouvelable du pays. Le parc hydroélectrique assure ainsi 12% de la production d’électricité annuelle en France, selon le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires.

En moyenne, ces installations produisent quelque 60 térawattheures (TWh) par an, mais cela pourrait être bien plus, si l’on en croit le syndicat professionnel France Hydro Electricité : « la France a la capacité d’augmenter sa production de 20% encore, avec un potentiel de développement qui est de 12 TWh », explique Xavier Casiot, président de France Hydro Electricité.

Dans le lot, évidemment, on trouve les plus grands barrages du territoire. En France, le plus grand, le plus puissant, avec ses 550 mètres de long et 140 mètres de haut, est celui de Grand’Maison, situé dans le département de l’Isère. Mais, pour produire local et aller plus loin, les petites centrales ont un rôle éminent à jouer. Ces petites centrales sont là depuis des siècles et ne demandent qu’à refleurir à nouveau. Elles ? Les moulins à eau.

A date, fortes de quelque 2300 unités, ces dernières représentent 10% de la production hydroélectrique globale du pays, pour une production annuelle de l’ordre de 6 TWh. Et leur potentiel de développement est estimé par le syndicat professionnel entre 2,7 et 3,7 TWh encore. Un différentiel lié à d’éventuelles températures élevées ou des précipitations faibles qui peuvent déclencher un cycle de sécheresse, comme ce fut le cas en 2022.

Le Maire de Goeulzin Francis Fustin, devant le moulin du village transformé en centrale hydroélectrique.

De la Haute-Vienne au Nord, des exemples multiples

Le département de la Haute-Vienne se veut exemplaire en matière d’hydroélectricité, via les petits moulins. Hors auto-consommation, au 1er janvier 2023, la Haute-Vienne comptait une cinquantaine de micro-centrales, pour des puissances installées de 45 kW, pour la plus petite, à 63.500 kW, pour la plus importante. Et des moulins, il y en a sur tout le territoire, de quoi multiplier les opportunités de transformations

Ainsi, dans le département de Nord, Francis Fustin, le maire de Goeulzin, a pris ce sujet à bras-le-corps depuis plusieurs années. Dès 2014 en l’occurrence, quand il a été élu maire. « A l’époque, plusieurs rapports évoquaient un triplement à venir des prix de l’électricité d’ici 2030. Cela m’a alerté et je suis mis aussitôt à analyser les comptes », indique l’élu.

Il repère deux grands pôles de dépenses dans sa commune qui, aujourd’hui, compte 1100 habitants : la cantine, pour une consommation annuelle d’environ 50.000 kWh, et l’éclairage public, avec 120.000 kWh. Concernant ce dernier poste, l’installation de Led, moins gourmands en énergie, a permis de faire baisser la consommation à 45.000 kWh par an. « Il en restait donc 100.000 par an à trouver pour viser à l’autonomie », glisse-t-il. Francis Fustin se tourne vers la solution du moulin local, « présent depuis des siècles. »

Après une étude attentive des techniques à disposition, il choisit, en 2015, la roue à aube plutôt que la turbine et son conseil municipal le suit. « Je les remercie de m’avoir fait confiance, car la transformation en centrale électrique représentait tout de même plus de 40% du budget communal annuel, mais je suis un grand chasseur de subventions et, finalement, sur les quelque 350.000 euros du projet, tout compris, installation de la roue et aménagement des rives de la rivière, le reste à charge, pour la commune, a finalement été de 90.000 euros environ. »


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La mise en service officielle s’est faite ensuite en 2020. Et Goeulzin en tire déjà les bénéfices : « à l’année, cela nous évite des dépenses de l’ordre de 70.000 à 80.000 euros », explique le maire, qui précise : « Notre moulin nous a fourni, en 2022, 85.000 kWh et, en cette année 2023, nous devrions frôler les 100.000 kWh. Je vise maintenant l’autonomie énergétique totale de la commune d’ici à la fin de l’année. »

L’installation complémentaire de panneaux photovoltaïques, pour gommer les pointes de consommation de la cantine, devrait permettre à Goeulzin d’y parvenir. Un exemple à suivre, assurément. « Je reçois beaucoup de questions, de la part de maires d’autres communes, soucieux de savoir si c’est rentable. Je prends toujours le temps de leur expliquer que oui, les retours sur investissements sont rapides. Les choses bougent. J’espère que cela va s’accélérer encore », explique Francis Fustin.

Vue de la roue à l'arrière du moulin de Goeulzin, transformé en centrale hydroélectrique.

Visuels d’illustration : photos envoyées par Francis Fustin

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