
Comment Seyssinet Pariset gère de manière raisonnée ses ressources en eau ?

Face au dérèglement climatique, les communes doivent gérer différemment leurs ressources en eau pour prévenir aussi bien les sécheresses que les inondations. Comment y parvenir ? Exemple avec la ville de Seyssinet Pariset (Auvergne Rhône-Alpes).
À RETENIR
- La commune de Seyssinet-Pariset bénéficie de ressources hydriques abondantes grâce à sa situation géographique, mais met en œuvre une gestion raisonnée pour prévenir leur surexploitation.
- Face aux risques d’inondation accrus par les épisodes climatiques extrêmes, la commune applique des règles strictes d’urbanisme, notamment l’inconstructibilité de certaines zones et la suppression de parkings en sous-sol.
- Des actions concrètes sont menées pour désimperméabiliser les sols, recycler les eaux pluviales et installer des réservoirs dans les bâtiments publics pour réutilisation, notamment dans le cadre d’un projet de renouvellement urbain de 10 hectares.
- Le Guide de l’eau de Nexity est perçu comme un outil pertinent pour intégrer la gestion de l’eau dans l’aménagement du territoire, renforçant ainsi les stratégies locales de résilience face au dérèglement climatique.
En décembre dernier, Nexity a publié son Guide de l’eau, avec pour objectif d’accompagner les collectivités dans la gestion de cette ressource vitale. Ce document met en lumière des solutions concrètes pour faire face aux défis croissants liés à la raréfaction de l’eau, à l’imperméabilisation des sols, aux épisodes climatiques extrêmes, aux inondations, et à la nécessaire adaptation des villes à ces nouvelles contraintes. À Seyssinet-Pariset, commune située en bordure de la rivière Drac et au pied du Vercors, ces enjeux sont bien présents. La topographie, le réseau hydrographique, mais aussi l’urbanisation progressive nécessitent une vigilance particulière sur la gestion des eaux pluviales, la prévention des crues et la préservation de la qualité de la ressource. En quoi le guide de Nexity résonne-t-il avec les problématiques locales ? Rencontre avec le maire de la commune, Guillaume Lissy.
Que vous inspire le Guide de l’eau publié par Nexity ?
Guillaume Lissy : Le Guide de l’eau est une ressource utile pour les élus locaux. Il apporte une approche plurielle des problématiques, soulève de nombreuses questions et aborde quelques pistes de réponses. Dans notre quotidien de maires, nous sommes confrontés à des enjeux de plus en plus forts quant à l’eau. Qu’il nous faille apprendre à consommer moins et mieux, à faire face aux risques, à répondre aux enjeux de santé publique ou à adapter nos villes au changement climatique, nous devons faire face et inventer un nouveau modèle vertueux, résilient et efficace. Bien-sûr, les réalités de nos territoires sont foncièrement différentes, ce qui fait que les problématiques rencontrées comme les solutions envisagées sont forcément différentes. Pour autant, ce type de guide peut nous aider à partager les bonnes pratiques et à gagner du temps. C’est aussi une invitation à réfléchir et à agir.
Y avez-vous trouvé des solutions pour répondre aux problématiques de votre commune ?
Guillaume Lissy : L’intercommunalité est une source de partage de solutions et nous travaillons au quotidien dans nos villes sur des cas toujours concrets à régler. Traiter le quotidien, régler les urgences et penser l’avenir c’est cela être maire. Dès lors les idées et solutions proposées par le guide ne sont pas des découvertes mais elles confirment les tendances, les « bonnes idées » ou les démarches qui sont menées. Elles permettent aussi de prendre le pouls et de confirmer les projections et les pistes de travail proposées à nos équipes
Comment le sujet de l’eau est-il traité au sein de votre commune ?
Guillaume Lissy : Nous avons la chance d’être situé au pied des montagnes, ce qui fait que nous avons des réserves hydriques importantes. De ce fait, nous avons le privilège de ne pas subir de raréfaction, même en période de forte chaleur. Nous avons une consommation qui est urbaine, tout en ayant d’autres usages de l’eau car il y a, sur notre territoire, beaucoup d’exploitations hydroélectriques, d’entreprises et d’agriculteurs. Ce n’est pas une ressource inépuisable, donc nous veillons à ce qu’elle soit utilisée avec parcimonie.
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Quelles problématiques rencontrez-vous ?
Guillaume Lissy : Historiquement, la ville de Seyssinet-Pariset s’est construite face aux risques d’inondations. Dans la plaine agricole, chaque année, il y avait des débordements qui ravageaient les champs. Avec la fonte des neiges, le Drac sortait de son lit et envahissait tout. Aujourd’hui, la multiplication des épisodes météorologiques extrêmes amplifie ce que nous avons toujours connu. Et notre difficulté particulière, c’est que notre plaine est très largement urbanisée, avec 12 000 habitants qui y vivent.
C’est ce qui fait que nous avons une problématique liée à l’urbanisme, puisque la présence d’une rivière pose des contraintes très fortes par rapport au plan de prévention des risques d’inondation. Par ailleurs, si notre digue venait à rompre, ce serait catastrophique. C’est une menace concrète. L’année dernière, le village de La Bérarde a été rayé de la carte.
Quelles solutions mettez-vous en œuvre pour y répondre ?
Guillaume Lissy : Nous traitons ce problème dans nos documents d’urbanisme, parce que nous sommes soumis au plan de prévention des risques d’inondation. Nous ne dépendons pas seulement du plan local d’urbanisme intercommunal, mais aussi des prescriptions de l’État.
En cas de rupture de la digue, il faut que nous puissions limiter le risque dans l’immédiateté. Pour ce faire, le long du Drac, une bande de 50 mètres a été rendue inconstructible. Pour chaque nouvelle construction, nous étudions le passage possible de l’eau. C’est notre préoccupation quotidienne. La façon dont nous aménageons la ville vise à mettre en sécurité les habitants. Cela veut dire qu’on ne peut plus faire de parking en sous-sol parce qu’ils deviennent des pièges mortels lorsqu’il y a une inondation.
Vous adoptez une approche environnementale pour votre projet cœur de ville… En quoi cette approche concerne-t-elle l’eau ?
Guillaume Lissy : Nous menons des actions de désimperméabilisation et de réutilisation de la ressource. Dans nos cours d’école, nos bâtiments publics, et dans tous les nouveaux équipements, nous avons installé des réservoirs qui peuvent capter et stocker l’eau, afin de s’en servir ensuite pour arroser. Nous recyclons les eaux usées et les eaux de ruissellement. Nous essayons d’être le plus possible vertueux en la matière.
Par ailleurs, nous sommes en train de travailler sur un projet de renouvellement urbain d’une superficie de 10 hectares, qui comprendra de nombreux jardins de pluie afin de récupérer l’eau.
Quelles propositions vous ont particulièrement intéressées dans le Guide de l’eau de Nexity ?
Guillaume Lissy : Dans le Guide, la question de l’eau n’est pas seulement abordée sous l’angle de la consommation, mais également sous l’angle de l’aménagement du territoire. C’est cette thématique qui nous a plus particulièrement intéressé.
Avec l’aggravation du dérèglement climatique, la gestion de l’eau est-elle en train de redéfinir l’urbanisme ?
Guillaume Lissy : Nous sommes à une époque où il faut être résilient. C’est un mot à la mode, mais qui est important. C’est-à-dire que nous ne nions pas le danger, mais que nous faisons en sorte de vivre avec. Notre travail d’élu, c’est d’adapter nos villes au dérèglement climatique, à la fois pour résister aux épisodes météorologiques extrêmes comme et à la perte de ressources.