2 vélos de tourisme garés près de l'eau sur les aménagements cyclables des boucles de Seine
Publié le 03.08.21 - Temps de lecture : 4 minutes

La Seine à vélo, dernière véloroute à faire monter la cote des territoires

Depuis quelques années, le cyclotourisme est en vogue. Et pour cause, découvrir les régions de France à vélo revêt de nombreuses qualités : apprécier le patrimoine local, à moindre coût, le tout grâce à une mobilité vertueuse. Durant la crise de la Covid-19, le cyclotourisme s’est d’ailleurs révélé comme un modèle de tourisme en accord avec les aspirations écologiques des français, souvent obligés de passer leurs vacances sur le territoire. Mais derrière cette nouvelle pratique, il semblerait que les cyclotouristes ne soient pas les seuls gagnants, et que les territoires aient bel et bien à y gagner aussi !  Focus sur La Seine à vélo, la véloroute inaugurée en 2020 qui relie Paris au Havre.

L’emballement pour le cyclotourisme

Chaque été, ce sont près de 21 millions de cyclistes qui pédalent sur les pistes cyclables qui traversent le paysage français. Un chiffre en constante progression qui souligne l’engouement partagé par de nombreux touristes pour cette pratique sportive.  Les causes ? Le cyclotourisme se révèle aujourd’hui comme une démarche qui s’ancre pleinement dans les aspirations touristiques du moment, c’est-à-dire la valorisation d’un patrimoine local, la visite d’un territoire à un rythme lent, alliant ainsi écologie, liberté et efforts physiques. Un succès d’ores et déjà visible aujourd’hui selon l’enquête menée par ADN Tourisme qui révèle qu’en 2021 près d’un français sur 4 est désormais davantage attiré par un séjour en itinérance en vélo ou randonnée pédestre.

Deuxième destination européenne de cyclotourisme (après l’Allemagne), la France, avec ses 17 000 kilomètres d’itinéraires aménagés, est un terrain de jeu idéal pour tous les touristes sportifs. Car la diversité est au rendez-vous : les tracés mythiques, dont 9 000 km d’Eurovélo, permettent de découvrir fleuves, campagnes et villes françaises, jusqu’à la richesse patrimoniale des régions. Avec la crise de la Covid-19, l’appétence des voyageurs pour le slow tourisme n’a fait qu’accroître, et les territoires ont dû, eux aussi, se doter de nouvelles infrastructures pour accueillir les cyclistes. En 2020, ce sont en tout 1 784 km d’itinéraires cyclables sécurisés qui ont été aménagés (+165% par rapport à 2019). 

En plus des nouvelles pistes cyclables, c’est également l’ensemble des professionnels du tourisme, du monde du vélo qui œuvrent chaque année à proposer de nouveaux services le long de ces véloroutes. La Vélodyssée et la ViaRhôna, en passant par la Loire à Vélo, les itinéraires sont multiples et séduisent un large panel de touristes. Une pratique devenue de plus en plus accessible grâce aux évolutions techniques des vélos de randonnées, mais également au déploiement d’établissements dédiés à l’accueil des cyclotouristes et à la location de vélos. 

La Seine à vélo, entre patrimoine industriel, sport, art et innovations

Ouverte en 2020, la véloroute nommée La Seine à vélo est le dernier symbole du déploiement du cyclotourisme en France. Avec 420 kilomètres de voies cyclables aménagées et sécurisées, elle traverse 2 régions, 8 départements et 130 communes, permettant de relier Paris au Havre ou Deauville, le tout le long de la Seine.

Dans les cartons de 2016, le projet de la Seine à vélo se révèle être un véritable projet de valorisation de territoire. La vallée de la Seine, encore marquée par une désindustrialisation forcée, est aujourd’hui riche d’un patrimoine culturel, naturel, historique et architectural. De Giverny, berceau de l’impressionnisme, à Deauville et son architecture Balnéaire, au patrimoine industriel support d’arts contemporains, les berges de Seine sont pleines de ressources. L’aménagement de ce parcours vélo à l’ampleur nationale s’inscrit dans un plus vaste projet de valorisation territoriale, porté depuis une dizaine d’années par les différentes collectivités de la vallée de la Seine, des régions et départements, ayant décelé le fort potentiel d’attractivité commune pour cet axe Seine. L’ensemble des parties prenantes est donc acteur dans l’aménagement de ce nouveau territoire dans le but de valoriser ses qualités paysagères, historiques et architecturales. 

Longer la Seine de Paris au Havre en vélo est donc désormais possible. Pour sa concrétisation, les 15 collectivités membres du comité d’itinéraire de La Seine à vélo, se sont appuyées sur les infrastructures cyclistes déjà présentes sur le territoire pour les compléter. Les tronçons manquants ont été aménagés et des conflits d’usages ont dû être anticipés, afin de garantir aux cyclistes des conditions de voyage agréables. Outre l’aménagement cycliste, c’est également un travail avec le secteur de l’hôtellerie et de la restauration qui a été effectué pour offrir des points de repos et de restauration adaptés à l’accueil des vélos.

Vue à la tombée de la nuit des quais de Seine illuminés

La Seine à Vélo traverse la ville de Rouen, où il est possible de se loger et se restaurer dans des établissment ©Gettyimage

Plus innovant, la concrétisation de la véloroute le long de la Seine a été l’occasion d’installer la première “smart green road” française autour de Giverny dans l’Eure. Ce tronçon est dédié à l’expérimentation de plusieurs installations dont un E-tree, un arbre à feuilles photovoltaïques qui permet aux voyageurs de recharger leurs appareils électriques et de se connecter au wifi, ainsi qu’une iGirouette aiguillant les cyclistes dans leur trajet ou encore un éco-compteur. Des innovations qui préfigurent le futur des voies cyclables. 

Quelles retombées économiques pour les territoires ? 

Avec 5,1 milliards d’euros générés chaque année en France, le cyclotourisme est désormais une part non négligeable des dynamiques touristiques des territoires. Des retombées économiques qui ont flambé ces 10 dernières années avec une augmentation de 46% des revenus produits par cette pratique. En 2019, ce sont d’ailleurs près de 100 millions de nuitées qui ont été enregistrées en France, une aubaine pour les établissements touristiques situés à proximité de ces axes. 

Mais alors comment expliquer de telles retombées économiques le long de ces vélos routes ? Il s’avère qu’un cyclotouriste dépense en moyenne 13 euros de plus par jour qu’un autre touriste (68 euros en moyenne) et étale son périple sur des temporalités plus longues que des séjours classiques avec une moyenne de 8,9 jours contre 5,3 jours habituellement. L’aménagement des véloroutes est donc bien souvent une opportunité pour les territoires qui accueillent un nouveau type de clientèle et accroissent ainsi la fréquentation de leurs sites touristiques locaux. 

Malgré sa jeune existence, La Seine à Vélo en est le bon exemple puisqu’elle entrevoit déjà l’impact de son tracé sur le dynamisme des territoires qu’elle traverse. Au bout d’une année de mise en marche, on estime entre 10 et 17 millions d’euros de retombées économiques sur la Seine. 

Mais plus que le développement économique d’un territoire, les véloroutes sont également un gage d’amélioration du confort cyclistes pour les locaux. Leur aménagement permet d’améliorer nettement les réseaux de mobilités douces grâce à une sécurisation des voies cyclistes, souvent problématiques dans de nombreuses situations. Il permet également d’améliorer le cadre de vie des habitants, en diversifiant l’offre touristique de proximité : il s’avère d’ailleurs que 50% des cyclotouristes ont leur résidence principale à moins de 200 km. 

Ainsi, à l’heure où le slowtourisme et l’écotourisme sont plébiscités par les touristes et les territoires, le cyclotourisme prend tout son sens. À l’instar de La Seine à vélo, de nombreuses destinations suivent désormais la voie du cyclotourisme, pour offrir aux touristes de nouvelles manières de découvrir leurs paysages. 

Envies de ville : des solutions pour nos territoires

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