Vue du du plateau de Langres, où des élus ont pris le sujet à bras le corps en remplaçant des bus qui tournaient à vide par des transports à la demande qui font le plein.
Publié le 09.02.23 - Temps de lecture : 3 minutes

En Haute-Marne, un territoire remplace les bus par des transports à la demande

Loin des métropoles très bien connectées à leurs périphéries, aux réseaux de transports nationaux et offrant de multiples solutions à leurs usagers pour leurs déplacements quotidiens, les zones rurales luttent pour désenclaver leur territoire. Reportage en Haute-Marne où des élus ont pris le sujet à bras le corps en remplaçant des bus qui tournaient à vide par des transports à la demande qui font le plein.

« Le Pays de Langres c’est deux fois moins d’habitants que le 10e arrondissement de Paris mais un territoire huit-cent fois plus grand avec plus de 150 communes ». Sylvie Baudot, maire de Cohons et vice-présidente du Pôles d’Équilibre Territorial et Rural (PETR) sait y faire quand il s’agit de décrire l’environnement dans lequel elle exerce, un territoire « hyper rural », avec des communes qui ne comptent parfois que quelques dizaines d’habitants, séparées les unes des autres de plusieurs kilomètres.

Des transports à la demande pour répondre aux besoins des habitants

« Pendant des décennies, les habitants avaient la possibilité de prendre le bus mais ce système était hérité des années 1960 et ne correspondaient plus du tout aux besoins des habitants » raconte Sylvie Baudot. Une quinzaine de bus aux horaires et itinéraires fixes tournaient alors… à vide. Pourquoi ? Selon l’élue, « les arrêts de bus étaient parfois éloignés des habitations ce qui ne permettait pas aux personnes âgées de s’y rendre facilement. Les marches étaient trop hautes pour les personnes à mobilité réduite, et les dessertes trop peu régulières pour faire un aller-retour dans un bourg dans le but d’accéder à des services ou de se rendre à un rendez-vous ».


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Sylvie Baudot et quelques élus du Pays de Langres se sont donc emparés du sujet en allant découvrir des solutions existantes et alternatives aux lignes de bus dans d’autres territoires et ainsi identifier des pistes d’amélioration. « Nous avions pris notre baton de pèlerin pour aller voir un système de transport à la demande à Baume-les-Dames dans le Jura. Ils avaient mis en place un centre d’appel pour réserver des trajets. On s’était dit pourquoi pas chez nous ! ». Convaincus de la nécessité de remplacer les lignes de bus coûteuses, polluantes et inefficaces par un système proche de celui observé dans le Jura, Sylvie Baudot et quelques élus du territoire ont mené un travail de persuasion auprès du département. « Ça n’a pas été simple, confie Sylvie Baudot, car quand on annonce qu’on veut supprimer les bus par des véhicules légers, ça peut faire peur ! »

Et pourtant, ce système de transport à la demande nommé Linggo, en référence au peuple nomade des « Lingons », a fait monter tout le monde à bord. Concrètement, « Linggo propose du transport à la demande des communes vers le pôle urbain Langres-Saints-Geosmes, à l’échelle des bassins de vie, des communes vers le bourg-centre – Auberive, Bourbonne-les-bains, Chalindrey, Fayl-Billot, Longeau, le Montsaugeonnais, Rolampont, Montigny le Roi – mais aussi vers la gare de Culmont-Chalindrey pour ceux qui transitent dans la Région ou vers Paris. » En quelques années, les 15 lignes de bus ont été remplacées par 15 véhicules légers de 5 à 9 places beaucoup plus économes en carburant et plus adaptés à toutes les populations.

Carte du périmètre du PETR du Pays de Langres. © DR : PETR du Pays de Langres

© DR : PETR du Pays de Langres

« Ne laisser personne sur le bord de la route »

Le principe est simple, les utilisateurs réservent un trajet entre deux destinations desservies par le réseau, au plus tard la veille de leur départ pour que les équipes de Linggo puissent optimiser les itinéraires et ainsi limiter le temps passé dans les transports – une heure au maximum – et rentabiliser les véhicules. « Avant la crise sanitaire du Covid et ses confinements, le réseau a enregistré jusqu’à 8 000 réservations par an… Plus de monde, un service de meilleure qualité et le tout pour un coût moyen de 3 euros par trajet. »

« Une de nos clientes régulières vient de fêter ses 101 ans. Elle utilise nos services pour aller faire ses courses et aussi pour aller chez le coiffeur. Elle va se faire une beauté comme ça tous les quinze jours et pour une centenaire, c’est exceptionnel d’avoir la possibilité de décider elle-même quand elle a envie de sortir. Elle garde toute son autonomie » témoignait Sylvie Baudot pour France 3 Grand Est.

Faire mieux, avec moins d’argent et un meilleur bilan carbone, c’est toute l’ambition de Linggo, une initiative qui a d’ailleurs retenu l’attention des acteurs de la ruralité et pourrait bien faire des émules.

Envies de ville : des solutions pour nos territoires

Envies de ville, plateforme de solutions pour nos territoires, propose aux collectivités et à tous les acteurs de la ville des réponses concrètes et inspirantes, à la fois durables, responsables et à l’écoute de l’ensemble des citoyens. Chaque semaine, Envies de ville donne la parole à des experts, rencontre des élus et décideurs du territoire autour des enjeux clés liés à l’aménagement et à l’avenir de la ville, afin d’offrir des solutions à tous ceux qui “font” l’espace urbain : décideurs politiques, urbanistes, étudiant, citoyens…

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