Publié le 18.01.22 - Temps de lecture : 3 minutes

La méthode de l’Île-de-France pour recenser ses friches

Afin d’améliorer la connaissance du gisement foncier en Île-de-France, la Région a missionné L’Institut Paris Region pour créer et animer un Observatoire des friches franciliennes. Analyse de la méthode déployée et de la démarche adoptée pour valoriser cette base de données.

(©L’Institut Paris Region)

2.721. C’est le nombre de friches potentielles qui ont été recensées en Île-de-France par le nouvel observatoire dédié de l’Institut Paris Region. Dans le détail, les sites identifiés totalisent 4 200 hectares, le plus petit développant 100 mètres carrés et le plus grand 185 hectares, et sont répartis sur 728 communes. Leurs natures sont hétérogènes (agriculture, habitat, infrastructures, activités, carrières, loisirs…), tout comme leurs propriétaires : 1 990 sont des acteurs privés, 706 publics et 25 public/privé.

Pour recueillir ces informations, les experts de L’Institut Paris Region ont mis en place un processus rigoureux. Ils ont commencé par s’appuyer à la fois sur une méthode ascendante, à partir de leurs connaissances du terrain et celles des partenaires du plan régional Reconquérir les friches franciliennes (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural, Établissement public foncier d’Île-de-France, Ademe, Agence des espaces verts, Banque des territoires), et sur une méthode descendante consistant à croiser des bases de données géographiques (fichiers fonciers, EvoluMOS*).

Résultat : près de 12 000 emprises susceptibles d’être des friches ont été repérées. Ce premier canevas a ensuite été passé au tamis.

Un outil pour accompagner les politiques publiques

La qualification des données a été réalisée manuellement en s’appuyant sur des photographies aériennes et des photos issues du terrain. Pas moins de dix salariés de L’Institut Paris Region ont mené ce travail qui a conduit à la validation des 2 721 sites. La base de données ainsi constituée sera actualisée chaque année. Comme lors de la conception, la mise à jour se fera grâce à une méthode ascendante et descendante complétée par des vérifications. Ce recensement ne sera néanmoins pas public.


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« L’observatoire a vocation à demeurer un outil d’accompagnement des politiques publiques d’aménagement régional mais également local, détaille la note présentant l’observatoire. En cela, il y a une véritable nécessité de le faire vivre avec les territoires selon leur périmètre de compétence et les partenaires du plan « Friches » régional dans une dynamique de co-construction. » Suite logique de ce parti pris, L’Institut Paris Region développe un outil d’aide à la décision pour valoriser les données de l’observatoire.

Un guide sur les usages potentiels des friches en Île-de-France

« En partant de notre observatoire, nous sommes en train d’élaborer une plateforme pour accompagner les collectivités et autres porteurs de projets et les guider dans l’usage potentiel de ces friches, qu’elles soient destinées à du logement, à une activité agricole ou industrielle (y compris l’accueil de datacenters ou d’installations photovoltaïques), ou à des espaces publics, dans une optique de renaturation, par exemple », a détaillé Vincent Gollain, directeur du département Économie à L’Institut Paris Region, lors de la conférence « ZAN – réindustrialisation du territoire : french paradox ? » au Simi en décembre 2021.

Baptisée Cassius (Contribution à l’appariement spatial des sites et des usages), la plateforme prendra en compte une centaine de critères (proximité de la friche avec une gare, des lignes à haute tension ou un réseau de chaleur urbain, temps d’accès à l’emploi par les transports en commun, présomption de pollution des sols, phénomène d’îlot de chaleur, etc.) afin d’effectuer les simulations déterminant l’usage le mieux adapté aux caractéristiques de chaque site. « Notre approche à la fois géolocalisée et multicritères est transposable partout en France, que ce soit pour mettre en place un observatoire des friches comme une plateforme d’aide à la décision pour les acteurs publics », conclut Vincent Gollain. Un point loin d’être anodin au regard de l’importance qu’aura l’observation dans l’élaboration des futures stratégies territoriales pour atteindre le « zéro artificialisation nette ».

* L’EvoluMos est une couche issue du Mode d’occupation des sols (Mos) de L’Institut Paris Region. Elle permet de montrer, pour un secteur, les évolutions de l’occupation des sols depuis 1982.

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