Vue du Parc Matisse au Grand-Quevilly (en Haute-normandie), quartier innovant et réussi de logement inclusif et durable.
Publié le 25.08.22 - Temps de lecture : 3 minutes

Dix ans déjà : promenade au « Parc Matisse », quartier pas comme les autres au Grand-Quevilly

Conçu dès 2005, le « Parc Matisse » du Grand-Quevilly a réussi à répondre aux demandes de mixités sociale, culturelle et générationnelle sans se couper du reste de la ville. Le tout dans une démarche résolument tournée vers le respect de l’environnement.

Cette opération en première couronne rouennaise, sur la rive gauche de la Seine, a vu une partie de son destin se jouer à 600 kilomètres de là, de l’autre côté du Rhin, dans la ville allemande de Fribourg. Nous sommes en 2008, et malgré la crise économique qui bouleverse bien des projets, une délégation normande se rend en Allemagne afin d’observer les façons de résoudre une équation qui intéresse les collectivités de part et d’autre de la frontière : comment créer de la ville en périphérie des centres urbains, et, plus encore, comment le faire tout en limitant son impact sur l’environnement ?

Car cette parcelle de 12 hectares acquise par Foncier Conseil trois ans auparavant auprès de la mairie du Grand-Quevilly, et dépolluée entre temps, présente des opportunités, mais aussi des défis. Comment réhabiliter cet ancien site Shell, pour en faire un quartier de vie apaisé, familial et vertueux sur le plan environnemental ? La réponse prendra la forme d’un écoquartier – un des premiers de la région Normandie – dont Nicolas Martinet, directeur d’agence de Foncier Conseil à Rouen, a suivi toutes les étapes. « Aujourd’hui, on y voit des familles y faire leur vie, se promener dans le bois attenant, mais il y a un peu plus de dix ans, le paysage était tout autre ».

Première décision stratégique : proposer de la densité afin de créer un véritable morceau de ville plutôt qu’un quartier en marge du reste de l’agglomération. « Là où la densité habituelle pour du logement individuel est de 10 à 12 logements par hectare, nous avons construit environ 80 logements par hectare, se souvient Nicolas Martinet. Des petits ensembles allant du « R+4 » au « R+6 » abritant 550 logements, côtoient ainsi une cinquantaine de « maisons-villas » individuelles, pour un ratio de 60 % de logements sociaux, les 40 % restants étant en accession ». Relié au centre-ville de Rouen par deux arrêts de métrobus différents à moins de 300m, le « Parc Matisse », du nom du petit bois attenant, accueille également à proximité, une résidence seniors, un groupe scolaire, ainsi que des commerces et services de proximité, dont des services médicaux et para-médicaux. Tout sauf une cité dortoir en somme, qui ajoute à la mixité socio-économique et culturelle une mixité générationnelle. Et en son sein deux hectares d’espaces verts.


À lire aussi


Livré à partir de 2010 et jusqu’à 2016, le projet du « Parc Matisse » a germé en 2005, lorsque l’idée d’en faire un écoquartier prend forme. « D’un point de vue environnemental et thermique, nous avions fixé dans le cahier des charges d’atteindre la très haute performance énergétique, ce qui était en avance par rapport à la règlement thermique 2012 », se félicite le directeur d’agence, qui avait alors missionné un bureau d’études thermiques ainsi qu’un architecte coordinateur. L’ensemble des logements collectifs sont de « haute qualité énergétique » ; des ballons thermodynamiques et volets rétractables équipent la moitié des logements individuels et ont atteint la performance BBC ! » Le résultat d’une démarche bien plus large. « L’ensemble de notre activité d’aménageur est certifié ISO 14001 pour le respect de l’environnement, et le chantier respectait la charte “faible nuisance” souhaitée par la ville ». Résultat, les allers-retours des camions ont été pensés pour ne pas endommager ni salir la voirie, et une partie des déblais ont été directement réutilisés pour créer un merlon dans le bois.

« L’attention prêtée aux nuisances, la réutilisation de matériaux sur site… tout cela, ce n’était pas la norme à l’époque ! », rappelle Nicolas Martinet. Et de lister « le bio-traitement des poches d’hydrocarbures par des bactéries, le béton de l’ancien site Shell concassé sur place pour être utilisé sur les fonds de voiries, une traçabilité complète des matériaux, l’étude sur l’ensoleillement et le vent, et la réduction de la dépendance aux déplacements ». Les plantations diverses au gré des rues du quartier rappellent au passant le lien renforcé avec la biodiversité. Et en s’éloignant de quelques mètres, on découvre les noues et toute leur palette végétale. « Toutes les eaux pluviales sont gérées par de petits fossés, afin de limiter les risques d’inondations. L’eau s’infiltre au plus près de là où elle tombe, sans créer de gigantesques bassins », précise le directeur d’agence, qui a travaillé avec un écologue afin d’intégrer une palette végétale la plus large possible dans ces noues. « Aujourd’hui, les bassins sont un lieu de promenade en continuités piétonnes que nous nous sommes efforcés de créer ».

En retournant sur ses pas, le promeneur sera guidé le long de la trame verte jusqu’à la place centrale du quartier, lieu de vie et d’activités, qu’un vieux chêne préservé lors du chantier arbore et ombrage.

Envies de ville : des solutions pour nos territoires

Envies de ville, plateforme de solutions pour nos territoires, propose aux collectivités et à tous les acteurs de la ville des réponses concrètes et inspirantes, à la fois durables, responsables et à l’écoute de l’ensemble des citoyens. Chaque semaine, Envies de ville donne la parole à des experts, rencontre des élus et décideurs du territoire autour des enjeux clés liés à l’aménagement et à l’avenir de la ville, afin d’offrir des solutions à tous ceux qui “font” l’espace urbain : décideurs politiques, urbanistes, étudiant, citoyens…

✉️ Je m’inscris à la newsletter