Un jeune homme au bureau de sa petite chambre étudiante.
Publié le 10.10.23 - Temps de lecture : 3 minutes

Logement étudiant : quelles solutions pour faire face à la pénurie ?

Entre la pénurie de logements pour les étudiants et les loyers exorbitants, il est impératif de trouver des solutions durables pour garantir un logement décent à tous les étudiants. Déjà précaire, la situation a empiré ces derniers mois.

La rentrée universitaire une galère ? Cette année et comme les années précédentes le laissaient présager, elle est marquée par une crise du logement étudiant sans précédent. Il faut dire que la concurrence entre les candidats à la location est féroce. Les loyers, déjà en forte hausse au cours de la décennie passée, ont connu, dans un contexte d’inflation globale, une hausse de 8% à 10% entre les rentrées 2022 et 2023.

L’étude réalisée par l’institut OpinionWay pour la plateforme Wellow révèle que 31% des jeunes ont dû retarder leur passage à une vie autonome, 20% ont dû retourner vivre chez leurs parents, et 12% des moins de 35 ans ont même dû renoncer à poursuivre leurs études à cause de la crise du logement. Des conséquences bien concrètes à une pénurie de logements qui touche de plus en plus de catégories sociales.

À Lyon, 50 candidatures, aucune visite, à Bordeaux, des tentes devant la fac

Les témoignages dépeignent une réalité cruelle. Le Monde rapporte l’histoire d’Agnès, qui recherche désespérément un logement pour sa fille étudiante à Lyon. Malgré avoir postulé pour plus de cinquante logements et augmenté son budget, elles n’avaient, à quelques jours de la rentrée, toujours pas obtenu une seule visite. Comme cette jeune fille, de nombreux étudiants se voient refermer devant eux les places en résidence universitaire. « Je ne sais pas où ma fille va dormir à la rentrée » se désespérait la mère de famille qui a même envisagé de se tourner vers Airbnb ou Abritel, que les tarifs ont finalement découragée.

À Bordeaux où l’on compte 10 500 logements Crous pour 133 000 étudiants, la difficulté des étudiants à se loger à même pousser le syndicat étudiant l’Union étudiante a installé symboliquement des tentes de camping sur le parvis de l’Université Bordeaux Montaigne : « Ceux qui ne sont pas boursiers sont obligés de se tourner vers le parc privé et de se salarier pour se loger. C’est un facteur d’inégalités et la première cause d’échec dans les études. »


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Le logement étudiant touché par un problème structurel

Comment expliquer cette difficulté à se loger ? Entre 2018 et 2022, le nombre d’étudiants en France a augmenté de 200 000 personnes, atteignant près de 3 millions. Pourtant, l’offre de logement dédiée aux étudiants est structurellement déficitaire. Il manquerait au moins 250 000 logements étudiants pour répondre à la demande. Le nouveau ministre du Logement l’a lui-même reconnu fin août. Malgré le bon bilan des 7.000 logements sociaux étudiants construits l’an passé (retrouvant le niveau de 2017), « c’est peu à l’échelle des 2,8 millions d’étudiants en France ».

En outre, la crise immobilière nationale n’a pas épargné les logements étudiants, dont les loyers montent en flèche dans certaines villes. A titre d’exemple, se loger dans un studio au Mans, à Limoges ou à Poitiers coûte près de 60 % moins cher que dans la capitale, tandis que Lyon et Rennes sont actuellement les villes où l’on observe la plus grande tension sur le logement pour les étudiants. Une recherche effectuée par PriceHubble, fondée sur l’examen des offres sur les sites immobiliers majeurs, montrait une augmentation des loyers des appartements une pièce de + 6,5 % à Paris, + 6,2 % à Brest et Bordeaux, + 4,8 % à Strasbourg et + 4,6 % à Marseille entre juillet 2022 et juin 2023.

Des solutions à explorer

Face à cette crise, différentes solutions sont évoquées. David Alis, président de l’université de Rennes, a lancé un appel à la solidarité pour accueillir des étudiants. « Spontanément, nous nous sommes dit qu’il y a maintenant des idées, des façons d’accueillir. C’est l’occasion aussi de renforcer le lien intergénérationnel. Si on a un grand enfant qui est parti, on a une chambre. Est-ce que l’on peut dans ce moment de tension accueillir un étudiant ? C’est comme ça que nous nous sommes mobilisés », expliquait-il à France Inter. Par ailleurs, le gouvernement a développé une application, « Dossier facile », pour aider les étudiants à éviter les arnaques lors de la recherche de logement.

Des solutions qui relèvent davantage du système B que d’une réponse structurelle, durable. Dans un rapport d’information de juillet 2021, les sénateurs pointaient ainsi la nécessité de « relancer la dynamique de création de logements étudiants sur l’ensemble du territoire, ce qui passe par une territorialisation des objectifs de construction de logements étudiants en fonction du nombre d’étudiants, des perspectives d’évolution de la démographie étudiante et du prix local de l’immobilier. Cet effort est d’autant plus nécessaire que les besoins vont continuer à croître, parallèlement à la population étudiante. »

infographie : les chiffres-clés du logement étudiant

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