Publié le 25.01.22 - Temps de lecture : 3 minutes

Comment valoriser entrées de villes et franges urbaines ?

Embouteillages aux feux de circulation, ronds-points, enseignes publicitaires géantes, zones d’activités industrielles et commerciales… Si cette esthétique n’est pas représentative des villes françaises, c’est bien souvent celle qui caractérise les entrées de ville, marquées par un manque de cohérence architecturale et urbaine qui s’oppose aux efforts réalisés dans les centres-villes. Décryptage et guide des bonnes pratiques pour valoriser les entrées de ville.

Dans de nombreuses villes françaises, un constat s’impose : si les centres-villes font l’objet d’attentions de plus en plus marquées avec un patrimoine mis en valeur et des efforts réalisés sur sa rénovation, des rues et places accessibles à pied ou à vélo, les entrées de ville sont quant à elles rarement représentées sur les cartes postales. De fait, elles sont devenues au fil du temps les symboles de « la France moche », pour reprendre le nom de ce prix créé par l’association Paysages de France. Objets de nombreuses critiques et victimes d’un phénomène de lassitude de la part des Français, ces espaces en première périphérie des villes et des bourgs sont encore trop souvent une mauvaise publicité pour les territoires. Pourtant, des solutions existent.

L’association Sites & Cités remarquables de France et la Fédération Patrimoine Environnement organisent tous les deux ans le concours national des entrées de ville et de reconquête des franges urbaines pour identifier les meilleures pratiques de revalorisation. « La mission de ce concours est de diffuser les bonnes pratiques en matière de reconquête de ces espaces regroupant des constructions anarchiques et désordonnées et de récompenser et valoriser les villes qui ont conduit des opérations s’inscrivant dans une approche globale et durable qui intègre les dimensions environnementales, sociales, économiques et culturelles » témoigne Martin Malvy, président de l’association Sites & Cités. Avec plus de vingt ans d’existence, le concours est un véritable baromètre des efforts réalisés pour revaloriser ces espaces.

Les six clés pour valoriser les entrées de ville

Le concours national des entrées de ville évalue chaque année les villes candidates sur cinq critères qui se sont révélés comme essentiels pour adresser les problématiques de ces espaces. Premier point, le concours évalue le changement d’image des entrées de ville pour que les habitants se les réapproprient. Valoriser le patrimoine architectural et paysager dans les opérations de reconquête de ces espaces doit apporter une véritable valeur ajoutée au projet. À Raon-l’Étape par exemple, la ville a mené un projet de réaménagement des berges de la Meurthe pour recréer des liens entre la ville et la rivière, entre les habitants et la nature.

Ensuite, si les entrées de villes sont souvent associées à la voiture, le concours accorde une place importante au développement de modes de transport alternatifs en favorisant les circulations douces et en diversifiant les modes de déplacements par des trottoirs, pistes cyclables ou encore voies de bus. Pour la 16e édition d’ailleurs « le concours a été repensé en ouvrant les entrées de villes à trois types d’infrastructures ferroviaire, terrestre, fluviale » détaille Martin Malvy. Et poursuit « dans le contexte actuel du dérèglement climatique, il était important pour nous de valoriser les modes de déplacements alternatifs à la voiture. L’entrée d’une ville ne se vit pas qu’à travers les voies routières, les voyageurs entrent dans la ville également par les gares, ports… ». Lauréate en 2013, la ville de Chambéry a travaillé sur un projet de reconquête de l’axe de la Leysse, rivière qui traverse la ville, en recréant des cheminements piétons entre les différents quartiers et en y limitant de 25 % le trafic automobile.

Autre point majeur, le concours évalue les mesures locales pour réglementer la publicité et les enseignes pour sortir de ce que l’architecte urbaniste David Man­gin appelait « La Ville franchisée » dans son livre de 2003. À Saint-Dizier par exemple, la ville mène depuis plusieurs mois l’opération « La beauté sauvera le monde » en installant des reproductions de célèbres tableaux sur les panneaux publicitaires de la ville. Pas encore lauréate, l’initiative a déjà de quoi inspirer.


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Réintégrer des espaces au cœur de la ville, c’est l’un des enjeux et critères clé de ces opérations, avec un travail non seulement sur la transformation des fonctions des entrées de ville et franges urbaines mais aussi une réflexion sur la mutabilité des sites afin de lutter contre la vacance et anticiper les évolutions des quartiers et des activités.

Pour Martin Malvy, c’est aussi « l’harmonie globale des projets qui est mise à l’honneur avec des requalifications pensées à l’échelle du territoire, donc bien souvent de plusieurs communes ou de l’intercommunalité ». Dans cette logique, les citoyens peuvent être amenés à participer à l’élaboration des projets au travers de groupes de travail ou de consultation. C’est ainsi que les habitants commencent à se réapproprier ces espaces périphériques à leurs lieux de vie, d’activités et de loisirs.

Enfin, « la dimension environnementale est devenue un enjeu prégnant dans les opérations qui concourent. Nous avons pu constater qu’une grande partie des collectivités lors des dernières éditions proposent des opérations où la dimension végétale et la désartificialisation des sols est au cœur du projet » conclut Martin Malvy.

Envies de ville : des solutions pour nos territoires

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