Publié le 20.11.23 - Temps de lecture : 3 minutes

Un grand pas vers la marche en ville ?

Le terme ‘rues piétonnes’ a longtemps désigné une poignée d’artères commerçantes et touristiques fermées à la circulation dans l’hypercentre, pendant que les autres quartiers continuaient de vivre au rythme du tout voiture. Aujourd’hui, c’est toute la ville qui s’intéresse à la marche à pied pour ce qu’elle est déjà, le deuxième mode de mobilité en France après la voiture.

Si les automobilistes et les cyclistes sont clairement identifiés comme des utilisateurs de la rue, les piétons sont longtemps demeurés relativement invisibles, peu écoutés, jusqu’à ce que l’épidémie de Covid rende ses lettres de noblesse à la marche en ville. Écologique, inclusive, bonne pour la santé, il est vrai qu’elle coche toutes les cases ! Élus, chercheurs et urbanistes s’y intéressent donc de près. En témoignent la parution en 2021 du premier baromètre des villes marchables, porté par le collectif « Place aux piétons », mais aussi l’appel à projets ‘Marche du quotidien’ lancé en 2023 par l’ADEME pour aider les communes lauréates à développer leur politique piétonne. L’ambition est là mais la partie s’annonce difficile, car la concurrence est rude pour l’occupation d’un espace urbain déjà saturé. Pourtant quelques territoires pionniers, ici et ailleurs, ont déjà fait le premier pas…

À Pontevedra, une nouvelle hiérarchie

Sans bannir la voiture, cette ville espagnole de 82 000 habitants a clairement instauré une nouvelle hiérarchie. Elle donne la priorité aux piétons, puis aux cyclistes et aux usagers des transports en commun, les automobilistes arrivant en queue de peloton. L’espace public a été complètement retravaillé :  trottoirs supprimés dans l’hypercentre, installation de bancs, d’espaces végétalisés, d’aires de jeux. Dans les rues empruntées par les voitures, l’espace dédié aux piétons a doublé pour que deux personnes avec des parapluies ouverts ou des poussettes puissent s’y croiser. Enfin, un plan isochrone de la ville, le metrominuto, pensé comme celui d’un métro, indique les trajets à pied en distance métrique et temporelle.

À Toulon, une dynamique globale

Souvent cité comme un laboratoire en matière de renouvellement urbain, Toulon semble avoir réussi le double pari de redynamiser son centre ancien tout en le rendant bien plus accueillant aux piétons. Dans le quartier Basse-Ville, les démolitions de bâtiments, lors des opérations d’aménagement menées ces 15 dernières années, ont notamment permis de créer des axes de passage plus fluides pour les piétons. Aujourd’hui, le quartier, à la neuvième place du premier palmarès de la fréquentation piétonne de Mytraffic et de l’Institut des Hautes Études des Métropoles, est l’un des plus dynamiques de France pour la marche à pied.


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À Strasbourg, une longue conquête

Classée numéro 2 au baromètre 2023 des villes marchables, Strasbourg a créé sa première zone piétonne il y a 50 ans. Son plan piéton 2021-2030 illustre parfaitement le nouvel âge des villes piétonnes : il prévoit notamment l’aménagement de trois magistrales piétonnes et de grands itinéraires réservant 50 % de l’espace aux piétons, la réalisation de 17 rues aux écoles et un plan ‘bancs et assises’.  Une attention particulière est accordée à la séparation des flux piétons et cyclistes car l’essor du vélo a son revers : la multiplication des conflits d’usage sur la voie publique.

À Nantes, le piéton au centre

Décidée à porter à 30% la part de la marche dans les déplacements quotidiens d’ici 2030, la métropole s’appuie sur le concept de ville du quart d’heure pour penser des itinéraires à l’échelle du piéton. Elle s’attache à lever les obstacles physiques qui perturbent la marche ou le déplacement des personnes en fauteuil roulant, à développer la végétalisation pour proposer des parcours ombragés, à aménager des haltes, avec des espaces de repos et de rencontre. Elle fait de la place aux piétons même dans les rues étroites, en créant des sens uniques, ou dans les carrefours complexes, avec des trottoirs traversants.

À Paris, un cœur piéton par arrondissement

Avec un plan piéton doté de 300 millions sur la mandature en cours, Paris entend rendre la marche plus accessible, plus sûre et plus agréable pour tous. Depuis 2020, son programme ‘Rues aux écoles’ a déjà permis d’apaiser 180 rues et d’en transformer 40, l’objectif étant d’atteindre, en 2026, 300 rues aux écoles piétonnisées et souvent végétalisées. L’ambition, avec 100 hectares piétonnisés d’ici 2030, est de doter chaque arrondissement d’un cœur piéton en élargissant les trottoirs, en réservant les contre allés aux piétons. Et bien sûr d’accompagner au mieux les usages, en végétalisant pour rendre les déplacements à pied plus supportables en période de forte chaleur, ou en ajustant la durée de certains feux piétons en fonction de la vitesse moyenne de marche des personnes âgées

Envies de ville : des solutions pour nos territoires

Envies de ville, plateforme de solutions pour nos territoires, propose aux collectivités et à tous les acteurs de la ville des réponses concrètes et inspirantes, à la fois durables, responsables et à l’écoute de l’ensemble des citoyens. Chaque semaine, Envies de ville donne la parole à des experts, rencontre des élus et décideurs du territoire autour des enjeux clés liés à l’aménagement et à l’avenir de la ville, afin d’offrir des solutions à tous ceux qui “font” l’espace urbain : décideurs politiques, urbanistes, étudiant, citoyens…

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