Comment Mulhouse se convertit-elle en ville du quart d’heure ?

Promesse de campagne en 2020 de Michèle Lutz, maire de Mulhouse depuis 2017, le concept imaginé par Carlos Moreno est en cours de déploiement. Jean Rottner, adjoint de la maire en charge du projet de la « Ville du quart d’heure », fait le point sur le processus et dresse un premier bilan.

Paris n’est pas la seule ville française à décliner « la ville du quart d’heure ». Engagement de campagne de Michèle Lutz, Jean Rottner et de leur équipe, le concept se déploie à Mulhouse depuis les dernières élections municipales.

« Jean-Marie Bockel a impulsé la construction du tramway quand il était maire afin de relier les quartiers entre eux, explique Jean Rottner, actuellement premier adjoint au maire, délégué à la coordination du projet de la « Ville du quart d’heure ». Quand je lui ai succédé, nous avons lancé la reconquête du centre-ville en travaillant la politique commerciale, les aménités, les animations, la qualité architecturale et en menant un travail de renouvellement urbain important. Résultat : le centre-ville de Mulhouse répond déjà en grande partie aux préceptes de la ville du quart d’heure. Mais il était possible d’aller plus loin en déployant le concept dans les quartiers périphériques tout en renforçant le lien avec le centre-ville. C’est là tout le sens de la politique menée par Michèle Lutz depuis sa réélection. » Concrètement, l’idée est de rendre accessible à un habitant de tout quartier de Mulhouse les services et les commerces en moins de 15 minutes, en jouant sur la mobilité, l’implantation des petits commerces, etc.

Développement des mobilités douces et renouvellement urbain au programme

Pour convertir l’ensemble de la ville et ses 110 000 habitants, les élus et les services municipaux actionnent plusieurs leviers. Le premier concerne la mobilité avec l’élaboration d’un vaste plan vélo ainsi que le réaménagement des bords des rivières de l’Ill, de la Doller et des canaux qui traversent la ville à travers le projet des diagonales vertes et bleues pour permettre aux cyclistes et aux piétons de redécouvrir le patrimoine naturel. En parallèle, le renouvellement urbain va se poursuivre avec la mobilisation de plus de 300 M€ dans les dix ans à venir et l’accompagnement de l’Atelier Ruelle.

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« L’imbrication de ces politiques dans les différents quartiers permettra de restaurer leur attractivité et ainsi de créer les conditions nécessaires à la réinstallation de commerces et services, assure Jean Rottner. Cette transformation devra s’accompagner de changements profonds dans les habitudes des Mulhousiens, ce qui prendra du temps et explique qu’ils ne soient pas encore visibles. » Dans ces conditions, le dialogue avec les habitants constitue naturellement un autre pilier du déploiement de la ville du quart d’heure.

Le rôle déterminant des urbanistes et des architectes

« La crise sanitaire a entravé le dialogue avec les Mulhousiens et donc ralenti notre conversion, observe le premier adjoint au maire. Nous espérons pouvoir relancer les réunions de quartier rapidement afin d’expliquer nos décisions. C’est un combat positif que nous menons avec des médiateurs : les urbanistes, les architectes, les gestionnaires d’infrastructures… Ces professionnels arrivent souvent à lever les blocages. »

Ils seront en première ligne dans les mois à venir avec des décisions de la municipalité qui modifieront les habitudes de circulation. « Quand nous utilisons moins la voiture, il y a une forme de prise de conscience et nous nous tournons davantage vers les ressources qui sont à proximité de chez nous, souligne Jean Rottner. La ville du quart d’heure prend alors véritablement forme. » Une dizaine d’années seront probablement nécessaires pour mener le processus de mutation à son terme.

Crédit photo de Une : ©Thomas Itty