Publié le 16.01.19 - Temps de lecture : 5 minutes

L’économie circulaire dans les collectivités : 10 initiatives à suivre

L’économie circulaire fait de plus en plus parler d’elle et n’est désormais plus une utopie. Nouveaux modes de conception, réemploi, réparation, recyclage, etc., les initiatives se multiplient partout en France, notamment dans le secteur du bâtiment. Découvrez 10 initiatives qui font bouger les lignes :

1 – Recyclage ou réemploi de matériaux issus de la construction/démolition :

La loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour une croissance verte fixe un objectif de valorisation des matériaux issus de la construction et de la démolition à 70% d’ici 2020. Faux-plafonds, revêtements de sol, luminaires, cloisons, portes, etc. : de nombreux matériaux de second oeuvre sont ainsi triés en vue d’un recyclage ou d’un réemploi.

Afin d’aider les professionnels du bâtiment à concevoir des bâtiments plus économes en ressources, la société Bazed a par exemple mis en place une base de données en ligne qui recense les initiatives de “Bâtiments zéro déchet” et met à disposition des professionnels du bâtiment des solutions techniques qui couvrent l’ensemble des phases du chantier, du gros oeuvre aux équipements.

2 – Recyclage du mobilier issus de la déconstruction :

Placée depuis 2012 sous la responsabilité d’Eco-Mobilier pour les déchets d’ameublement des ménages et Valdelia pour le mobilier professionnel, la collecte des vieux meubles s’agrandit : “elle est passée de 56 000 tonnes collectées en pied d’immeuble en 2016 à 70 000 tonnes en 2017” affirme le directeur général de Valdelia, Arnaud Humbert-Droz. Si la collecte du mobilier s’accroît en France, le recyclage reste cependant insuffisant notamment à cause des déchets issus du bois qui manquent toujours de débouchés. Pour stimuler le recyclage, l’éco-organisme Valdelia a donc mis en place une plateforme web, Valdeclic, de stockage, d’inventaire et de mise à disposition du mobilier d’Ile-de-France à destination des acteurs de l’ESS (Économie Sociale et Solidaire).

3 – Utiliser des matériaux biosourcés :

Les matériaux biosourcés sont issus du vivant, d’origine animale comme la laine de mouton ou végétale comme le bois ou encore la paille. 100% naturels et sans impact sur l’environnement, les matériaux biosourcés couvrent une large gamme de produits et trouvent de multiples applications dans le domaine du bâtiment : isolation des murs, des planchers, remplissage des combles, revêtement de façades, etc. Identifiés par le ministère de l’écologie comme ayant un potentiel de développement économique élevé pour l’avenir, les matériaux biosourcés sont aujourd’hui sur le devant de la scène. En 2012, les pouvoirs publics ont d’ailleurs mis en place le label “Bâtiment biosourcé” afin d’en valoriser l’utilisation.

4 – Favoriser l’emploi de matériaux de construction recyclables :

Les matériaux de construction recyclables font désormais parler d’eux. Moins cher, plus écologique et possédant des qualités isolantes indéniables, ces matériaux s’imposent petit à petit dans le secteur du BTP. L’acier fait par exemple partie des matériaux recyclables pouvant entrer dans la construction de bâtiments ou de maisons. Particulièrement résistant aux vents et aux secousses sismiques, il s’avère même plus solide que le bois.

5 – Concevoir des bâtiments modulaires et évolutifs :

La construction modulaire consiste à assembler des bâtiments complets en utilisant des modules individuels fabriqués en usine. Les modules sont entièrement équipés en électricité, plomberie, chauffage, etc., avant de quitter l’usine. Une fois prêts, les modules sont livrés et assemblés sur le site. Les constructions de bâtiments modulaires sont de qualité équivalente à la construction traditionnelle en dure, ils permettent de répondre à de multiples usages provisoires – bureaux en cours de réaménagement, établissements scolaires, centres d’hébergement d’urgence, etc – et peuvent évoluer au fil du temps. Ces bâtiments sont en effet conçu de manière à s’adapter aux besoins de leurs occupants : une chambre pouvant devenir un salon et inversement.

À titre d’exemple, un deuxième centre d’hébergement d’urgence entièrement modulable et démontable a vu le jour en janvier dernier à Paris : le Bastion de Bercy. Ce centre d’une capacité de 308 places a pour mission d’héberger aussi bien des familles que des adultes isolés.

6 – Prévoir le désassemblage et la déconstruction du bâtiment dès sa conception :

Pour éviter d’avoir à gérer des déchets trop importants, la solution la plus logique est, dès la conception du bâtiment, de prévoir la production de déchets induite sur toute la durée de sa vie et les solutions applicables pour favoriser le réemploi et la recyclabilité des matériaux. L’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) porte pour cela un projet baptisé DEMODULOR, qui consiste à développer quatre solutions constructives de prévention de la production de déchets grâce à une approche systématique de démontabilité. Une de ces solutions consiste par exemple à remplacer les clous difficilement réutilisables par des assembleurs métalliques.

7 – Faire entrer l’économie de la fonctionnalité dans le bâtiment :

L’économie de la fonctionnalité consiste à fournir aux entreprises, individus ou territoires, des solutions intégrées de services et de biens reposant sur la vente d’une performance d’usage ou d’un usage et non sur la simple vente de biens” (Définition Ademe).

Expérimentée par l’Ademe, l’économie de la fonctionnalité apparaît comme une alternative viable à notre système productif et de consommation actuel, promettant un développement plus économe en ressources et générant moins de polluants. Elle correspond à une vision humaniste de l’économie soutenue par le développement d’une dynamique servicielle, de coopération entre les acteurs et de valorisation des ressources immatérielles des entreprises et des territoires (compétences, confiance, santé, etc.).

Appliquée au secteur du bâtiment, l’économie de la fonctionnalité offre des potentialités de mutualisation des usages favorisant la cohésion sociale comme la mise à disposition de parkings communs, de locaux partagés, jardins partagés, laverie collectives, etc.

8 – Valoriser les énergies fatales :

Les énergies fatales correspondent aux énergies vouées à être perdues c’est-à-dire qu’elles ne sont pas ou peu réutilisables. C’est par exemple le cas pour l’eau chaude utilisée pour la douche ou encore l’air extrait des systèmes de ventilation. Selon une publication de EDF en 2013, sur les 450 TWh* que représente la consommation énergétique industrielle française chaque année, 140 TWh ressortent sous forme d’énergie fatale, soit plus de 30%. Face aux enjeux environnementaux actuels, la récupération et la valorisation de ces énergies est donc aujourd’hui primordiale. De nombreuses technologies et équipements permettent désormais cette récupération que ce soit via des réseaux d’échangeurs – permettant de transférer de l’énergie thermique en un fluide autre – ou des système de stockage de chaleur.

À Dunkerque, l’acierie ArcelorMittal engage près de dix millions d’euros par an pour réduire son empreinte environnementale et ses investissements ciblent notamment l’exploitation de la chaleur fatale. Le principe est simple : sur les deux chaînes d’agglomération de l’usine, où le mélange de minerais fins est porté à haute température (1000°C), ArcelorMittal récupère cette chaleur grâce à un échangeur. L’air à 250°C chauffe l’eau, qui est ensuite envoyée au réseau municipal. Sur le réseau dunkerquois, cette chaleur véhiculée par de l’eau à 110°C permet de chauffer 6000 logements, l’hôpital, des écoles et la piscine municipale.

9 – Utiliser l’eau en cascade :

Récupérer l’eau de pluie pour alimenter les chasses d’eau, traiter les eaux grises (lavabo, douche) sans station d’épuration est désormais possible. De nouveaux système comme la phytoépuration existent, caractérisés par de faibles contraintes d’exploitation. La phytoépuration c’est l’épuration des eaux usées (domestiques) via des bassins peuplés de plantes dites “épuratrices” (jonc, iris, phragmites, massettes…) accompagnées d’algues, de bactéries et autres microorganismes. Cette technique fait appel aux cycles biologiques qui se développent naturellement dans les zones humides comme la sédimentation et la filtration grâce au racines de certaines plantes ou encore la décomposition à l’aide de bactéries.

10 – Valorisation des déchets organiques en compost :

D’après Vedura, plateforme web de référence en matière de développement durable, d’économie sociale et solidaire, les déchets organiques représentent environ 17% du volume de déchets des français et ne font l’objet d’aucun traitement spécifique alors qu’ils sont 100% recyclables. Et pourtant, plusieurs méthodes de valorisation de ces déchets biodégradables existent et ne sont plus simplement réservés à ceux qui vivent à la campagne, comme le composteur collectif. Situé au coeur des villes, en pied d’immeuble ou sur des espaces verts, ces composteurs offre aux habitants la possibilité de déposer leurs déchets organiques en commun, pour en fin de cycle récupérer du compost qu’ils réaliseront par exemple pour jardiner. Pour favoriser cette initiative, le site biodechets.org a d’ailleurs référencé les endroits où trouver un composteur partagé.

 

*Térawatt : unité de mesure en météorologie.

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