Un arrêté municipal affiché sur une fontaine, éteinte dans le cadre d'un plan sécheresse.
Publié le 27.04.23 - Temps de lecture : 2 minutes

Plan sécheresse : comment se préparent les collectivités ?

La sécheresse hivernale qu’a connue le pays en début d’année doit nous inciter à revoir en profondeur nos usages de l’eau. À partir de ce diagnostic posé par de nombreux experts, certains élus locaux ont décidé d’en tirer toutes les conséquences à travers la mise en place de politiques ambitieuses et innovantes.

27 jours sans pluie en plein cœur de l’hiver, des records de sécheresse battus à Bordeaux, Paris et Brest, une situation jugée préoccupante en Occitanie… À la fin du mois de février, la sécheresse, déjà installée dans la plupart des départements, laissait présager le pire, après un mois de juillet 2022 considéré comme le plus sec depuis 1959. L’abondance des précipitations en mars, supérieure à la moyenne à cette période de l’année, a permis de retrouver un peu d’optimisme. Avec tout de même quelques bémols, comme l’expliquait le 21 mars Guillaume Séchet, fondateur du site Météo Villes : « (…) l’indice d’humidité des sols en surface reste globalement proche de la normale en France, sauf en Méditerranée où le déficit persiste. La sécheresse en profondeur (nappes), quant à elle, reste prononcée ».

Une année 2023 sous haute tension

Dans son rapport remis le 12 avril, la mission interministérielle sur la gestion de l’eau lors de la sécheresse de 2022 estime pour sa part que l’année 2023 pourrait être une nouvelle année à risques pour l’approvisionnement en eau potable. Deux raisons à cela : « la période de plus d’un mois sans pluie début 2023 en France, et l’organisation d’événements exceptionnels susceptibles d’agir sur la pointe de consommation d’eau potable dans plusieurs grandes villes à la même période, comme à l’été 2023 la coupe du monde de rugby, puis en 2024, les Jeux Olympiques et Paralympiques ». Plus grave encore, « ce phénomène aujourd’hui considéré comme extrême pourrait n’être qu’un épisode moyen d’ici la fin du XXIe siècle. Il est donc nécessaire d’en tirer tous les enseignements en termes de gestion de crise mais aussi d’évolutions plus structurelles de nos usages de l’eau, pour mieux nous préparer aux épisodes à venir ».

Des élus locaux innovants et mobilisés

Il est intéressant de constater que, sans attendre le plan présenté le 30 mars par le président de la République, de nombreux élus locaux ont déjà pris des mesures en ce sens. Concernant la réutilisation des eaux usées par exemple, qui est l’un des grands axes du « plan eau », avec un objectif de 10 % de réutilisation à l’horizon 2030, le mouvement est déjà engagé. La Communauté d’agglomération Sophia Antipolis par exemple, a investi 150 000 euros dans une installation dédiée au nettoyage des eaux usées afin qu’elles soient réutilisées pour laver la voierie et irriguer les parcs publics. La collectivité envisage également de réutiliser les eaux « grises » (eaux domestiques faiblement polluées) et l’eau de pluie pour les toilettes des bâtiments publics.


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La réutilisation de l’eau de pluie est également une réalité depuis seize ans à Grand Guéret. L’eau est collectée et traitée dans un bassin de 8 000 m3, pour être ensuite utilisée par les pompiers, les services de la ville et quelques entreprises d’assainissement. L’objectif est désormais que cette eau, vendue 4 à 5 fois moins cher que l’eau potable, soit davantage utilisée par les entreprises de certains secteurs (le BTP notamment).
L’incitation à la sobriété fait également partie des leviers mis en œuvre par certaines collectivités. Montpellier Méditerranée Métropole, pour responsabiliser les usagers, a ainsi mis en place une tarification progressive : le prix du litre d’eau augmente avec les volumes consommés.

L’incitation financière peut également, comme à Orléans Métropole, consister à encourager les particuliers, par des tarifs préférentiels, à s’équiper de récupérateurs d’eau de pluie pour laver leurs voitures ou arroser leurs jardins.

D’autres élus réfléchissent à la possibilité de réallouer les moyens vers d’autres priorités. « On dépense trop d’énergie et de ressources pour rendre l’eau potable, je crois qu’il faut complètement repenser le système », explique ainsi Bruno Ricard, maire de Lanvallay et vice-président en charge du pilotage stratégique de la ressource en eau de Dinan Agglomération.

Rares sont en revanche les maires à faire des choix plus draconiens, comme par exemple suspendre les autorisations pour la construction de nouvelles piscines.

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