Publié le 22.06.21 - Temps de lecture : 3 minutes

Sauvegarder les arbres en les déplaçant !

Si les projets d’aménagement et de croissance urbaine intègrent aujourd’hui de plus en plus la question de la biodiversité, dès leur conception, se pose souvent la question de l’existant, et notamment dans le cas de présence d’arbres sur le site. S’ils ne peuvent être conservés, ils sont, de plus en plus souvent, déplacés. Une démarche engagée de la part de ceux qui conçoivent et réalisent les nouveaux projets de territoires, qui pourtant, n’est pas nouvelle.

Une pratique qui ne date pas d’hier

Remis sur le devant de la scène récemment, la transplantation d’arbres adultes est pourtant un procédé utilisé depuis plusieurs siècles. Valentin Lopin, jardinier et ingénieur du XVIIème siècle, avait ainsi mis au point une machine permettant d’extraire un arbre de son sol originel pour le déplacer et le replanter. Sa méthode rudimentaire était possible grâce à un système de poulies placées sur un chariot. C’est notamment grâce à ce nouvel outil, qu’il a pu façonner les célèbres allées des jardins du château de Versailles.

Peu à peu, la force du bétail a été remplacée par celle de la machinerie, permettant d’extraire des arbres de plus en plus grands, de plus en plus matures. Une pratique qui a rendu possible la sauvegarde d’espèces ancestrales et leur mise en valeur dans de nouveaux lieux de vie.

©Topical Press Agency

Transplanter plutôt qu’abattre, pour quoi faire ?

La transplantation d’un arbre présente de nombreux avantages. Pour atteindre son âge mature, un arbre pousse entre 20 et 50 ans selon les espèces. Un temps long où il se développe et fabrique peu à peu son système racinaire. C’est alors à maturité qu’un arbre est le plus bénéfique pour son environnement : il assure l’irrigation des sols par ses racines, la capture du CO2 par ses feuilles, l’accueil de biodiversité dans ses branchages…

S’il n’est pas possible de sauvegarder un arbre ou un arbuste au sein d’un projet urbain, le transplanter pour le disposer dans un autre espace peut se révéler avantageux pour le projet. Au sein d’un projet urbain, la végétation est désormais un élément clé des aménagements extérieurs et l’approche environnementale est largement privilégiée. Elle participe à la création d’un écosystème naturel, permettant l’amélioration des conditions de vie pour les futurs usagers. Les arbres et arbustes  adultes s’intègrent pleinement dans cette logique en :

  • Participant à la réduction des températures en contrant l’effet d’îlot de chaleur.
  • Permettant aux habitants de bénéficier d’espaces ombragés dans les espaces extérieurs.
  • Réduisant la pollution des villes par l’absorption de CO

À l’inverse d’une plantation d’un nouvel arbre sur site, la transplantation se révèle donc être un gain de temps considérable par rapport à la plantation d’un nouvel arbre. En effet, le sujet jeune doit arriver à maturation avant de faire pleinement bénéficier de ses services au quartier créé.

Une pratique qui se démocratise dans l’aménagement paysager des villes

C’est le choix qui a été fait en région lyonnaise. Pour la ZAC Berliet à Saint-Priest, un ancien site industriel en cours de transformation pour la création d’un nouveau quartier mixte, l’aménageur et promoteur Nexity a fait le choix de sélectionner et transporter 1100 arbustes, développés pendant la vacance du site, qui gênaient alors au développement du projet.

Dans une logique de circuit-court, ces arbustes ont été transplantés à 3 km de la ZAC Berliet sur le site USIN (solutions immobilières et de services en réponse à la transformation de l’industrie en ville et à la transition écologique) développé par le Groupe SERL, en partenariat avec la Banque des Territoires et la Caisse d’Epargne Auvergne-Rhône-Alpes. Les 1100 sujets ont alors été replantés à proximité, sur la friche,  pour une période transitoire de 16 à 24 mois, pour être à terme redéplacer au cœur du futur campus de la ZAC Berliet.

Les arbustes sont replantés en attente d’être définitivement réinstallés dans la Zac Berliet ©Nexity

Comme le confie Christophe Cottarel, paysagiste concepteur de l’opération, grâce à ce procédé, les arbustes voués à l’abattage ont pu ainsi être sauvegardés :« Des espèces endémiques et rustiques ont été sauvegardées : Cornouiller, Prunellier, Eglantier, Aubépine, Laurier sauce… Ces essences viendront à terme former des masses arbustives denses ». Une pratique expérimentale et raisonnée qui favorise la pérennité d’espèces végétales en croissance.

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