Publié le 28.06.22 - Temps de lecture : 3 minutes

La méthode de Besançon pour lutter contre les îlots de chaleur

Besançon n’est pas épargnée par les vagues de chaleur urbaines. Pour lutter contre ce phénomène, la ville déploie différentes expérimentations. Végétalisation, préservation de la biodiversité, désimperméabilisation des sols, gestion de l’eau… Anne Vignot, maire de Besançon, détaille les solutions explorées dans cette lutte contre le réchauffement climatique.

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Dans quelle mesure la ville de Besançon est confrontée au phénomène des îlots de chaleur urbains ?

Anne Vignot : Les îlots de chaleur sont un véritable enjeu pour Besançon, et ce malgré le fait que la ville soit entourée de collines boisées. En centre-ville, le patrimoine historique est très important. Nous avons 235 hectares sauvegardés au titre des monuments historiques et sommes ainsi le deuxième plus grand secteur sauvegardé de France. Plus en périphérie, Besançon compte des grands ensembles, issus de l’urbanisme des années 60 qui, à l’origine, était entourés de végétation. Puis, avec le transfert des services du centre-ville dans ces quartiers, l’aménagement de grandes dalles, de parkings, une concentration de zones d’activités et des bâtiments énergivores générant de la chaleur, ces secteurs sont devenus très minéraux. L’ensemble de ces caractéristiques et le changement climatique entrainent des températures de plus en plus élevées. Nous avons mis en ligne une carte interactive réalisée à partir d’une thermographie aérienne, permettant d’identifier les zones de surchauffe urbaine et les lieux frais de l’agglomération. Cette donnée est une source de connaissance importante qui, mise à disposition de tous, concourt à la prise de conscience collective, et doit aider au changement de pratique des aménageurs et des habitants. Nous travaillons désormais à construire la ville du futur, résiliente au changement climatique. En tant qu’adjointe en charge de l’environnement devenue maire de Besançon en 2020, je mène une stratégie qui intègre toutes les dimensions : végétalisation, préservation de la biodiversité, désimperméabilisation des sols, gestion de l’eau…


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Pouvez-vous nous détailler les actions associées à cette stratégie de rafraichissement urbain ?

Anne Vignot : Le corridor socio-écologique de Besançon constitue une trame que nous souhaitons préserver et développer. Nous souhaitons à la fois réduire au maximum le bitume, végétaliser les espaces publics et favoriser des connexions en modes doux. Les températures élevées, la perte de biodiversité et le manque d’infiltration, néfaste pour le cycle de l’eau, ont entrainé la mise en place d’une politique active de désimperméabilisation des sols, de la voirie, des places, des cours d’école avec la pose de revêtements drainants. Deux établissements scolaires par an verront leurs cours aménagées sur ce principe. Tous les ans, des fontaines seront remises en eau au centre-ville (circuit fermé), afin d’apporter de la fraîcheur.
Une réflexion est en cours pour installer des matériaux perméables sur les parkings, les pistes cyclables mais aussi sur les trottoirs urbains. Tous ces projets en secteur protégé sont conditionnés à un avis positif de l’architecte des Bâtiments de France. Un dialogue est en cours avec ses services. Pour les projets de construction, d’aménagement ou de rénovation de bâtiments, les services de la ville ont publié un guide de bonnes pratiques sur les problématiques d’exposition à la température, de biodiversité, ou encore de matériaux biosourcés. L’objectif est également de végétaliser les façades des bâtiments publics pour diminuer l’effet de chaleur.

Pour mieux redistribuer l’eau en matière de sécheresse, quelle est votre politique de gestion de cette ressource ?

Anne Vignot : Besançon est traversée par le Doubs, mais la rivière est constituée à 40 % par des sources qui sont très tributaires de la pluviométrie. Notre département Eau et Assainissement, transféré à la communauté urbaine met en œuvre des solutions pour diversifier les captages d’eau afin de préserver le milieu naturel et fait la chasse aux fuites d’eau sur nos réseaux. Nous avons par ailleurs entamé une réflexion sur l’écoulement des eaux pluviales pour permettre leur retour au sol plutôt qu’elles soient intégrées dans les réseaux de collecte, en privilégiant les noues, l’infiltration à la parcelle, une collecte spécifique pour les arrosages. En effet, un dispositif de collecte et de stockage des eaux pluviales pour la redistribuer en période de sécheresse a été mis en place.

Cette politique entraine des changements importants dans une ville comme Besançon. Comment réagissent ses habitants ?

Anne Vignot : Il faut du temps pour que cette politique soit acceptée par tous. Cette évolution des pratiques nécessite un travail pédagogique d’accompagnement. Comme celui entrepris par les jardiniers de la ville qui vont au-devant des habitants pour expliquer la nécessité de ne plus planter des fleurs tous les deux mois dans les jardinières de la ville mais des vivaces qui vont pousser comme dans un milieu naturel. Il faut aussi que les citoyens comprennent nos besoins de végétalisation accrue. Les herbes folles et autres pissenlits sont devenus un enjeu souvent débattu, mais leur multiplication dans la ville permet de lutter contre la chaleur et d’accompagner l’arrivée des pollinisateurs, très utiles pour assurer la dynamique de la biodiversité.

Photographies ©Ville de Besançon

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