économie circulaire : des ouvriers du bâtiment sur un chantier.
Publié le 09.04.24 - Temps de lecture : 3 minutes

Économie circulaire : comment faire pour la généraliser dans les collectivités ?

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En cinquante ans, la consommation de matières premières et de ressources naturelles a été multipliée par dix. Pour tenter de changer de modèle et freiner la consommation de nouvelles ressources, le concept d’économie circulaire a été forgée au mitan des années 2000 : il s’agit de créer un nouveau modèle économique où la réutilisation, la réparation, le rétrofit ou le recyclage prennent le relais de l’extraction de nouvelles matières premières. Emmanuelle Ledoux, Directrice générale de l’Institut National de l’Économie Circulaire (INEC), explique comment s’y prendre pour impulser une dynamique tournée vers l’économie circulaire.

À RETENIR

  • L’Institut National de l’Économie Circulaire (INEC) est un think tank qui vise à promouvoir l’économie circulaire, rassemblant entreprises, associations et collectivités territoriales pour échanger et mener des travaux sur ce thème.
  • L’INEC participe à des projets tels que le programme européen Life WASTE2BUILD avec Toulouse Métropole, visant à intégrer des matériaux de seconde vie dans la construction pour réduire les déchets.
  • Un levier pour favoriser l’économie circulaire est l’insertion de clauses vertes dans les marchés publics, permettant une traduction concrète de l’économie circulaire en actes et reflétant un engagement politique local.
  • Les principales limites à la mise en place de l’économie circulaire incluent des défis économiques, juridiques et comportementaux, ainsi qu’une tendance à se concentrer sur des ressources visibles plutôt que sur des actions ayant un impact significatif.

Qu’est-ce que l’Institut National de l’Économie Circulaire ?

Emmanuelle Ledoux : Nous sommes un think tank qui rassemble des entreprises, des associations et des collectivités territoriales. Notre but est de pousser l’économie circulaire partout où cela s’avère possible. L’INEC est un lieu d’échanges, particulièrement entre collectivités et entreprises, au travers des travaux que nous menons. Nous apportons également un éclairage juridique aux collectivités sur le sujet de l’économie circulaire. Nous avons par exemple signé en février 2024 une convention de partenariat avec France Urbaine qui nous permet de sensibiliser les élus et techniciens de l’association, de renforcer la place de l’économie circulaire dans les stratégies territoriales des métropoles, de développer l’économie circulaire dans la commande publique et d’élaborer un plaidoyer national et européen en faveur de l’économie circulaire.

Comment favoriser l’économie circulaire sur un territoire donné ?

Emmanuelle Ledoux :  L’idée c’est de considérer un territoire et une politique publique, de prendre la chaîne de valeur qui y est liée est de voir comment, à chaque étape, il est possible de mieux utiliser ou réutiliser la ressource. Nous menons par exemple un projet sur les déchets issus du secteur du bâtiment avec Toulouse Métropole et le Centre scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB), où nous intervenons dans le cadre du programme européen Life WASTE2BUILD. Ce projet consiste à orienter la commande publique pour développer l’emploi de matériaux de seconde vie dans la construction, la rénovation ou l’aménagement. Le but est, à terme, de réduire significativement les déchets de construction au sein de la métropole toulousaine.

Une autre méthode peut être de partir d’un objet plutôt que d’un territoire. En 2021, nous avons développé le programme « École Circulaire », qui consiste à porter une vision à 360° sur une école et à voir où il est possible d’accélérer le recours à l’économie circulaire. Le guide contient des exemples pour chaque dimension relative au fonctionnement d’une école. Cela concerne la construction avec, par exemple, une école construite en matériaux recyclables dans le Morbihan. Mais on y trouve également des exemples concrets sur l’énergie, la réutilisation d’eaux grises, les aménagements extérieurs ou même les fournitures utilisées en salles de classe.


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Quel levier peut être actionné par une collectivité pour favoriser l’économie circulaire ?

Emmanuelle Ledoux : Les clauses vertes dans les marchés publics sont efficaces. Il s’agit de clauses à insérer directement dans les documents d’appels d’offres, qui permettent de sortir de façon sécurisée de ses habitudes dans les marchés publics. Ces clauses vertes réduisent l’incertitude et offrent une traduction concrète de l’économie circulaire en actes. Elles traduisent souvent un véritable portage politique de ces thématiques au niveau local.

Quelles sont les limites les plus fréquentes à la mise en place de dispositifs liés à l’économie circulaire ?

Emmanuelle Ledoux : Nous avons beaucoup d’expérimentations, sur différents territoires et différentes thématiques, mais assez peu de passages à l’échelle. Les dispositifs relatifs à l’économie circulaire ont du mal à être généralisés. Il y a souvent un ou deux projets emblématiques, par exemple dans la construction, et le reste du temps on fait comme d’habitude. Nous avons en outre identifié plusieurs irritants. Le premier est économique : les matériaux de réemploi peuvent par exemple être plus onéreux que les matériaux neufs. La dimension juridique peut également être un frein : dans le bâtiment, encore une fois, il peut être difficile d’assurer un matériau de seconde main, même si cela est possible. Il y a enfin une dimension comportementale : il est plus difficile d’accepter d’installer des toilettes issues du réemploi, alors que c’est le même matériel. Pour conclure, je dirais que les acteurs se focalisent également sur les ressources les plus visibles et les plus emblématiques, mais beaucoup moins sur celles qui sont moins visibles. Alors qu’il est important de faire porter nos efforts, non pas là où ça se voit le plus, mais là où notre action aura le plus de poids.

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