Il réduit les délais et les coûts, améliore les conditions de travail des professionnels du bâtiment et contribue à la décarbonation du secteur. Adieu le « préfabriqué », voici le hors-site, un mode constructif qui coche toutes les cases de l’immobilier durable, à condition de soigner le sourcing des matériaux et la qualité architecturale des produits.
Publié le 11.04.24 - Temps de lecture : 4 minutes

Le hors-site, une renaissance durable

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À RETENIR

  • Le hors-site, évoluant du concept de préfabrication, présente des avantages majeurs comme la réduction des délais et des coûts de construction, l’amélioration des conditions de travail et contribue significativement à la décarbonation du secteur de la construction.
  • Ce mode constructif, utilisant principalement des matériaux durables comme le bois et des matériaux bio ou géo-sourcés, gagne en popularité en France, notamment en Île-de-France et dans les Hauts de France où des engagements forts sont pris pour développer la construction hors-site.
  • Malgré l’industrialisation, une attention particulière est portée à éviter l’uniformisation esthétique des constructions hors-site, soulignant l’importance de la collaboration entre architectes, industriels et autres acteurs du projet pour maintenir la diversité architecturale.
  • Nexity, en partenariat avec Top Hat, illustre l’engagement envers le hors-site en France, notamment avec le projet de l’écoquartier de la Cartoucherie à Toulouse prévoyant la construction de plus de 700 logements neufs fabriqués hors site, soulignant le potentiel significatif de cette approche pour transformer le secteur de la construction.

Il réduit les délais et les coûts, améliore les conditions de travail des professionnels du bâtiment et contribue à la décarbonation du secteur. Adieu le « préfabriqué », voici le hors-site, un mode constructif qui coche toutes les cases de l’immobilier durable, à condition de soigner le sourcing des matériaux et la qualité architecturale des produits.

Préfabriquer des éléments en usine, voire des modules complets, puis les transporter sur site pour les assembler est loin d’être une nouveauté, mais la construction hors-site suscite aujourd’hui un vrai regain d’intérêt sur un marché français de la construction où le béton coulé règne depuis des décennies. Longtemps cantonné aux hébergements d’urgence, le « hors-site » est-il en passe de devenir un mode constructif comme un autre ?

Plus rapide, moins cher et surtout, décarboné

Il est vrai que le secteur a fait sa mue, loin des préfabriqués ‘basiques’ de l’après-guerre. Et qu’il a pour lui de sérieux atouts. Les délais de chantier, d’abord : il faut moins d’un an pour livrer et assembler une maison individuelle contre 18 mois au moins en construction traditionnelle. L’industrialisation du procédé permet aussi de réduire les coûts et de limiter l’intervention de sous-traitants puisque l’isolation, les enduits, la peinture, voire l’équipement électrique sont réalisés en usine. En déplaçant un certain nombre de tâches du chantier vers l’usine, elle offre aussi de meilleures conditions de travail, à l’abri des intempéries, un atout de poids dans un secteur qui peine de plus en plus à recruter.

Enfin et surtout, le hors-site participe à la décarbonation du bâtiment puisque la plupart des industriels du secteur utilisent du bois et des matériaux bio ou géo-sourcés. Un peu partout en France, ce dernier argument séduit les acteurs de l’immobilier, en quête de pistes efficaces pour accélérer la décarbonation de leur métier.  En Île-de-France, un collectif de maîtres d’ouvrage, bailleurs sociaux, promoteurs et collectivités, a adopté en octobre 2023 une charte pour le développement de la construction hors-site, et se sont engagés à construire au moins 50% de leurs programmes neufs en hors-site dans le Grand Paris d’ici 2031. Dans les Hauts de France, la Région, l’ADEME, le CD2E et ses partenaires ont été pionniers dans la structuration d’une filière hors-site et comptent s’appuyer sur ce mode constructif pour répondre aux défis économiques, environnementaux et sociaux de la rénovation.


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Industriel mais pas uniforme

Mais à quoi ressemblent réellement ces bâtiments sortis d’usine ? Nombre de fabricants font du modulaire mixte 2D et 3D : préfabriqués en 2D en atelier, des murs ossature bois ou des planchers sont assemblés sur site puis des modules complets en 3D sont déposés par grutage dans cette « coquille » vide. Ces modules tridimensionnels, chambre, salle de bains ou local technique ‘prêt à l’emploi’ peuvent arriver sur le chantier entièrement équipés avec les réseaux, les finitions intérieures et les menuiseries.

Le risque ? Aboutir à des projets ‘industriels’, génériques sur le plan esthétique. Pour éviter cette uniformisation, l’Institut Paris région souligne dans une note de Février 2024 consacrée au hors-site que la « collaboration entre la maîtrise d’œuvre (architecte, bureaux d’études et partenaires), l’industriel, l’entrepreneur et la maîtrise d’ouvrage est indispensable pour éviter l’écueil de la standardisation dans nos paysages architecturaux ».

Une filière à structurer

La structuration de la filière est également indispensable car pour être vertueux, le hors-site doit s’inscrire dans un maillage local qui permet d’éviter des temps de transports trop élevés entre sites industriels et sites d’installation des constructions modulaires. En outre, pour être adopté à grande échelle et séduire particuliers, collectivités et entreprises, le hors-site va devoir s’adapter pour se mettre au service de la créativité des architectes et des maîtres d’œuvre et d’une large palette de bâtiments.

Il a déjà commencé à le faire puisqu’on fabrique aujourd’hui hors site aussi bien des maisons individuelles que des immeubles de bureaux, des hôtels, des écoles ou des crèches. La France compte d’ores et déjà plus d’une trentaine de bâtiments modulaires scolaires (lycées et collèges), mais reste bien loin du Royaume-Uni qui construit une école sur 3 en modulaire. Dans le secteur du logement, les exemples sont nombreux aux Pays-Bas, en Angleterre, aux Japon et dans les pays nordiques. En France, la démarche pourrait notamment s’appliquer à la reconversion des zones commerciales, des entrées de ville et des territoires d’industrialisation. Au-delà de ses caractéristiques bas carbone, la rapidité de mise en œuvre et l’impact réduit du chantier par rapport à un projet classique constituent deux points forts de la construction hors-site, particulièrement précieux dans ces zones de forte activité.

Aujourd’hui, ce mode constructif représente 1% du secteur de la construction dans l’Hexagone et 1 milliard d’euros sur les 293 milliards de chiffre d’affaires de ce secteur mais son potentiel de progression semble considérable. Atteindra-t-il les 2,8 milliards d’euros en 2030 comme le prévoit le rapport publié par McKinsey en 2020, « Next Normal in Construction » ?

Nexity accélère

Nexity, qui a annoncé en juin 2023 un partenariat avec Top Hat, spécialiste britannique du modulaire, pour accélérer le hors-site en France, a mis ce mode constructif au cœur de sa réponse à la consultation pour l’écoquartier de la Cartoucherie, à Toulouse.

Nexity fait partie du groupement désigné début mars 2024 lauréat de cette consultation, aux côtés notamment de Ga Smart Building, pionnier du hors-site dans l’hexagone. Le projet retenu prévoit, à proximité d’un grand équipement public, la construction de plus de 700 logements neufs fabriqués hors site. C’est la première fois en France qu’un tel volume de logements sera pensé dès la conception pour être produit en usine à partir de matériaux sourcés localement et de bois français.

« Nous avons l’ambition de généraliser ce mode constructif sur toute l’opération ce qui devrait permettre de réduire le temps de chantier de 30 à 50 %, estime Adrien Lambert (architecte urbaniste cofondateur de l’agence Lambert Lénack et coordinateur du projet), avec, pour chaque programme, des structures poteaux poutre porteurs en béton bas carbone, des façades en ossature bois recouvertes d’enduit à la chaux de terre cuite, de béton mince et des salles de bains préfabriquées. »

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